Bonjour à tous et à toutes, oui je dis bonjour à tous car j'espère aussi rencontrer des papas sur ce forum car je pense que les mamanges ne sont pas seules concernés dans la perte d'un bébé.
Je trouve qu'avoir fait ce forum est une bonne initiative car même si mon fils Matthew aurait dut avoir 6 ans ces jours-ci, pour moi le mois de novembre (La Toussaint surtout) est un cap toujours difficile à passer et l'anniversaire de sa mort aussi.
Donc voilà je me présente : Je me présente je m'appelle Andie j'ai 40 ans je suis mariée à Serge qui en a 50 ans et donc ensemble nous sommes parents d'un petit garçon 10 ans qui s'appelle Christopher (disons qu'il va les avoir en décembre), d'une petite fille de 4 ans qui s'appelle Sandra (elle va les avoir en janvier prochain) - Et nous sommes parents de Matthew que nous avons perdu le 22 août 2004 à 6 mois de grossesse...
Et donc voici notre histoire, notre fille Sandra n'était évidemment pas de ce monde et je ne vous cache pas que celà fut très dur car psychologiquement je n'avais pas le déclic pour faire cet autre enfant mais je l'ai eu après grâce à l'ingéniosité de mon mari mais ça je vous le raconterai après car notre fils aîné lui est né donc en décembre 2001 - notre 2ème fils né sans vie lui est né en août 2004 alors que j'aurai accouché normalement en novembre de cette année là mais j'ai subi une interruption médicale de grossesse - Et notre fille est née elle en janvier 2008
Donc voilà ce qui est arrivé : Mon petit Matthew a été conçu en février 2004, je n'avais pas très bien perçu ma grossesse car moins significative (nausées, douleurs dans la poitrine, fatigue…) par rapport à ma 1ère grossesse. C’est en faisant un test de grossesse de laboratoire que j’ai su que j’étais enceinte, à 8 semaines de grossesse. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas accueilli cela comme une bonne nouvelle, j'avais déjà comme un mauvais pressentiment…
Au 4ème mois de grossesse, un gros nuage gris venait obscurcir nos vies… La gynécologue avait décelé un pied anormal par échographie. Elle me donna le nom d’un médecin de la Clinique où je devais accouché et m’annonça que c’était une urgence car elle avait cru apercevoir un pied anormal. Ma gynécologue m’avait fait savoir qu’en clinique leurs appareils sont beaucoup plus performants en milieu hospitalier (car images en 3 D) et que nous, ses parents en saurions davantage. En sortant du cabinet de ma gynéco, je me sentais terrifiée et meurtrie. A l’intérieur dans ma voiture, je m’étais mise à pleurer. Malheureusement quelques jours plus tard, le médecin obstétricien me confirma que Matthew avait bien un pied fendu et qu’il voulait examiner l’autre mais qu’il ne voyait pas grand-chose étant donné que mon enfant bougeait beaucoup. C’est alors qu’il me proposa de passer une amniocentèse... Ces foutus résultats nous sont parvenus 3 semaines après , en fait la clinique nous a appelé pour dire qu’il fallait que l'on se déplace. Le verdict tomba : translocation 7/18 et l’amniocentèse me révéla le sexe de mon bébé, un petit garçon. Un autre rendez-vous avait été pris avec cette fois un généticien. Il nous expliqua ce qui se passe avec les chromosomes de Matthew parce que le chromosome 7 est allé sur le chromosome 18 et vice-versa et que cela a créé des cassures dans ces deux paires chromosomiques transloqués. Ce généticien nous demanda de réaliser un caryotype pour vérifier que l’un de nous parents de Matthew n’était pas porteur de ce problème chromosomique. On a eu les résultats quelques jours après, et cela s'est avéré que ce n'était pas génétique, mais accidentel. Puis ne voulant pas envisager le pire, nous avons laisser travailler les spécialistes sur le cas de notre 2ème petit bonhomme que nous avions décidé d'appeler Matthew. On a donc espéré pendant 2 mois, ce fut long et pénible, mais il était hors de question de condamner notre tout petit car tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir ! Les cytogénéticiens s'étaient ensuite penchés en profondeur pour étudier de plus près le caryotype de Matthew et même ils avaient fait une échographie concernant la neurologie de notre bébé.
Mais la dernière échographie donc celle du 13 août ne présumait plus rien de bon. Elle montrait bien des anomalies physiques tant aux niveaux des pieds que d’une main (il lui manquait un doigt à une main). Et les médecins nous avaient dit que s'il trouvait une autre malformation ailleurs qu'aux pieds, alors Matthew était atteint au niveau mental, là je me suis effrondrée de douleur, je ne pouvais pas croire à cela... Ils avaient fait des recherches sur les chromosomes qui étaient "brisés" chez Matthew et donc ils ont trouvé des similitudes avec d'autres enfants qui étaient atteints mentalement parlant. Du coup dans le bureau du généticien, il n’était plus question de date présumé d’accouchement (date d’accouchement normale prévu pour fin novembre 2004) mais de date d’interruption de grossesse… Soit le garder tout en sachant que mon bébé était atteint d’une grave maladie mentale . Il fallait me préparer déjà psychologiquement à cette éventualité, cette voix mortelle pour mon bébé d'amour. Pendant notre prise de conscience et de réflexion soit pendant une semaine, les spécialistes de la maternité donnent ou non leur accord pour une IMG car cela se passe dans un centre anténatal avec différents spécialistes (médecins obstétriciens, généticiens...), cela ne se passe pas comme ça. Il faut l'accord des médecins et bien sûr l'accord des parents pour l'interruption d'une grossesse, et surtout l'autorisation en revient surtout à la maman... Ce fut le choix le plus douloureux qui m'ait été demandé...
C’est avec un profond regret que j’étais rentrée en maternité en ce jour du 20 août 2004 pour interrompre ma grossesse.Lors de mon rentrée en maternité, je devrais absorber des médicaments en 2 reprises (en 2 soirs d’intervalles) pour arrêter le cœur de mon petit Matthew, soit le 1er soir qui était le vendredi 20 août 2004. Ensuite, un autre cachet le lendemain. J’avais profité tant que j’ai pu des derniers instants avec mon bébé en caressant tendrement mon ventre, il était encore vivace et me répondait en me donnant des coups. Plus il donnait des coups et plus je caressais mon ventre, c’était pour qu’il sente tout l’amour que j’avais pour lui. Cette nuit du 21 au 22 août 2004 fut la plus horrible de toute mon existence, j’avais bien senti que Matthew se mourrait dans mon ventre… Passer toute une nuit entière en maternité en sachant que son bébé ne naîtrait pas vivant avait été une épreuve que je ne souhaite absolument à personne !
Puis vers 10 heures en ce 22 août 2004, une sage-femme arriva dans ma chambre (toujours en maternité avec un gel dans le vagin pour avoir des contractions. La sage-femme essayait de m’apaiser tout en sachant la tragédie que je vivais et que même si c’était le cas d’une IMG, j’avais été obligée de souffler à cause des fortes contractions comme pour une naissance ordinaire mais ce n’était pas une naissance ordinaire ! Un peu après midi, Matthew était arrivé, je voulais le voir et il était si beau (malgré ses malformations physiques à une main et à ses pieds). Il ressemblait tant à son grand frère aîné, c'est cela qui m'a été le plus douloureux. Mais pour en faire le deuil, c'est ce qu'il fallait et je le voulais de toute façon. L'équipe médicale a pris une photo de Matthew, son papa aussi en a pris plusieurs car il a été présent lors de cet accouchement absurde et de la naissance sans vie de notre petit garçon.
En fin d’après-midi, on m’avait enfin changé de service et j’avais pu aller en gynécologie. Loin de toute cette agitation heureuse de cette maternité. Le prêtre que je connais bien était déjà présent, j’ai sonné pour que l’on me ramène Matthew. Et là, dans la plus stricte intimité, nous avions organisé une célébration religieuse à l'intention de notre fils. Il était là lové dans mes bras pendant que Jean-Claude citait des prières pour notre petit ange. A la fin de la cérémonie, mon mari avait fini par craquer et avait pleuré dans mes bras, enfin je devrais dire dans nos bras car je tenais notre bébé mort-né dans mes bras. De plus nous avons graver son "existence" dans notre livret de famille. C'est son papa qui en a fait la démarche à la mairie de la commune où j'ai accouché. Aujourd'hui nous ne sommes pas parents que d'un seul enfant mais de deux, car Matthew est notre fils même défunt, il l'est et le restera...
Voilà l'histoire de notre 2ème enfant, Matthew. Sa vie sur cette terre aura été si courte. Il n’a pas vu le jour mais il a existé dans mon ventre. Je le sentais vivre et bouger, je l’ai fait sentir jusqu’au bout à quel point je l'aimais… Et comme dit si bien Francis Cabrel dans l’une de ses chansons « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai… » Et moi c’est ce que je ressens pour mon bébé, et ce jusqu’à la fin de ma vie sur cette terre et bien au-delà encore, ton papa aussi m'a dit qu'il pense très fort à toi et que nous tes parents nous te t'oublierons jamais !...
Désolée pour ce long témoignage mais merci de m'avoir lue jusqu'au bout, bisous à tous et à toutes, bien affectueusement