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 Une longue lettre à mon fils

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Tziganita




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MessageSujet: Une longue lettre à mon fils   Une longue lettre à mon fils Icon_minitimeSam 31 Mar - 10:26

Bonjour, 
Cela fait longtemps que je viens régulièrement lire les messages sur ce forum pour y trouver du réconfort et un écho à ma propre douleur, la douleur d'une maman à qui manque tant son petit ange. Mais jamais je n'avais osé sauter moi-même le pas, jamais je n'avais osé participer à mon tour. Pourtant j'écrivais de nombreux textes qui s'adressaient à mon bébé décédé in-utero, pour parvenir à vivre avec, et sans lui en même temps.
L'an passé est arrivé "l'anniversaire" des 10 ans sans lui et tous ces textes, il m'a semblé tout à coup essentiel de les lier ensemble et d'en faire un petit quelque chose qui pourrait porter la trace de son existence. Nous n'avions pas souhaité de funérailles au moment de la perte, mais un endroit, un lieu, une date de commémoration nous manquent cruellement. Alors c'est un peu une façon de lui laisser un espace à lui dans nos vies que ce long texte et ce partage aujourd'hui sur le forum. 
Merci à chacun et à chacune pour les messages postés et les larmes qu'ils m'ont permis de laisser couler, en espérant que mes propres mots pourront peut-être résonner en vous.



Extrait
"Ce jour devait être le plus beau de notre vie, celui où je m'apprêtais à te donner la vie, à te mettre au monde. Au lieu de cela, je t'ai donné la mort. Comment le dire autrement ? Je ne t'ai pas tué, mais tu es né mort : mort-né, pas vraiment, enfant né sans vie disent les papiers officiels. Comment peut-on naître sans vie ? Cela n'est-il pas paradoxal ? La naissance devient alors synonyme de ce qui se trouve normalement à l'autre extrême de la vie, la mort. Et encore, tu es mort avant même d'être né, puisque c'est dans mon ventre que tu as cessé de vivre : pendant huit mois, j'ai porté la vie avant de porter en moi la mort pendant quelques jours. Mis à mort avant d'être mis au monde : immonde. Comment ne pas trouver immonde ce corps qui n'a pas su engendrer la vie ? 
J'ai espéré et attendu huit mois le jour de ta venue au monde mais ce jour-là, tu t'es tu. "C'est bizarre un accouchement sans cri", ce premier cri qui doit signaler le début de la vie. Je n'ai pas crié non plus, je me suis tue, moi aussi, mon silence faisant écho au tien, malgré la douleur. Douleur d'avoir à accoucher d'un bébé mort-né, même pas né que déjà mort. Douleur de ne pas avoir ressenti la tienne au moment où tu t'es éteint. C'est une des questions que je me pose : est-ce que tu as eu mal ? Je me dis que si ça avait été le cas, j'aurais dû le ressentir aussi ce mal, cette douleur, puisque depuis plusieurs mois, je ressentais le moindre de tes mouvements, le moindre coup de pied ou coup de coude. Jusqu'à ce jour où j'ai commencé à réaliser que je ne t'avais pas senti bouger de toute la journée. J'ai esquivé même si je me suis inquiétée. Peut-être dors-tu profondément... On dit aussi que sur la fin de la grossesse, étant plus gros, ayant moins de place, le bébé bouge de moins en moins... mais de là à ne plus bouger du tout... Comment être sûre ? Je sors mon "guide pratique de la femme enceinte" et je commence à tout relire, jusqu'à tomber sur ce petit encadré en bas à gauche de la première page du huitième mois : "A savoir. Il n'a pas bougé aujourd'hui. Dans ce cas, appelez votre médecin, votre bébé est peut-être en danger..."
En danger. Tu étais en danger et je n'ai pas su appréhender ce danger suffisamment tôt pour t'en sauver. Une mère est censée protéger son enfant de tous les dangers de la vie. Pardon, je n'ai pas su t'éviter le premier danger rencontré. J'ai échoué dès le premier test passé pour vérifier mes capacités quant à la maternité.
Pourtant, comment pouvais-je anticiper ? La seule manière pour toi de me manifester qu'il y avait un problème était de cesser de bouger. Mais cesser de bouger c'était aussi cesser d'exister. N'y avait-il pas un autre moyen de me prévenir que celui de venir au monde en l'ayant déjà quitté ? Pourquoi mon corps n'a-t-il pas pris immédiatement le relais ? Pourquoi ne s’est-il pas bougé pour me faire bouger à la maternité plus vite et non trop tard ? Pourquoi n’ai-je pas immédiatement perdu les eaux ou eu des contractions ? Je sais que cette série de pourquoi qui se pressent dans ma tête est inutile et ne trouvera jamais de réponse. Mais ces questions sont quand même là, et je ne peux pas m’empêcher de me les poser. Parce que je t’ai porté huit mois. Certaines accouchent un mois avant la date du terme et bébé va bien. Je ne peux pas m’empêcher quelque part de penser que si ça avait été mon cas, tu serais là avec moi et ton papa. 
Ton papa ! Ecrire ce mot me fait mal, parce qu’il a mal d’être père sans enfant. De même, je me sais, je me sens mère et en même temps, je ne le suis pas. Nous sommes des parents, comme il nous l’a été dit à la maternité, mais des parents sans enfant, des parents orphelins. Nous n’avons pas connu la joie d’être des parents comblés, nous connaissons juste la douleur de perdre un enfant. Et on ne peut même pas se consoler avec des “pour moi, il sera toujours vivant”, puisque tu n’as pas vécu un seul instant. 
Lieu commun, la pire douleur pour des parents serait de survivre à leur enfant. Mais nous, c’est différent, on ne te survit pas, on ne peut prétendre à cette douleur –là, puisque je le répète, tu n’as pas vécu. Ou plus exactement, tu n’as pas vécu assez longtemps pour être au monde, être là. En revanche, tu étais déjà là depuis huit mois pour ton père et moi, ce qui suffit à justifier notre peine, qui est la même que celle de n’importe quel parent perdant un enfant. Notre enfant a été là pour nous et il sera toujours là pour nous, en nous. Nous porterons à jamais son existence avortée en nous, car je t’ai porté en moi, senti vivre dans mon ventre pendant trente-six semaines. Et ton père, pendant ces trente-six semaines, t’a parlé : tu l’as d’abord ignoré puis à chaque mot prononcé, tu t’es manifesté. Nous t’avons aimé. Et comme “aimer un jour c’est aimer toujours”, aimer un être, même s’il n’a pas existé, pendant deux cent cinquante-deux jours, c’est l’aimer toujours, tous les jours. Nous t’aimons. Et je te promets de te le dire chaque jour, de continuer à te porter en moi à chaque instant. Je t’aime Luis."



Si vous souhaitez en lire plus, n'hésitez à consulter l'extrait, plus long, de ce texte auto-édité chez Librinova, sous le titre de Lui(s).  111
https://www.librinova.com/librairie/fanny-prince/luis
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