le 13 mai... fête des mères... date du décès de bébé

La fête des mères, quand notre enfant est décédé…

La fête des mères, quand c’est la même date où notre enfant est décédé… le 13 mai…



Le 13 mai 2012. Il y a deux ans, à cette même date, un jeudi, bébé Florent se laissait bercer aux doux ronrons de ces 2 chats, dans la bedaine de sa maman… jusqu’à ce que je me rendre à l’hôpital, vers 18h, pour quelque chose qui devait être de la « routine » et que je finisse par entendre le médecin dire: « Le cœur de votre bébé ne bat plus. »

Et puis après, plus rien. Le CHOC TOTAL.



Une date, deux événements. La fête des mères. Le décès de mon fils. On m’a déjà dit de ne pas accorder de l’importance aux dates, « parce c’est juste une date »-en parlant de la fête des mères. Peut-être. La fête des mères, des pères, la St-Valentin, Noël, ce sont des fêtes commerciales dans l’fond! Pourtant, j’ai souvent dit : « ben, ça permet peut-être aux gens qui n’accordent jamais d’importance particulière aux gens qui les entourent, d’y penser cette journée là, un « genre » de p’tit rappel! »



Mais la fête des mères, c’est autre chose pour moi. C’est significatif. Lors de ma première fête des mères, j’étais enceinte de bébé Florent. « On soulignes-tu la fête des mères quand une femme est enceinte (voire juste enceinte!)? » OUIiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!!!!! J’étais une maman, je suis toujours une maman. Depuis toujours, j’ai toujours voulu avoir des enfants, 4, 5… avoir une famille. En fait, j’pense qu’après le CEGEP, je me sentais déjà prête! Mais la vie a vite fait de mettre autre chose devant moi! La maladie, la dépression, les dépressions. C’était d’abord important que je sois bien avant d’accompagner un petit être… Et il y a eu un amoureux, pendant plusieurs années, mais mon désir de fonder une famille n’était pas toujours le sien… des fois oui, des fois non, des peut-être… malgré tout l’amour éprouvé, mon désir d’enfants, de famille était trop important pour que je reste dans cette relation.



Et il y a eu « cet » amoureux, qui lui, partageait ce projet… On était bien. J’étais en santé! On en parlait, ça se concrétisait… Jusqu’à ce que je sois à nouveau sur le carreau… d’aplomb! L’enfer. Incapacité. Majeure. La vie venait à nouveau de me jeter à terre, et pour longtemps… Il n’était pas du tout question d'avoir un enfant dans ces conditions; comment aurais-je pu accompagner un enfant, quand j’arrivais mal à m’accompagner moi-même! Désespoir. Jamais je n’aurais d’enfant. Jamais. Le temps continuait de passé, même si j’avais l’impression que moi, je stagnais… Je vieillissais… Après quelques années, j'ai réussi à me relever… petits pas à petits pas… enfin. Mon amoureux a toujours été là. Toujours. Ce rêve de famille, d’enfants, c'est ça qui me tenait, devenir maman, fonder une famille, il ne me lâchait pas… Un but, mon projet de vie, notre projet de vie.



Et c’est arrivé… une petite graine de vie, d’énergie grandissait en moi, partageait mon espace… Sentiment de plénitude… Exaltation… comme une respiration au fond de moi… un petit être grandissait au creux de mon ventre… Je l’accompagnais dans son grand voyage et lui aussi, il m’accompagnait dans ce que je devenais de plus en plus chaque jour, une maman…

Je n’oublierai jamais tous ces moments; même si ma tête les oubliait, mon corps en est imprégné, les battements de mon cœur en sont accompagnés…



Alors oui, pour tous ces moments et plus encore, la fête des mères c’est important pour moi. La maman de Florent. Cet enfant que j’ai rencontré après toutes ces années, cet enfant qui a vécu 32 semaines dans ma belle bedaine de femme enceinte! Et je suis toujours la mère de Florent. Ce p’tit loup d’amour, ce petit ange aux ailes de papillons bleus! Il est là. Il est toujours là. Je le sais, je le sens. Maintenant, c’est lui qui m’accompagne, me guide, me souffle ses petits mots d’amour à mon oreille…



Ma réalité n’est plus la même. Je ne suis plus la même. Les rêves, les projets, tout a été chaviré, bousculé… Une tempête terrible s’est abattu sur moi… sur notre couple, ma famille, les amitiés non plus n’ont pas été épargnées… mais pas à pas, de très petits à un peu plus grands… j’avance... je recule, mais je continue…



Mon fils ne se jettera jamais dans mes bras pour me dire : « JE T’AIME MAMAN! »… mais il est là…



Oui, j’ai besoin d’accorder un temps à la fête des mères, un temps pour moi, la maman. J’ai aussi besoin de prendre un moment pour mon fils, pour l’honorer, pour honorer la vie qu’il a vécu, beaucoup trop courte, mais il a été là 32 merveilleuses semaines! Parce que le 13 mai 2010, il était bien vivant avant de s’endormir profondément à l’intérieur de moi. Parce qu’il y toujours cette foutue dualité entre la vie et la mort… que là, c’est la mort qui a gagné… mais que si je ne m’attarde qu’à la mort, je meurs aussi. Parce que c’est insupportable la mort de son enfant. C’est invivable. Incompréhensible. Absurde. Cruelle. C’est la souffrance en son plus haut point, à vouloir s’ouvrir le corps tellement ça fait mal, que ça saigne en d’dans…



Alors, j’pense que finalement, ce que je ferai en cette journée du 13 mai 2012, c’est que je me donnerai un temps pour vivre chaque événement, même s’ils sont inévitablement liés. Un temps pour Julie, la femme, Julie la mère. Je prendrai le temps de coudre, de terminer ma belle tite robe, pour me faire plaisir. Un temps pour Florent le bébé dans mon ventre, Florent le bébé décédé, Florent, le p’tit ange qui m’accompagne. Je continuerai d’aménager son p’tit coin sur le terrain (on a planté 2 arbres pour Florent, et cette année, on en choisira un autre. On vient tout juste d’installer le superbe banc de parc que j’ai finalement trouvé(!)… avec des ailes de papillon comme dossier…). Mettre d’autres fleurs, en faire un beau jardin… « Le jardin de Florent » que j’ai écrit sur une petite plaque de bois avec un tit bonhomme en bottes de pluie jaunes! Que j’ai peins avec de la peinture à vitrail… Et si c’est possible, j’aimerais que nos proches nous accompagnent dans notre jardinage… pour que la vie reprenne sa place…



J’enjoliverai aussi son papillon que la pluie à endommagé, que j’avais installé au cimetière…



Tout ça, pour moi, parce que j'aime ça, que ça me calme et que ça me fait plaisir. Pour lui, parce qu’à travers tout ça, j’ai l’impression de prendre un peu soin de lui, qu’avec ses arbres, les plantes, je m’occupe de la vie… et que je le sens encore plus près de moi…



Et je me sens mieux.



Et ce que j’aimerais aussi, c’est pouvoir rencontrer d’autres mamans, qui comme moi, ont vécu ce terrible drame. Juste pour jaser. Pour partager. Parce que moi aussi, j’en ai besoin. Parce que ce n’est pas parce que j’ai organisé la fête des anges avec les 2 mamans et tous les bénévoles, que je suis forte. Plus forte. Non. J’ai juste essayé de faire quelque chose qui faisait du sens, qui pouvait aider… qui m’aiderait à vivre minute par minute, qui me garderait en vie… Pis en même temps… c’est vrai, j’suis peut-être forte… au même titre que tous les parents qui vivent le deuil de leur enfant. Au même titre que tous les gens qui vivent un drame. Pas plus. Pas moins.

« On fait ce qu’on peut… avec ce qu’on a… »



Bonne fête des mères à toutes les mamans!



la maman de Florent



Une pensée toute spéciale à Sonia, ses filles, sa famille… à toi Dan qui aimait tant donner des grosses cuillères de crème fouettée aux enfants…!

C'est très beau ce que tu as écrit.
Tu es une maman courageuse.
Je ne sais pas pourquoi parfois la vie s'acharne à nous envoyer des épreuves. Certains ont le bonheur de passer à travers elle, heureux et insouciants, à faire des drames des petits problèmes de la vie, alors que d'autres doivent gérer deuil et perte et apprennent, bien malgré eux, à quel point cette vie qui nous est donnée est fragile. Fragile car elle peut disparaître bien vite, fragile car elle peut devenir affreusement difficile par moments.
Je t'embrasse, douces pensées à ton petit Florent pour ses deux ans de bébé papillon.

Très beau texte....

Très jolie texte, Julie. Ton beau Florent doit être bien fier de toi. Tu fais bien de t'accorder ces moments. Je m'en permets également de plus en plus. J'ai aussi deux arbres pour Gabriel. Un prunier que j'ai planté pour lui peu après son départ, au pied duquel, j'ai mis mes souvenirs de lui, est aujourd'hui en fleurs pour la première fois. J'ai aussi reçu il y a une semaine, un lilas à la cérémonie des anges. Je pense faire des plate-bande autour de mes arbres et comme toi, y mettre une petite plaque, un quelque chose qui le nomme.

Bon deux ans d'ange à ton petit amour, de jolis bisous volants jusqu'à lui.

Très beau texte julie ...

Comment ne pas accorder d'importance aux dates , alors que ce ne sont qu'à elles que l'on pensent ? ( du moin , pour ma part) ...

Aujourdhui 13 mai : fêtes des mères , ma première depuis que ma fille Florence fait partie de ma vie.

Demain , 14 mai : 4 mois qu'elle s'est envollée.

Mardi , 15 mai : Ma date prévu d'accouchement , date qu'elle devait naitre pour ensuite revenir ici , comme la pluspart des bébés.

Pour moi , les dates c'est tout. Peut-être parce que c'est la premiere année de mon deuil ?

Moi aussi je prends plus de temps pour moi depuis qu'elle est devenu un ange et dans certains moments je me fou completement des autres tandis que dans d'autres comme aujourdhui , j'ai de la peine que personne ne m'appelle pour me souhaiter bonne fête des mères.

Le décès de nos enfants est la pire chose que l'on puissent vivre, mais nous sommes des mamans , et des mamans ca surmonte l'insurmontable !

Bisous volant pour Florent qui fête ses 2 ans là-haut ♥ ♥ ♥

Ton récit est très émouvant. Ton petit papillon t'accompagne à sa façon tous les jours, tu es sa maman et c'est bien normal de se sentir encore un peu plus malheureuse et frustrée ce jour de fête des mères...Pour nous en france, c'est le 03 juin, je crois.

je disais moi-aussi que les dates ne sont pas importantes...mais en théorie, elles ne le sont pas, en pratique, quand il nous arrive un tel malheur nous ne pouvons ne pas y penser...elles ne peuvent que nous agresser et nous revoyer à notre si grand malheur que nous apprenons tant bien que mal à cotoyer.

Plein de pensées pour ton petit papillon Florent, plein de courage.

Ça fait du bien de vous lire... de me sentir moins seule...

Ma journée ne s'est pas vraiment passée comme je l'aurais aimée. De toute façon, la vie m'a apppris qu'on ne contrôle rien! J,ai quand même eu de petits moments plus doux... moi avec moi, moi avec mon ptit loup...

Mais ce que je souhaitais le plus, c'était de parler de mon fils avec mes proches, me rappeller le peu de souvenirs que nous avons de lui...mais ça, c'est raté! On n'en parle pas.

Je sais que certaines personnes sont là, mais pas un mot sur mon ptit loup... Ce silence me tue.

J'ai regardé mon album de grossesse, lu ce que j'avais écrit, sentir à nouveau cette magie...

J'ai regardé l'album de son décès, à l'hopital, la cérémonie que j'avais organisée, son petit arbre, ses fleurs, son ballon sourire de son "un an"...

Bébé Florent d'amour!

Et je me suis couchée, vers 20h, pris un calmant pour être certaine de dormir, pour me mettre à off, que le temps passe et que je ne m'en rendre pas trop compte... C'est poche, mais c'est ça.

Et là, il est 6h30, je suis réveillée... et je viens vous lire, parce que vous m'apportez du réconfort et qu'avec vous, la solitude se pousse un peu...

J'ai une amie qui m'a laissé un message... les autres? Y en a-t-il vraiment d'autres???

C'est fou comme cette incompréhension de l'attitude des gens face à la mort prend plein de place, qu'elle me blesse et m'enrage à la fois...

Merci à vous toutes belles mamans!

Une autre journée m'attend! Le 14 mai, la seule où j'ai eu mon fils dans les bras, contre moi...

Si on pouvait revenir en arrière et changer les choses...

Maman loup

xx

Nous sommes le 14 mai...je pense que cette journée a été très dure pour toi...alors je t'envoie de ocux baisers pour ton papillon...

maman loup...courage