mon poussin

Bonjour, 
le 7 décembre dernier, à la veille de mon anniversaire, j'ai fait une fausse-couche, à près de 12 semaines. 
J'attendais ce 12 semaines avec espoir, et en fait j'y étais presque, je me croyais hors danger. J'ai aimé ce bébé dès que je l'ai désiré, soit il y a plus d'un an. 
Je pensais que je ne voudrais plus d'enfant, après deux enfants, une relation peu saine qui a duré 12 ans. mais voilà, il y a 4 ans j'ai rencontré un homme merveilleux, qui m'a redonné foi en l'amour et aux relations…
Et tout naturellement nous avons eu envie d'avoir un enfant. Après 6 mois d'essais la joie totale: c'est positif !!!!

Je ne pensais pas que ce puisse être si douloureux de perdre quelqu'un que je n'ai même jamais vu, mais ce l'est.meme quand je vais"bien" je ressens cette douleur, elle est toujours là…le temps des fêtes a été très difficile, …

Deux jour après le drame, pendant la nuit, je me suis réveillée et il fallait que j'écrive. J'ai partagé mon texte avec mes proches et une amie qui a vécu la perte d'un bébé m'a suggéré de partager avec vous. 

Alors je vous partage ce texte et celui que j'ai écrit quelques jours après.merci


J’avais un cerf-volant.

Un cerf-volant rouge.
Quel bonheur de te voir voler,
de te voir t’élever
plus haut plus libre.

Et puis il n’y avait plus de corde.
Et toi au bout la haut. Prêt à voler plus haut, 
J’ai coupé la corde, jetté la poignée.

Je t’ai laissé allé.
laissé partir si tu veux. 
Je t’ai regardé, je t’ai vu.
Sous mes yeux. Je t’ai vu dansé.
Et plus haut.
Papiers. Plumes.
Un instant j’ai cru, 
voir un flamboyant phoenix
apparaitre. Sous mes yeux.
Et mon coeur pleure.
Et je t’aime plus que tout.

C’est pour ça que je l’ai coupé la ficelle.
Je voulais qu’oiseau tu sois.
Et que tu sois toi.
Et que tu me revienne sans ficelle.    ou que tu ne revienne pas.
Et que tu portes tes ailes.
Et que tes ailes te portent.
Et mon coeur qui pleure.
Et mon coeur qui pleure.

Car tout ce que j’ai laissé
était tissé de cet amour pour toi. Tissé de tendresse,
de joie, de bonheur et de
promesses.

Le métier à tisser est silence.
Je l’ai placé dans mon coeur. objet sacré de notre mémoire.
Je l’embrasse, je le remercie.

Une plume rouge. Dans mon coeur. Pour toujours.
la poignée jettée, la ficelle cassée.
L’amour reste.

Bonne nuit mon poussin.


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Mon corps vide de toi porte encore le poids de ton passage. Je ne m’habitue pas à ton absence, à ce corps : maison vide et silencieuse.
Retrouvailles avec mon corps de femme ? Perte de repères : où est mon corps de mère ? Corps de mère inutile ? Corps magané de femme ou corps de femme sacré ? Corps généreux de mère, altruiste corps.
Corps sanctuaire. Corps recueillement. Corps qui veut être aimé. Vu. 
Corps à consoler. Corps consolation. Corps fier… corps honteux. Corps craintif qui veut oublier, faire la fête, se saouler. Et faire l’amour, couché, debout, de côté. Et pleurer, et gueuler, chanter.     Chuchoter !
Corps animal et cœur en crise. Corps de mammifère et d’instinct primaire : cruel, juste, sans compromis. Pour le meilleur ou pour le pire, corps qui veut se reproduire. ENCORE. C’est dans sa nature, c’est la loi de la nature.
Qui entraine avec lui mon cœur. Faible ou malheureux, il le traine dans sa course folle. Sur son chemin d’instinct parfait dont il ne saurait douter.

Et mon cœur qui galope avec ou sans peur. Corps qui ne s’arrête. Coeur de femme, corps de louve.

Bonjour Eihpos, 

Quel beau poème! merci pour ce partage.  
Ça me fait beaucoup de bien quand je lis les mots d'une autre qui exprime de façon si juste mes maux  
Je te souhaite beaucoup de courage dans ce long chemin qui est le deuil d'un tout petit...

J'aime aussi beaucoup tes réflexions sur le corps! Pour moi qui n'ai jamais eu un rapport très heureux avec mon corps... c'est encore dur dur...

Douces pensées à ton petit poussin

Tes mots sont très évocateurs, on comprend bien ton ressenti!

Ici, tu te sentiras comprise... on passe tous par une game d'émotions intenses, alors sens-toi libre de partager!

Accorde-toi du temps et surtout autorise-toi à vivre pleinement tes émotions... la douleur reste, mais devient plus douce et moins amère avec le temps qui passe!

Je t'envoie plein de courage et douce pensée à ton ange!

Merci pour vos réponses ...c'est vrai elles me font du bien!
J'envoie aussi plein d'amour à vos petits anges...

Bonjour Eihpos
Moi je me suis inscrite depuis deux jours. Ce site me fait du bien. On a vécu les mêmes choses et je me retrouve dans plusieurs situations.
Mon drame est récent comme le tien. Je te souhaite beaucoup de courage. Je vais penser à toi aujourd'hui.

Bonjour Fifa,

De mon cote, Je n'ai pas pu voir mon bébé, car ma première échographie(13 sem au Quebec) était prévue quelque jours plus tard. Quand j'ai aperçu les première gouttes de sang, il y a eu un éclair en moi, une panique, une pensée " non, faites que ce ne soit pas ça, je pourrai jamais passer par cette peine, ça va faire trop mal!"....
Même si ma grossesse était peu avancée, j'ai vécu cette fausse couche comme un accouchement, j'ai ressenti des contractions et de la douleur pendant  environ 4 h.
Au début, j'avais vraiment l'impression d'avoir été projetée dans une autre dimension, sans mon accord, je ne voulais pas de cette réalité, je voulais retourner à avant. Ensuite je me disais que je devais vite retomber enceinte. Je ne voulais pas le vivre. Je m'habitue lentement à cette nouvelle vie, à mon bébé ange. Mais j'ai mal quand même, et je trouve ça difficile d'en parler. J'ai beaucoup pleuré, surtout la nuit, quand mes amours dormaient. Je me suis souvent dis que s'il fallait que je pleure toute ma peine, j'allais pleurer pour quelques années sans m'arrêter. Je pense participer à un groupe de deuil périnatal. Parce que j'aime trop la vie et aussi parce que je n'ai jamais vécu un aussi gros deuil avant. Merci de m'avoir écrit. Je t'envoie beaucoup d'empathie et de douceur et aussi à ton ange Gabriel.

Bonjour Eihpos

Un groupe de parole, c'est une bonne idée. Ca doit forcément faire avancer.

Beaucoup d'amour à ton poussin.