Eve, mon ange de douceur

Grossesse:
Le 16 janvier dernier mon test de grossesse affichait deux belles lignes et aussitôt, je suis tombée folle amoureuse de mon bébé. Durant ma grossesse, je profitais que chaque moment de détente pour caresser mon ventre et pour chanter des berceuses à mon petit bébé en devenir. J'étais si heureuse et si fière de porter mon enfant dans mon ventre. J'adorais montrer l'évolution à mon conjoint, je prenais des photos de ma bedaine à chaque semaine. Le 8 mars, la journée de la fête à mon père, nous avons passé le prénatest et c'est les larmes aux yeux que je vis ma fille faire des acrobaties et que j'ai vu son coeur battre. J'étais complètement amoureuse. J'ai su que ma fille avait un très faible taux de chance d'être atteinte de la trisomie alors aussitôt, mon stresse a tombé. Le 30 mars, j'ai mon premier rendez-vous avec mon médecin, le coeur du bébé etait en parfait état, mon bilan de grossesse était parfait et ma santé physique se portait à la merveille. Cependant, tout au fond de moi, depuis le début, j'avais le pressentiment que ça n'irait pas bien. J'ai tout fais pour chasses ce pressentiment. Mois de 6 jours après avoir entendu son beau petit coeur, ma princesse nous a quitté sans que je m'en aperçoive.

Mauvais nouvelle:
La veille de mon échographie morphologique, j'ai fais un drôle de rêve. Je rêve que je peux voir l'intérieur de mon utérus, il est tout rose, il y a des cumulus roses un peu partout. Au loin, je vois la tête de ma fille apposé sur un nuage qui dormait. Quand je me suis approchée d'elle, elle s'est réveillée, elle s'est mise à reculer dans les nuages avec un beau sourire tout en sautillant sur ses jambes. Les nuages l'ont enveloppés et ma fille est disparue. La journée de mon échographie, j'angoissais à mon maximum. Lorsque la technicienne met la sonde sur mon ventre pour la première fois, je vois la figure de ma fille avec un oeil ouvert et l'autre fermé. Aucun des deux yeux ne bouge, n'y même sa figure. À la seconde tentative, c'est la même image, je commence à paniquer. Je suis certaine que son coeur ne bat plus. Je demande à la technicienne de vérifier le coeur et lorsqu'elle arrive à ce niveau, il n'y a pas d'activité. La radiologiste confirme que le coeur ne bat plus et on me demande d'aller voir mon médecin à l'instant même afin d'obtenir les résultats. Les larmes aux yeux, le coeur en mille morceaux, les jambes molles, mon conjoint et moi sortons de l'hôpital pour aller au bureau de mon médecin. Mon médecin m'accueil et m'explique que la coeur du bébé a cessé de battre à 16 semaines et 3 jours, qu'il n'y a pas de malformations apparentes et qu'il ne comprend vraiment pas le pourquoi car tout allait bien. Il m'explique que je dois retourner à l'hôpital rencontrer la gynécologue qui va m'accoucher. Je me mets à paniquer, je ne veux pas me séparer de ma fille, je ne veux pas la savoir morte, je ne veux pas souffrir, je ne veux pas accoucher, je veux tout simplement me réveiller de mon cauchemar. Arrivé à l'hôpital, la gynécologue m'explique la procédure, les médicaments qu'ils vont m'introduire au 4 heures, que mon bébé est trop gros pour un avortement et que je ne peux pas être endormie. Elle me demande si je veux accoucher la journée-même ou si je veux attendre un peu et revenir après la fin de semaine. Je regarde mon conjoint, il a les yeux pleins d'eau, il souhaite mettre un terme à cette grossesse rapidement afin de faire notre deuil plus rapidement. Je l'appuie dans sa réflexion, je n'aurais pas supporter passer la fin de semaine avec ma fille dans mon ventre sachant qu'elle est morte. On retourne à la maison afin de faire nos valises et on repars pour l'hôpital.

Hospitalisation:
Les infirmières m'accueillent avec des sourires de tristesses. Celle qui s'occupe de moi m'installe dans une chambre très loin des salles d'accouchements et elle m'explique la procédure. Qu'elle allait m'introduire deux pilules aux 4 heures afin d'enclencher la procédure de l'accouchement. Elle me dit avec de la tristesse au coeur que j'allais souffrir plus qu'un accouchement normal car je recevais des doses 10 fois plus élevés que la normale. Elle me dit qu'elle peut par contre me donner des médicaments pour soulager ma douleur. Une fois installée, elle m'introduit les deux premières doses. Après même pas 15 minutes, je sens les contractions. Je réalise que depuis l'annonce de cette nouvelle, je n'ai pas touché à mon ventre et que je n'ose pas y toucher car j'ai si mal au coeur de la savoir morte. Je parle à ma fille dans ma tête, je m'excuse après d'elle de ne pas avoir su la garder en vie et je lui demande de veiller sur nous. L'infirmière vient souvent me voir car mes signes vitaux ne sont pas stables. Elle s'inquiète un peu pour moi. Je demande à être soulagée des contractions. Malheureusement, ça ne fait pas d'effet sur moi, pendant 12 heures j'ai senti mes contractions. Mon conjoint et moi tentons de dormir un petit peu car nous sommes rendus aux petites heures du matin, mais je n'y arrive tout simplement pas. Je ne fais que penser à ma fille, mes rêves sont envolés, mon coeur a quitté mon corps, je ne vis plus, je survis. À 4h44 du matin, le corps de ma princesse a commencé à sortir. J'ai senti son bras sortir en douceur et j'ai aussitôt avisé l'infirmière. Elle n'a pas eu le temps d'appeler le médecin, elle m'a accouché car le corps était trop proche. Les infirmières nous avaient demandé au départ si nous voulions tenir ou voir notre fille, mon conjoint n'avait pas la force et moi, j'étais tellement confuse que je ne savais pas quoi faire. Je lui ai demandé à lui ce qu'il pense qu'il serait bon pour moi. Il m'a dit que j'allais sûrement souffrir encore plus et que je serais pas capable de la laisser partir. Donc, une fois que ma princesse soit sortie, l'infirmière l'a enveloppé afin de ne pas exposer son corps et elle est partie avec elle à l'extérieur de ma chambre. À ce moment, j'ai senti la pire douleur de toute ma vie, ma fille n'était plus là, elle n'était plus avec nous. J'ai beau lui avoir dis que je l'aimais quand elle est partie, j'avais l'impression de faire si peu pour elle. L'infirmière a pris ses empruntes, elle voulait prendre une photo, mais comme ma puce était décédée depuis 3 semaines et quelques jours, elle nous a dit que ça ne nous aurait pas fait un beau souvenir. J'ai réussis à dormir quelques heures et dès que j'ai pu marcher sur mes deux jambes, j'ai décidé de retourner à la maison avec ma boîte souvenir.

Maison:
Nous sommes arrivés à la maison et on dirait que ce moment était si irréel. Je me suis aussitôt dirigée dans ma chambre de bébé que je venais de monter il y avait à peine 3 jours. J'ai aussitôt ouvert tous les tiroirs pour enlever tous les trucs de bébé et j'ai été cherchée mon album de bedaine afin de le cacher aussi. Je pleurais et en même temps, je me sentais zombie. On dirait que mon corps bougeait tout seul et que ma tête elle, n'était plus au rendez-vous. Nous avons décidé de faire une sieste afin de nous reposer de nos émotions. Je pensais que je n'étais pas capable de dormir, mais le manque de sommeil à pris le dessus. Juste avant de me réveiller, je sentais une présence dans mon rêve. J'ai demandé s'il y avait quelqu'un et j'ai su que ma fille était là. Dès que je l'ai senti partir, je me suis réveillée. Mon chum ne voulait pas me laisser seule, alors il s'est levé avec moi. On a tenté d'écouter la télévision, mais tous les deux, nous étions triste. À tous les 5 minutes, j'avais les larmes aux yeux. Le coup fatal a été lorsque j'ai pris ma douche, lorsque j'ai senti mon ventre vide, je n'arrivais plus à sentir ma fille. J'ai fais une crise de larmes dans ma douche, je me suis mise en petite boule et j'ai pleuré tous les larmes de mon corps. J'imagine que mon conjoint m'a entendu car il est venu me chercher dans la douche et il m'a serré très fort dans ses bras. Le lendemain, nous nous sommes levée à 6h du matin et mon conjoint a commencé à passer la balayeuse. Pour la première fois de ma vie, j'étais jalouse de lui parce qu'il pouvait bouger et dépenser ses énergies. Moi avec l'accouchement et les risques d'hémorragies, je devais rester tranquille.

Première sortie:
Dès le lendemain de l'accouchement, nous avons été chez mes beaux-parents. Je n'arrive pas à comprendre comment j'y suis arrivée, mais j'ai été capable d'être forte et d'avoir un sourire aux lèvres. Ma belle-mère pleurait et elle m'a pris dans ses bras. Nous avons passé la journée avec eux, mon copain n'avait pas d'énergie, alors il a passé l'après-midi à dormir. Ma belle-maman a pris le temps de parler avec moi et elle m'a écouté. Avec cette sortie, j'ai réalisé qu'il était important pour moi de sortir de chez moi à tous les jours afin de ne pas tomber dans la déprime.

Examens sanguins:
Un mois après l'accouchement, j'ai été passer 29 examens sanguins afin de voir si je n'avais pas une maladie de sang et si je n'avais pas une anomalie.
3 mois plus tard, j'ai reçu mes résultats. J'ai un chromosome d'anormale, mais celui-ci ne peut pas provoquer la mort. Mon sang est clair, mais encore là, ça ne cause pas la mort.

Le OK du médecin:
N'ayant pas de problème physique, mon médecin me donne le ok. Sur le coup, mon conjoint et moi sommes heureux, mais dès le premier jour où nous avons commencé à essayer, j'ai commencé à avoir peur. Peur de perdre à nouveau mon enfant, peur de vivre à nouveau cet instant, peur de ne plus être capable de tomber enceinte, peur que ça prenne des mois voir des années avant que ça m'arrive à nouveau. Je souffre à tous les jours où je sais que je ne suis pas enceinte.

Autopsie:
À la mi-septembre j'ai reçu le résultat de l'autopsie. Ma fille n'avait pas d'anomalie, elle était en parfait état. J'ai fais un double décollement du placenta sans le savoir. Je n'ai pas eu de symptômes sévères car je n'ai jamais eu de malaises physiques importants mis à part des petits chocs au col de l'utérus. Aucun saignement, aucune douleur, aucune contractions. Mon médecin me confirme que je vais avoir un suivi de grossesse à risque pour mes prochaines grossesses et elle me prescrit du sérophène afin de m'aider à tomber enceinte.

Octobre:
Le premier mois sous sérophène. Lors de ma première grossesse, je suis tombée enceinte dès les premières doses. J'ai l'impression que ça a fonctionné mais j'ai si peur de me faire des idées. Je ne veux pas me blesser à nouveau. Dans 1 semaines, je vais avoir la réponse à ma question. Si jamais c'est négatif, je me demande comment je vais faire pour garder le moral.

Quelle histoire!
J'en pleure!!! Je me vois à travers toi, car j'ai cette peur justement de ne plus être enceinte, tout ce que tu as décrit, c'est ce que je vis présentement!

Je rencontre mon médecin tantôt, nous en discuterons certainement. Mais je dois attendre d'être en forme avant de faire tous les tests sanguins demandés, dans 1 mois environ.

Je vais noter le nom du médicament que ton médecin t'a prescrit, et si je n'ai pas le retour de mes règles dans les prochaines semaines, je vais en parler à mon médecin. Si on peut me donner un peu d'aide, ce serait l'idéal... Mais je dois attendre les résultats!

Dis-toi que tu recommences les essais, et que ça peut ne pas fonctionner du premier coup. Je sais que ce n'est pas évident, mais il faudra être patiente. Pour ma part, ça a pris 2 cycles à chaque fois. J'ai si hâte de porter la vie à nouveau...

Bonne chance et tiens-nous au courant!

Le temps d'attente après les résultats est interminable quand on le vit au jour le jour, mais avec du recul, on se rend compte que ça passé vite, alors je te souhaite de ne pas le vivre au jour le jour. De la façon dont je perçois tes écris, tu sembles fortes et positives dans la vie, je suis certaine que ça va bien aller pour toi.

Je te souhaite qu'ils ne trouvent pas de problèmes dans tes examens dans un sens, car tu vas avoir l'esprit un peu plus tranquille lors de ta grossesse espoir.

Moi on m'a prescrit de l'aspirine de bébé afin de m'assurer que le placenta est bien implanté et de minimiser les futurs décollements possible. Je t'avoue que depuis que j'essaie d'avoir un enfant et que je sais que j'ai fais un décollement, physiquement je ne suis pas très active je suis en mode tortue même si je n'ai pas encore de +++ J'imagine que c'est aussi un médicament que tu vas avoir durant ta ou tes futures grossesses.

Pour le sérophème, moi j'ai beaucoup confiance en ce médicament, mais je t'avoue qu'il y a plusieurs effets secondaires pas toujours agréables. Une grossesse multiple est possible aussi avec ce traitement, mais je suis prête à tout. Mon copain à des jumeaux dans la famille à son père et moi, c'est dans la famille à ma mère, alors on verra bien Si ton cycle est régulier, tu n'auras peut-être pas besoin de prendre ce traitement, la nature va sûrement se faire toute seule un bon test d'ovulation fait l'affaire normalement. Moi, j'étais trop irrégulière, je n'ovulais pas et mes cycles étaient trop longs.

Bonne chance à toi aussi et fait attention à toi!
Bisous!