Si je suis là c’est parce que j’ai vécu l’invivable. Il y a 4 ans et ce terrible drame m’affecte encore.
Ma petite Yonna est née le mercredi 13 janvier 2010 à 17h25 elle pesait 2k240. Malgré un suivi régulier le médecin qui me suivait n’a pas été honnête car ma fille présentait quelques anomalies. Celles-ci prises une à une ne représentaient pas de caractère de gravité mettant en jeu le pronostic vital. En fait c’est ce qu’il me disait.
Je ne veux pas entrer trop dans le détail car mon histoire est longue et compliquée. Nous voilà le jour de l’accouchement, au prise face à ses fameuses contractions le personnel de l’hôpital me prend en charge. Après 10 heures de travail, ma fille arrive inanimée je regarde le gynécologue qui ordonne vite de m’endormir et de confier ma fille au pédiatre alors présent. Je me suis réveillée cherchant ma fille, là, la sage-femme me tend une photo de Yonna intubée et ventilée. Je regarde tour à tour la photo et la sage-femme. Je suis perdue et je ne comprends pas. Je suis sidérée.
On me fait alors comprendre que ma fille ne restera pas et que c’est une question de jours. Transférée dans un autre centre hospitalier, yonna est emmenée loin de moi. C’est terrible, je sors contre avis médical pour la rejoindre. Là on m’explique et je réalise que ma fille ira prochainement rejoindre les anges. Je ne veux pas y croire mais les choses sont claires et évidentes nous sommes vendredi. On m’annonce de but en blanc qu’il faudra penser à débrancher ma fille du respirateur. Une loi en France (la loi Léonetti) stipule qu’en cas de certitude que le patient n’a pas d’autre issue que de mourir les médecins peuvent alors décidés d’arrêter tous soins invasifs. Le médecin nous dit qu’il nous laissera libre de choisir le jour où nous voudrons débranche notre fille. Je vous laisse imaginé la douleur surtout je ne voulais pas la débrancher. Je refuse de croire à tous leurs simagrées, ma fille est vivante. Au fil des jours je me rends compte de l’état de ma fille mais je n’avais pas la force de prendre cette terrible décision. Nous organisons la venue de nos 4 autres enfants alors âgés de 9, 7, 5 et 3 ans pour qu’ils puissent voir leur sœur vivante. Ce moment-là est poignant mais j’essaye de rester digne.
Alors le matin de la mort de Yonna, je lui ai parlé : « Je t’aime ma fille et tu es la bienvenue. J’aurai tant aimé te voir grandir mais malheureusement la vie en a décidé autrement. Tu sais, tu ne pourras jamais respirer seule. Même si maman aura beaucoup de peine quand tu ne seras plus là et si tu es prête, je te donne l’autorisation de partir. Je t’aime ».
Le soir on me l’a met dans mes bras toujours brancher au respirateur. Je la regarde et l’alarme du respirateur se met à tinter comme il l’avait fait tant de fois. Une infirmière vient voir puis le médecin qui me dit « c’est la fin elle part. Dites-lui au revoir ». Yonna s’est éteinte le 19 janvier à 23h25 dans mes bras.
A l'heure où je parle je suis suivie pour dépression malgré des moments d'accalmies, je pleure encore. Il est vrai que le deuil périnatal est un deuil particulier. Empreint de projets muris et réfléchis pendant toute la grossesse, ces projets sont ensevelis avec nos anges. Laissant ainsi une impression terrible de devoir faire le deuil d'une partie de notre avenir ici bas.
Avec toute mon amitié
Fatiha