Je m'appel Sabrina et j'ai accouché de mon petit amour Julia décédée in utero 12 jours avant la date du terme qui était prévu le 22 décembre 2011.
Les événements remontent à très peu de temps et sont encore très vifs dans mon coeur et dans ma tête.
En résumé, le choc !
Il est tellement acquis que passé 12 semaines de grossesse, celle-ci peut-être annoncée sans risque. Ensuite, l'échographie morphologique permet de se rassurer sur l'état physique du bébé. Semaines après semaines, ce n'est plus un grand prématuré, ce n'est plus un prématuré. Quasi au terme, il n'y a plus qu'à attendre et là, le drame qui nous ramène à notre humanité, à notre mortalité.
Ce soir du 9 décembre, je me suis inquiétée car je ne la sentais plus bouger mais j'ai mis ça sur le compte d'un moment de paranoïa. Mon conjoint m'a encouragé à appeler la sage-femme de l'hôpital pour être rassurée. Cette dernière m'a conseillée de venir faire un contrôle.
Arrivez à l'hôpital à 00h15, nous étions déjà entré dans cette journée fatidique, celle qui allait à jamais changer notre vie.
Les minutes ont paru des heures. La sage-femme ne trouvait pas le coeur de bébé. Nous avions compris mais notre cerveau n'acceptait pas cette information. Nous étions arrivés si détendus, tellement certains que nous avions juste besoin d'être rassurés.
Quand le médecin de garde a procédé à l'éco, nous avons à nouveau compris que notre bébé n'était plus mais, fébriles, nous avons attendu le verdict qui fut des plus brutal : "Il n'y a plus rien à faire, je suis désolé".
A 8h45, Julia rejoignait les bras de ses parents. Belle, douce mais sans vie.
Notre gynécologue a pu tout de suite nous expliquer qu'il s'agissait d'un accident et qu'elle avait fait elle-même un noeud à son cordon qui s'était serré au fil du temps au point de...
Le personnel de l'hôpital a été adorable. Nous avons pu rester avec elle de nombreuses heures, la présenter à la famille, la toucher, l'embrasser et observer le plus de détails sur son si joli petit corps. Elle est si belle et nous ressemble.
Comme le dira plus tard mon frère, ça nous a fait du bien de la voir, de l'accueillir et de lui dire au revoir. C'était une belle image mais une image triste.
Aujourd'hui, je me rend compte que certaines étapes ont été indispensable à mon travail de deuil, bien qu'il ne soit clairement pas terminé. Nous l'avons reconnue, nommée, déclarée à l'état civil, mise en terre dans le cimetière de notre ville. Maintenant, nous rangeons doucement sa chambre.
Beaucoup d'amis et membres de la famille nous ont soutenu et nous soutiennent encore. Leur présence, le temps qu'ils ont consacré nous a permis d'évacuer nos émotions. Ils n'ont pas eu peur de partager avec nous ces moments, ils ont été admirables. Ce qui nous fait énormément de bien, c'est quand les gens nous parlent spontanément de Julia, qu'ils l'appèlent pas son prénom. En fait, le geste de reconnaitre son existence et de reconnaitre notre malheur nous apaise et nous met en confiance. C'est comme un laissé-passé à notre peine, alors qu'il est impossible de se lâcher dans d'autres circonstances et devant d'autres personnes car au-delà de la réaction d'autrui, de son propre choc, nous avons juste peur de pleurer. Alors qu'avec nos proches, il n'y a aucune retenue attendue, aucun jugement, aucune gêne et ce sont des moments tristes, très intenses mais qui aident à avancer pas après pas.
Nous ne ressentons pas de colère contre le corps médical car nous avons une explication qui nous suffi. Nous vivons juste une indescriptible tristesse et sommes conscients que le chemin sera long. Même si avec le temps tout cela fera moins mal, nous n'oublierons jamais notre fille.
Ce qui est maintenant le plus frustrant, c'est de se sentir parents les bras vides, l'appartement vide,... mais nos coeurs, eux, débordent d'amour pour elle.
Déjà, nous parlons d'une deuxième grossesse qui viendra quand elle voudra bien venir. Mon ami se sent prêt à cela mais ne me met pas de pression. De mon côté, je souhaite continuer à laisser partir ma fille avant, sans chercher à l'oublier. Ceci par respect pour elle mais aussi pour notre deuxième enfant à venir. Je ne veux pas d'un remplaçant. Je souhaite l'attendre avec autant d'amour et joie que les mois passés avec elle. Il mérite toute notre attention, une jolie chambre spécialement préparée et beaucoup de belles choses. Bien entendu, nous avons peur et faisons également le deuil d'une grossesse sans problème comme fut la première.
Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve mais je sais que Julia veille sur nous. La suite, un jour peut-être, au prochain épisode.