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| Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive | |
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+3angegabriel1 savana Claire2011 7 participants | Auteur | Message |
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Claire2011
Nombre de messages : 4 Localisation : Basse-Normandie Je suis : Maman de Ange(s) : Claire Décédé(e) à : Née et décédée à 38sa Le : née le 18/01/2011 et partie le 19/01/2011 Date d'inscription : 10/11/2014
| Sujet: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mar 11 Nov - 16:08 | |
| Voici mon histoire, ça fait plusieurs années que j'ai envie de vous rejoindre et de vous la raconter. Le temps passe, les mois passent mais on n'oublie pas. ça fait 3 ans 1/2 qu'elle est partie et pas un jour ne passe sans que je la pleure. J'en veux encore au monde entier, surtout à mon gynéco qui m'a dit de passer à autre chose, que ça arrivait. Je le hais, c'est moche je sais, mais il m'arrive encore de rêver de lui et de vouloir le frapper... Et j'en pleure alors de rage!
Mon aînée, Léane avait presque 4 ans. J'avais eu besoin de la PMA pour tomber enceinte. Mais cette fois-ci, pour Claire, elle est arrivée sans qu'on s'y attende pour notre plus grand bonheur. Ma DPA était pour le 11 février 2011. J'ai passé une grossesse idyllique, sans souci. Je ne craignais plus la fausse couche, je n'avais pas de peur. Je me secouais quand j'étais fatiguée en me disant : « La grossesse n'est pas une maladie ». Tout s'était tellement bien passé pour ma première grossesse qu'il n'y avait pas de raison que pour cette deuxième grossesse, cela soit différent. Effectivement, je ne me suis pas écoutée, j'ai vécu une grossesse plutôt active. J’avais même décidé d’accoucher dans une petit clinique piur que ce soit plus convivial… Et puis, à 35 sa, à presque 8 mois de grossesse, le mardi 4 janvier au matin, j'ai perdu du sang. La veille, Cédric et moi avions fait un câlin. Le matin même j'avais déposé beaucoup de poubelles au pied du portail pour le passage des éboueurs. Est-ce les raisons? Je culpabilise encore... Comme ma grossesse avait été plutôt active entre les travaux de la salle de bains, la préparation de la chambre de la miss et les travaux de l'arrière-cuisine, je voulais profiter du mois de janvier pour me détendre, faire les magasins, me promener, etc... J'étais donc partie ce matin-là après avoir déposé ma grande à l'école pour aller faire un tour en ville dans un magasin Bio et acheter des tisanes d'allaitement, une crème anti-vergetures... J'ai bien senti, d'abord dans la voiture en me garant, puis dans le magasin quand j'étais à la caisse, que j’étais comme un peu humide. Mais je pensais aux petits soucis de pertes de fin de grossesse. Je ne me suis donc pas alarmée. J'ai voulu continuer mon petit tour, aller dans un autre magasin et acheter une gigoteuse. Finalement au bout d'un moment, j'ai préféré rentrer quand même, en pensant que peut être j'avais une fissure de la poche des eaux. De retour à la maison, j'ai soufflé quelques minutes en voiture avant de descendre et j'ai remarqué un appel en absence de ma sage-femme. Je l'avais recontactée quelques jours auparavant pour reprendre les séances de préparation à la naissance. Je suis d’abord allée aux toilettes et j'ai découvert paniquée mes vêtements tâchés de sang. J'ai aussitôt recomposé le numéro de ma sage-femme qui bien entendu n'avait pas d'autre conseil à me donner que d'appeler la maternité. J'ai donc téléphoné aux sages-femmes de la maternité qui m'ont conseillée de venir. J'ai parcouru seule les 45 km qui me séparent de la mater. Sur la route j'ai appelé Cédric. Je me voulais rassurante. Je ne l'avais pas attendu pour partir, il avait déjà de son côté 40 mn de route pour rentrer à la maison. Je lui ai dit qu'on attendait de voir ce que les sages-femmes allaient me dire avant qu'il ne prenne la décision de quitter son travail. Il m'a quand même rejointe dans l'après-midi. Je me suis donc rendue là-bas pour vérifier que tout allait bien. Monitos, prises de sang, tension, échos abdominale et endo-vaginale... Le gynéco de garde m'apprend alors que j'ai un placenta praevia et que j'aurai sûrement une césarienne. Sur les échos que j'ai faites les mois précédents, il me montre que mon gynéco avait remarqué que mon placenta était bas mais à aucun moment il ne m'en a parlé. ??? Probablement que bébé commençait à appuyer sur le placenta et c'est pour cette raison que j'avais perdu du sang. Je suis restée la nuit à la mater pour surveillance et le lendemain, on m'a laissée partir puisque je n'avais pas eu d'autres saignements, en prenant cependant la précaution de rester alitée. Je suis donc restée dans mon canapé pendant une semaine. Ma petite soeur est venue à la maison pour tout faire à ma place, emmener Léane à l'école, s'occuper du linge, préparer les repas, faire le ménage... pendant que Cédric travaillait. Puis le mercredi 12 janvier, j'ai retrouvé mon gynéco pour mon rdv de début du 9ème mois. Là, il me confirme qu'on allait prévoir une césarienne. Il me la programme pour le mardi suivant, le mardi 18 janvier. Waouh, ça va trop vite pour moi, ça me fait peur. Cédric et moi nous nous demandons si on ne peut pas attendre encore un peu pour que la petite puce ait un peu plus de temps pour grossir. Le gynéco me laisse choisir entre le 18 ou le 25 janvier mais précise que ça ne sert à rien d'attendre et de prendre des risques. Il me dit qu'il ne faut pas paniquer, bébé n'est pas en danger mais moi je risque gros si on attend que le travail commence car il y a un fort risque d'hémorragie sévère. Il m'assure que bébé ne risque rien, les monitos sont parfaits, ma puce est en pleine forme, pas très grosse mais en bonne santé. Il pensait m'avoir dit que mon placenta était bas mais moi je ne l'ai jamais entendu ainsi... enfin bref, pfff ...il pensait simplement qu'il serait remonté... Moi je me dis que j'aurais peut être été plus calme à la maison si j'avais su que mon placenta recouvrait le col et qui sait, il serait peut-être remonté ?. Mercredi 12 au soir, Cédric et moi rentrons donc à la maison, un peu abasourdis. On espérait que le gynéco de garde s'était trompé. Il m'avait laissé espérer que je pourrais peut-être éviter la césa, son appareil à écho étant moins performant que celui de mon gygy. Enfin bref, je devais me résoudre à accoucher avant terme et d'une césa... J'ai 45mn de voiture pour rentrer chez moi. J'ai des contractions toutes les 5 mn dans la voiture, le stress. Mais bon ça passe ensuite. Jeudi soir, je perds un peu de sang mais ça se calme vite. Vendredi matin, au lever ça recommence mais en faible quantité. Je me dis que mon gynéco devait avoir raison, mieux vaut ne plus tarder à faire cette césa. Ce n'est pas du tout l'accouchement rêvé mais bon je me console en me disant que ce qui compte, ce n'est pas la manière d'accoucher mais plutôt d'avoir ma puce dans les bras bientôt !!! Samedi matin, le 15 janvier, après une nuit sans dormir (je suis pourtant allée me coucher dans la chambre d'amis) vers 6h30 grosses pertes de sang pendant 1h. Mon chéri se réveille vers 7h ; je lui en parle. On appelle la mater qui me demande de revenir. Ils me préviennent qu'ils vont me garder. Mes beaux-parents arrivent à la maison et récupèrent ma grande puis Cédric et moi partons à la mater. On me donne une chambre. Les monitos sont très bons, ouf! On me donne du salbumol pour calmer quand même les contractions. On maintient la césarienne pour le 18 sauf si les contractions reprennent. Je reste donc à la mater tout le week end et le lundi. Lundi soir, je fais une douche et shampooing à la Bétadine. Je suis un peu stressée mais plutôt sereine. Je profite d'être seule et en bonne santé pour prendre quelques dernières photos de mon gros ventre. Je parle aussi beaucoup à ma puce. Elle bouge un peu. Je lui explique que demain une césarienne aura lieu, qu'on va l'enlever de mon ventre mais que maman sera là pour elle, qu'elle n'a pas de souci à se faire. Dernier coup de téléphone à mon petit mari pour lui dire que finalement la césa est prévue à 8 h du matin, donc qu'il peut arriver pour 7h30 afin qu'on soit ensemble avant de partir. Je me couche assez tard, je décide même de me faire un brushing lisse pour être toute belle sur les photos avec Claire demain. Ça y est, j'ai hâte de la rencontrer !!! Mardi matin, encore une douche Bétadine puis on m'installe la perfusion. Je pars pour la césa. Je suis rassurée car cette fin de grossesse a été éprouvante, 15 derniers jours angoissants... Mon chéri me suit dans l'ascenseur puis on lui demande d'attendre devant la porte du bloc. Je stresse un peu, on nous a promis qu'il pourrait venir avec moi, me tenir la main. L'anesthésiste arrive, je fais le dos rond, on me pose la rachi, ça va ce n'est pas trop douloureux. Il m'a quand même un peu stressée car ses outils n'étaient pas prêts, il cherchait ses gants, mon bassin n'était pas assez large.. Enfin, je peux m'allonger de nouveau et rapidement, je sens une chaleur me parcourir les jambes, elles deviennent lourdes et je ne peux plus les bouger. Les sages-femmes m'indiquent qu'elles me posent la sonde urinaire, je ne sens rien, tant mieux, j'appréhendais un peu. Tout à coup, je me sens mal, j'ai envie de vomir. L'anesthésiste se fâche alors auprès des sages-femmes car ma perf a été mal posée, il m'en détache une partie et y rajoute un autre petit tuyau qui me permet de recevoir quelque chose contre les nausées. Malgré tout je vomis quand même. Ensuite, je tombe en hypotension et pour aider bébé me précisent-ils, ils me posent le masque à oxygène. Je demande mon mari. On me dit qu'il est en train de s'habiller et enfin je le vois arriver en tenue. Oh qu'il est beau comme ça ! Apparemment, ils ont déjà commencé à me couper le ventre. Je perds beaucoup de sang mais tout va bien quand même. Mon mari se souvient avoir vu les médecins avec les pieds baignant dans le sang... Il s'assied à ma gauche et ne me quitte pas du regard, moi aussi intensément, je plonge mes yeux dans les siens. Soudain, je vois le drap bouger devant moi, je sens mon ventre bouger, tirer. Même la table bouge, je trouve ça assez violent, Cédric aussi... Ils appuient fortement sur mon ventre, sur mon estomac aussi, ce n'est pas franchement douloureux mais un peu gênant malgré tout. Et là d'un coup, j'entends ma puce crier, quel bonheur, quel soulagement, elle va bien. Je pleure d'émotion. Il est 8h40. La sage-femme me la présente. Elle me dit qu'elle est hyper calme et moi je suis l'espace d'un instant étonnée, j'ai l'impression qu'elle a le regard vide... non non non j'écarte vite cette idée de ma tête. C'est normal qu'elle soit moins tonique que mon aînée, déjà, c'est une césa, en plus, elle n'est pas à terme... J'apprendrai plus tard qu'elle pesait 2,790kg et peut être 48 cm ??? Mais je n'ai qu'un souvenir très court de ce moment. Je croyais être attachée. Heureusement la sage-femme m'a proposé de la toucher, je lui ai simplement caressé le haut du visage, quelques secondes seulement. Je ne lui ai pas parlé, pas dit Bonjour. Pourtant à ce moment là elle était encore consciente... Nos regards se sont juste croisés. J’ai toujours en moi cette impression qu’elle savait déjà ce qui allait arriver… Cédric part avec elle pour les soins pendant que je me fais recoudre. Je pars ensuite en salle de réveil où je reste jusqu'à 11h25. Mon pansement compressif ne suffisant pas, ils m'en font un deuxième puis me posent un lourd sac rempli d'eau pour compresser la plaie car j'ai beaucoup saigné. Mais ce n'est pas grave, j'imagine ma puce en peau à peau avec mon chéri. J'ai hâte de les retrouver. A 11h25, quand ils me proposent de remonter dans ma chambre, quelqu'un me dit brièvement "Votre petite fille a quelques difficultés à respirer, elle va être transférée à l’hôpital à Cherbourg". C'est un hôpital à 1h30 de la mater. Je me mets à pleurer mais les personnes autour de moi se veulent rassurantes. Le trajet est long pour un bébé en détresse respiratoire mais malheureusement nécessaire. Il ont attendu de longues heures avant de décider du transfert par « peur de déranger l’hôpital ». Ils n’ont pas su identifier les causes de sa détresse respiratoire. Je remonte donc dans ma chambre et aperçoit Cédric seul sur une chaise dans ma chambre. Je découvre son visage grave. Il m'apprendra plus tard qu'il est resté seul dans cette chambre de 9h à 11h30 sans savoir ce que Claire et moi-même devenions. Il a imaginé le pire pour nous deux. Il a été écarté très tôt de la salle de soins car Claire ne réagissait pas bien aux stimulations du pédiatre (Apgar trop faible). Et il ne me revoyait pas non plus remonter dans ma chambre... Nous décidons qu'il suivra Claire à l'hôpital de Cherbourg tandis que je resterai encore la journée à la mater à Coutances et je serai transférée le lendemain pour la rejoindre. Les sages-femmes sortent mon lit de la chambre pour que je vois quand même ma puce dans sa couveuse, branchée. C'est impressionnant mais je n'ai pas peur. Elle a les yeux fermés. Je ne l'ai vue les yeux ouverts que quelques secondes à la naissance... Ils ont passé plus de 2 heures pour la préparer au transfert. Je la vois passer, je suis émue, je l'aime tant mais je suis confiante. Elle part donc pour l'hôpital de Cherbourg. Je regrette alors d'avoir voulu accoucher dans une petite clinique de campagne. Ma soeur puis ma mère me rejoignent ensuite pour m'aider à passer cette journée d'angoisse. Mais les choses virent au cauchemar rapidement. Dans le début d'après-midi, mon gynéco me rejoint et me dit que le bilan est très sombre, j'entends seulement quelques mots "séquelles neurologiques", "jamais vu ça dans toute ma carrière", « l'accouchement s'est pourtant plutôt bien passé même si vous avez perdu beaucoup de sang ». J'essaie de comprendre avec ma mère. Que veut-il dire par séquelles neurologiques? Il n'est pas question pour lui de me transférer aujourd'hui-même auprès de Claire, je suis beaucoup trop faible, il hésite d'ailleurs à me faire une transfusion. Plus tard dans l'après-midi, mon gynéco revient avec le pédiatre de la mater. Il parle de tableau très noir. Je leur demande s'ils parlent d'handicap. Effectivement, il y aurait un handicap, ils ne savent pas pourquoi. J'entends parler d'anémie très forte. Je culpabilise. Que s'est-il passé, qu'ai-je fait pendant ma grossesse pour qu'elle soit anémiée ? Ils évoquent aussi un manque d'oxygène à la naissance et pourtant le PH du cordon présentait un bon apport en oxygène à l'accouchement. Vers 16H, mon gynéco revient une nouvelle fois et me parle plus clairement car apparemment je ne prends pas conscience de la tournure des événements. Il est question d'un gros handicap. Je ne pleure pas beaucoup, je ne réalise pas ce qui nous arrive. J'ai l'impression d'être devant un film à la TV, comme un peu détachée. J'ai quitté mon petit bébé ce matin qui semblait bien aller. Elle m'a regardé quelques instants, elle était paisible et calme, ne semblait pas en souffrance. Je m'attache à cette image. Cédric qui est à Cherbourg me téléphone alors et me dit que notre petite Claire va être transférée au CHU de Caen. Le pédiatre de Cherbourg ne peut rien faire pour l'aider. 3ème hôpital en une journée... Encore un transport qui ne va l’aider…Mon mari me confirme que Claire sera très lourdement handicapée. Ils tentent néanmoins un traitement expérimental: lui refroidir le cerveau pour éviter que les séquelles ne soient trop lourdes. En fait, ils maintiennent le cerveau à une température de 34° grâce à un casque sur la tête. Le traitement commence même dans l'ambulance pendant le transfert. Mon mari la voit partir. Nous ne vivons pas du tout cette journée de la même manière. A la lecture de mes textos, il se rend compte que je ne comprends pas, que je ne réalise pas ce qui se passe. Il est épuisé nerveusement et décide de rentrer à la maison avec son père. Il me dit qu'il partira à Caen le lendemain pour la voir. En ce qui me concerne, on me transfèrera à Caen le lendemain matin ou après-midi aussi au lieu de Cherbourg comme c'était prévu quelques heures plus tôt. Mon mari appelle le CHU de Caen à 18h pour avoir quelques nouvelles de Claire mais ils restent assez vagues. Le service de réanimation néonat nous demande de rappeler vers 19h/19h30 quand leurs tests seront terminés. Et puis là, mon gynéco revient me voir. A son visage fermé, je sens que les nouvelles ne vont pas me réjouir et en même temps j'ai envie qu'il s'en aille car j'ai l'impression qu'il se répète. Je me dis oui, c'est bon j'ai compris qu'elle sera handicapée, je suis en colère après eux mais je ravale cette colère. Je m'imagine simplement à gérer le handicap au quotidien, à notre vie qui va changer. Je vais devoir être forte, peut être envisager un déménagement pour nous rapprocher d'un centre qui l'aidera. Je pense à ma grande dont la vie va changer aussi. Le pédiatre tout à l'heure m'a dit qu'on ne connaîtra l'ampleur des séquelles qu'au fur et à mesure de son développement... Mais là d'un coup les paroles changent, je crois comprendre. Je crois entendre parler de pronostic vital engagé. Comment peut-on passer en 8h d'un bébé apparemment en bonne santé à un bébé d'abord handicapé puis maintenant à un bébé qui risque de mourir ??? Je ne veux pas y croire, tout va beaucoup trop vite. A 19h, je rappelle le CHU de Caen. Ils veulent que je vienne tout de suite à Caen, ils savent que normalement je ne suis pas transférable mais ils veulent quand même que je les rejoigne. Là aussi je crois comprendre que ma puce est très mal. Je rappelle Cédric pour lui expliquer. Il décide de venir aussi. J'ai peur mais je reste optimiste, je crois en elle. Tout ça n'est qu'un mauvais rêve. Ma vie a toujours été simple et facile. Tout ça ne peut pas m'arriver! Mon gynéco revient et me dit qu'il a appelé le SAMU pour me transférer au CHU. Je vois à son visage que le pire est à venir pour moi. Je vois toutes les sages-femmes du service, mon gynéco, ma maman qui me disent au revoir. L'expression sur leur visage est terrifiante. J'ai peur. Dans l'ambulance, j'ai très mal, j'apprendrai plus tard que mes plaies se sont ouvertes dans le transport ce qui m'a valu pendant plusieurs semaines un bel hématome. Je garde mon téléphone dans la main, je communique par texto avec Cédric plusieurs fois pour savoir où il en est sur la route. C'est très long. Je n'arrive au CHU qu'à 21h30.
Je revois enfin ma petite Claire. On me la met dans les bras, je suis allongée certes mais je peux la serrer, quel bonheur! Elle est branchée de partout. Les médecins m'expliquent ce qu'il en est mais je ne comprends rien ou je ne veux pas comprendre. Je crois que ce ne sont que des paroles pessimistes mais qu'elle va s'en sortir. J'entends parler de tests, d'encéphalogrammes plats, j’entends qu’elle a déjà fait 2 arrêts cardiaques et qu’ils l’ont réanimée (je ne comprendrai qu’après qu’ils l’ont maintenue en vie pour que j’ai le temps de la voir vivante...) Cédric parle avec les médecins. Ils se sont rendus compte que je ne réalise pas mais ils me comprennent, j'ai vécu toute cette journée de loin, pas comme Cédric qui l'a suivie de près. Cédric a compris lui. On nous a fait venir pour lui dire au revoir, Claire va nous quitter. Je l'ai gardée dans mes bras pendant 16h, sans dormir. Je n'ai compris que bien plus tard qu'elle était déjà en mort cérébrale quand je suis arrivée au CHU, elle n'était plus réchauffée, était simplement en couche. Ils ont tout essayé, même les traitements expérimentaux. Dès qu'un symptôme était soigné, un autre apparaissait. Un gros problème de coagulation aussi, son sang passait d'un organe à l'autre. A la moindre prise de sang, elle saignait beaucoup et développait des hématomes. Des difficultés à respirer aussi, tous ses organes ont lâché les uns après les autres... Les médecins avaient beau soigner un symptôme, un autre apparaissait aussitôt et son état se dégradait trop rapidement. Quand elle a quitté la clinique de Coutances vers midi, elle avait déjà les yeux fermés, elle avait déjà commencé à nous quitter... Et aujourd’hui, je m’en veux de ne pas avoir été à ses côtés quand elle avait encore les yeux ouverts. Mais pendant ce court laps de temps, ils m’ont recousue et puis je suis restée en salle de réveil. Je me dis parfois que si je l’avais tenue dans mes bras comme j’ai tenu Léane à sa naissance, qui sait, je lui aurais peut être insufflé suffisamment de force pour survivre... Vers 2 H du matin, une aumonière est venue pour nous proposer le baptême. J'ai accepté. J'avais compris que Claire allait mourir mais au fond de moi, je n'y croyais pas et gardais espoir. Un infirmier a joué le rôle de témoin. Je n'avais pas imaginé son baptême ainsi... Pendant la nuit, une sage femme est venue plusieurs fois me voir, prendre ma tension, me donner des calmants et à chaque fois me proposait de monter dans ma chambre pour me reposer. Non, je voulais rester avec mon bébé. Pourquoi me faire venir jusque là si c'était pour m'en aller me reposer. La pédiatre m'a dit après ces paroles réconfortantes : « Vous avez été une maman exemplaire, vous êtes restée éveillée toute la nuit alors que vous avez subi une césa, que vous avez perdu beaucoup de sang. Je suis certaine que Claire vous a senti auprès de vous. » Pendant toute la nuit, je l'ai serrée, embrassée, lui ai tenu les mains, lui ai caressé le corps. J'ai regardé toute la nuit le scope et j'ai regardé petit à petit son pouls baisser, sa saturation en oxygène baisser... Vers 11H mercredi 19, ils nous ont dit qu'ils voulaient faire une dernière écho cérébrale et un dernier encéphalogramme ainsi que des radios (abdominales et cérébrales). Je suis donc montée dans ma chambre et j'ai reçu quelques soins. Nous sommes ensuite rapidement retournés auprès de Claire en néonat. J'espérais très fort un miracle, que l'encéphalogramme serait bon... Je me souviens sur mon brancard avoir prié fort pour que l'encéphalogramme soit bon. Mais en même temps, je n'y croyais guère. De toute la nuit, elle n'avait réagi à aucune de mes stimulations. Ça m'avait même fait peur quand je lâchais son bras et qu'il tombait lourdement sur moi. J'avais regardé ses yeux, espéré un mouvement de sa part, rien de toute la nuit. J'avais d'abord pensé qu'elle était sous sédatif fort pour dormir et puis la pédiatre de la réa m'avait dit que non, juste des anti douleurs. Et puis non, quand nous sommes rentrés dans sa chambre, le médecin nous a confirmé qu'il n'y avait plus aucune activité cérébrale, et nous a fait comprendre que nous allions devoir la laisser partir. A midi, nous avons finalement accepté qu'ils baissent les drogues qui aidaient son coeur à battre ainsi que les autres médicaments qui la maintenaient en vie. Mais Claire s'est battue. De temps en temps, le scope sonnait et on pensait que c'était fini et non, ça repartait de plus belle. Elle devait sentir qu'on n'était pas prêt à la laisser s'envoler. Puis le pédiatre nous a proposé d'enlever le tuyau qui permettait la ventilation en nous prévenant que ça pouvait être très rapide ensuite mais non Claire tu as tenu encore plus de 20mn et puis doucement tu t'es éteinte. Mon coeur, tu me manques tant depuis ce jour. Il ne se passe pas une journée sans que je pense à toi. Je ressens un grand vide, je suis remplie de chagrin. Rien ne m'apaise. Je t'aime Claire. Je suis heureuse de t'avoir accompagnée jusqu'au bout, d'avoir tenu toute la nuit sans dormir pour te serrer fort, d'avoir préparé de l'hôpital ton inhumation, de t'avoir moi-même déposée dans ton petit cercueil, d'avoir écrit puis lu mon texte d'adieu à l'église. Claire, tu resteras toujours dans mon coeur, jamais je ne pourrai t'oublier, mon bébé, mon ange, je t'aime. Maman J’ai su après les résultats d’examens qu’elle avait un taux d’hémoglobine à 8, qu’elle avait eu une hémorragie fœtale mais qu’elle aurait pu être sauvée si les médecins de la clinique avaient compris ce qui lui arrivait. A la naissance, elle arrivait encore à respirer seule. Par manque d’expérience dans les accouchements problématiques, les médecins de la clinique n’ont pas vu son teint gris, n’ont pas pensé qu’elle avait pu faire une transfusion de son sang vers le mien et qu’une simple transfusion de sang pouvait la sauver. Pourquoi avoir attendu 4h avant de la transférer ? Si j’avais accouché dans un hôpital de niveau 2, elle aurait été sauvée… J’en veux aussi aux médecins qui ne m’ont pas fait d’écho de contrôle entre le 20 novembre et le 12 janvier. Pourquoi ne pas m’avoir prévenue de l’existence d’un placenta praevia ?
Par contre, je ne comprends toujours pas pourquoi apparemment la mesure du PH au cordon au moment de l’accouchement montrait un taux d’oxygène normal ? A quel moment, cette transfusion de son sang vers le mien a-t-il eu lieu ?
Toutes ces questions qui restent encore sans réponse me hantent. Je voudrais désespérément comprendre et je me sens si seule... | |
| | | savana
Nombre de messages : 1462 Localisation : lyon Je suis : Maman de Ange(s) : matteo et deborah Décédé(e) à : 22 semaine et 2 jours Le : 04/09/2014 Date d'inscription : 13/09/2014
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mar 11 Nov - 16:36 | |
| Bonsoir j en ai les larmes aux yeux . Je veux simplement t apporter mon soutien et te dire que tu n Es pas responsable la vie est cruelle . Je comprends toute ces questions qui restent sans Reponse c est dur...tu l a accompagnee jusqu au bout et Elle peut être fiere de sa Maman . courage douce pensee a ta petite Claire bisous | |
| | | angegabriel1
Nombre de messages : 11 Localisation : canada Je suis : Maman de Ange(s) : Gabriel
Raphael
Jérémie Décédé(e) à : hôpital Le : 2012
2013 Date d'inscription : 24/10/2014
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mer 12 Nov - 0:49 | |
| Ton message me donne des frissons, Il est si difficile de perdre un être cher. Courage même si ce n'est pas facile. plus facile à dire qu'à faire. Prends le temps de faire ton deuil et dis toi que ta petite veillera sur vous. | |
| | | Claire2011
Nombre de messages : 4 Localisation : Basse-Normandie Je suis : Maman de Ange(s) : Claire Décédé(e) à : Née et décédée à 38sa Le : née le 18/01/2011 et partie le 19/01/2011 Date d'inscription : 10/11/2014
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mer 12 Nov - 10:09 | |
| Merci de m'avoir lue. Faire son deuil, c'est difficile. Je ne sais même pas vers quoi je dois tendre. J'ai l'impression depuis 3 ans 1/2 d'être perdue. Vos messages me touchent et de lire les différentes histoires des mamanges sur ce forum m'aident à me sentir moins seule. | |
| | | Line
Nombre de messages : 309 Localisation : Belgique Je suis : Maman de Ange(s) : Lilou et Gabriel
Poussières d’étoiles
Anges Décédé(e) à : 20 semaines de grossesse
4 semaines
7 semaines
6 semaines Le : 22/09/2014
Juillet 2015
Novembre 2015
Juillet 2017 Date d'inscription : 11/10/2014
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mer 12 Nov - 16:10 | |
| Ton histoire est très émouvante j'en ai les larmes aux yeux. Claire peut être fière de ses parents. Bon courage à vous. Gros bisous à ton petit ange Claire | |
| | | eliottzoe
Nombre de messages : 5478 Age : 52 Localisation : Ile de France Je suis : Maman de Ange(s) : Zoé, née à 37SA+3, le 11-01-2011 Décédé(e) à : 12 jours suite à une Hémorragie Foetale Massive Le : 23-01-2011 Date d'inscription : 17/02/2011
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Mer 12 Nov - 17:56 | |
| C'est avec une très grosse émotion que je viens de revivre, au travers de tes mots et du parcours de Claire, mon histoire et celle de Zoé, partie pour la même raison. J'ai été également très active pendant la grosse mais calme sur la fin. Pas de placenta praevia, pas de saignement, pas de coup, pas de chute...rien...et pourtant une Hémorragie foetale massive qui laisse mon bébé blanc et à 3g d'hémoglobine. Un hôpital de type 2 qui me met sous monito à 9h et qui voit une activité "endormie" du bébé, qui décide de me garder mais qui me laisse rentrer chez moi prendre des vêtements. Un code rouge, une césa en urgence et la suite, tout comme toi, et aussi en janvier 2011 je n'ai pas les réponses, je les ai cherché, ai scruté les docs médicaux et je n'ai rien trouvé sur le déclencheur. J'ai parlé avec des mamans ayant vécu le même drame mais rien ne m'a permis de trouvé une cause. Tout comme toi, depuis ces longs mois, je vis avec ce manque, ces regrets, cette culpabilité d'avoir mal fait quelque chose, et pour ma part toujours une interrogation sur la hauteur du handicap. J'ai trouvé refuge ici très vite et les mots sont devenus des phrases, de longs paragraphes qui me permettaient de déverser cette tristesse, cette douleur, cette colère et ce manque. Jamais jugée mais toujours écoutée et secourue. J'ai trouvé de vraies amies, celles qui te comprennent à 100% car malheureusement elles vivent la même douleur que toi. Il est tellement difficile d'accompagner son enfant vers les nuages...je crois qu'on ne comprends pas tout à fait, lorsqu'on l'a dans les bras, que cela va être irréversible. que plus jamais nos mains se toucheront, que plus jamais nos lèvres frôleront sa peau délicate et douce. les minutes sont tellement courtes, rythmées par le bip des machines. ON voudrait tant les garder... 3 ans et demi après, je ne peux m'éloigner de ce forum..c'est mon lien direct avec Zoé, mon contact.
Je sais que tu aimerais avoir fait beaucoup plus pour Claire, mais malheureusement tu as été privée de cette possibilité. Claire a été entourée d'un amour démultiplié pendant son cour passage sur terre. J'aime à croire que Zoé a ressenti cet amour, il ne peut en être autrement. ET je crois que ta petite Claire l'a ressenti aussi. j'espère que tu trouveras ce réconfort ici et que tu te sentiras moins seule avec les mamanges | |
| | | elaflore
Nombre de messages : 180 Localisation : rhône Je suis : Maman de Ange(s) : Elanore Décédé(e) à : 12 jours Le : 07/10/2014 Date d'inscription : 10/11/2014
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Jeu 13 Nov - 2:17 | |
| J'ai lu avec tristesse et palpitations ton histoire car elle ressemble beaucoup aussi à mon histoire. Le transfert, les pédiatres, le discours sur le handicap que je ne voulais pas comprendre. Je m'imaginais comme toi avec mon Elanore à emmener dans différentes structures, la vie avec Flore, notre grande que je mettrai plus longtemps à l'école, mais jamais je n'aurais pu imaginer cette fin si tragique. J'ai vécu douze jours avec elle, je le dis souvent des jours inestimables mais je suis sûre que Claire (très doux prénom) a ressenti tout l'amour que vous lui portiez, elle a été très courageuse. Je me pose aussi des questions, pour l'instant aucune réponse car je ne me suis pas ménagée mais tout est trop tôt , j'espère en avoir lors de mon rdv avec la gygy qui m'a fait ma césa , j'ai rdv mardi prochain. Plein de bisous volants à Claire. EliotZoe, j'ai pu lire une partie de ton histoire du coup ici, ça me touche tant de lire que je ne suis pas la seule à qui c'est arrivé, c'est malgré tout "réconfortant". | |
| | | meline
Nombre de messages : 304 Localisation : nord Je suis : Maman de Ange(s) : lucile, notre petite etoile, née le 30/01/2011 à 38SA
3 poussieres d'ange Décédé(e) à : 1 mois de vie
à 10 SA, 9 SA et 5 SA Le : 02/03/2011
2006, 2010 Date d'inscription : 26/04/2011
| Sujet: Re: Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive Jeu 13 Nov - 17:38 | |
| Je suis bien désolée de t'accueillir sur le site mais sache qu'ici tu trouveras des mamans qui te comprennent et ta claire seras dans nos cœurs , ici tu peux parler d'elle librement sans voir les gens essaye de changer de sujet en pensant que ne pas parler de ta fille te fera oublier et passer à autre chose . Mais non tu n'oublie pas ta merveilleuse fille , elle fait parti de ta vie de votre vie... Et tu dois apprendre à vivre sans pouvoir la serrer dans tes bras .... Ton histoire résonne et me rappelle tant de souvenirs , c'est doute , l'incompréhension , l'espoir puis la chute si douloureuse , tout s'écroule et tu ne sais plus ou tu en ai , tu ne veux pas y croire . Et même 3 ans et demi après les larmes remontent . Tu as pleins de questions et peu de réponses comme dis sandra on a cherche et on a pas trouver de causes ni d'explication sur le moment et l'importance des séquelles ... On veut des réponses pour trouver un responsable malheureusement il n'y en a pas , c'est un accident cruel et horrible mais c'est comme ça . Accroche toi surtout au moment que tu as passe avec elle , ils ont raison de te faire venir même si ça a été difficile tu l'as vu caresser tu la prises dans tes bras et surtout tous lui a donner tout ton amour . Chaque jour je pense à ma fille et je voudrais la serrer dans mes bras , je me rappelle alors de nos câlins et de son courage pour nous connaître . C'est moment ou on a espere ... Ta claire t'a choisi car tu es une merveilleuse maman et elle a profite de vous . Je n'ai pas les réponses à toutes tes questions mais surtout ne culpabise pas on est toute passe par la et même si une maman est la pour protéger ses enfants on ne peut pas tout contrôler .... Juste une réponse comme sandra j'ai eu ma césarienne en urgences 2h après être arrivée pour ma consultation ( je la sentais moins bouger depuis qql heures ) dans une maternité de niveau 3, lucile respirer spontanément à la naissance et a été transfuser 20 min après sa naissance en salle de naissance intube et technique de suite et pourtant le diagnostique est tombé à J6 malgré la mise en hypothermie : séquelles neurologique multiples , épilepsie grave non traitable , aveugle insuf rénale ... Bref toute cette médecine développee n'a servi à rien pour sauver ma puce et je peux t'assurer que ça a été dure à avaler ( surtout que je suis médecin) alors ne dus pas trop: et si .... Tu as fais le mieux pour ta fille .
Bisous volants à claire, Zoé , elanore, tiago, lucile et tous les autres ... Et douces pensées aux mamanges si courageuses | |
| | | | Ma petit Claire partie rejoindre les Anges suite à une hémorragie foetale massive | |
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