Comment avez-vous vécu cette semaine d'actualité?

Bonsoir les Mamanges et Papanges,

Cette semaine a été éprouvante sur le plan de l'actualité, et j'ai eu l'impression que ça ravivait des douleurs, des sentiments, des interrogations. Je me suis sentie en décalage, comme en dehors des élans populaires, des rassemblements, de l'espoir, de l'optimisme. J'ai eu l'impression de ne plus être la même, de ne plus me poser de la même façon. C'est difficile à vivre quand j'entends partout "c'est une journée historique", parce que je n'y ai pas participé, par manque de conviction, par auto-protection certainement, par peur de ce que je risquais de ressentir dans cette émotion collective.

Et vous? Est-ce que vous vous êtes aussi sentis bizarres, différents, fragilisés, fuyants, décalés?

Bonjour,

Je pense que c'est le deuil très récent qui te fait te sentir autant en décalage. Les premières semaines on est comme anesthésiée quelque part et puis comme on a connu une des pires douleurs toutes les autres passent un peu au second plan, on est recentrée sur soi-même et c'est bien normal. Ca ne veut pas forcément dire qu'on est devenue un monstre d'égoïsme sans empathie...
Personnellement j'ai pleuré avant hier devant la télé en pensant aux personnes otages et j'ai été très choquée par l'attaque de Charlie Hebdo.

Ben oui j'ai été en fait ébranlée, pas du tout anesthésiée hélas... peut-être pour ça qu'ensuite j'ai été tiraillée entre la volonté de me tenir informée et le besoin de me couper de la foule?

Bonsoir,

énormément de gens se sont sentis au combien concernés par ces événements tragiques. Événements tout aussi tragiques que toutes ces atrocités qui finalement sont malheureusement le quotidien tragique du monde entier. 
Avec la forte pression médiatique accompagnée par le poids des images, les gens se sentent concernés par les affaires de ces derniers jours et proches des victimes.
De la même façon, puisque les médias ne s'intéressent pas au deuil périnatal, les gens s'en foutent royalement et ne savent d'ailleurs même pas de quoi il s'agit.
La nature humaine est malheureusement souvent comme ça, les gens ne se préoccupent qu'à leur petit vécu ainsi qu'à ce qu'on veut bien leur montrer à la télévision...

Un peu comme toi j'ai été choquée, effarée et j'ai pleuré en écoutant la radio ds ma voiture ... ms je me suis aussi sentie en décalage, pas là et comme toi je n'ai pas tjs aimé cette réaction comme si la mort de mon fils m'avait rendue imperméable à la souffrance des autres alors que non je le sais bien ms je me suis sentie hors temps cette semaine ! (bon faut dire que perso il se passe aussi qqch de compliqué Melimel le sait)

Je ne sais pas quoi faire de cette constatation non plus ?!?

Cc
Ca fait du bien de vs lire, je me suis trouvee tres egoiste cette semaine comme vs dites en decalage... Mon mari m a m fait la reflexion comme quoi il me trouvait bcp moins sensible a ce qui se passait moi qui d habitude suis hyperemotive mais bon je suis tt de m tres attristee par les actualites mais je n y ai pas participe non plus ... Je me sens un peu blasee de tt...

Comme beaucoup, je suis restée assez hermétique à tout ça, malgré un peu de colère! Mais bon à force d'entendre ça H24 ça m'a saoulé.

Bisous à vos anges

Je ne vis pas en France ni en Europe, mais la tragédie de Paris a suscité aussi énormément d’émotions et de remous en Amérique du Nord. Indignation collective, bulletins télévisés spéciaux, manifs spontanées dans les rues : tout le monde dans la rue et dans les réseaux sociaux ne parlait que de ça. Et comme vous, je me suis sentie en déphase complète avec les événements.
 
D’abord, je suis maintenant tout simplement incapable d’entendre que des personnes sur la Terre meurent d’une mort non naturelle, peu importe sa cause (maladies, accidents, guerres, violences, etc.). C’était un fait que je considérais pourtant auparavant comme faisant partie du cours normal de l’existence. Mais maintenant à chaque fois qu’on me parle de la mort de quelqu’unE, je voudrais fuir au loin, me boucher les oreilles à deux mains, et en même temps pleurer éternellement la vie de cette personne dont l’existence n’a pas épargnées. Bref, un petit problème avec le fait que la mort existe. Ou un gros problème plutôt. Est-ce que ce sentiment vous habite aussi à quelque part ou suis-je bien en déphase avec vraiment tout le monde?
 
Ensuite, je suis bouleversée par le fait que nos différents peuples ont l’indignation bien sélective. Oui je suis frue moi aussi que des personnes de mon entourage s’attriste beaucoup de ces morts au loin alors qu’ils ont déjà passé par-dessus la mort de Laurent. Je suis frue aussi parce qu’on apprenait également vendredi dernier que Boko Haram a tué 2000 personnes au Nigeria à peu près au même moment, mais que là il n’y a personne qui n’indigne même si, mon dieu, ce sont du monde avec la même idéologie qui sont responsables de tous ces meurtres. On apprenait le même jour que le carnage chez Charlie Hebdo, que 37 personnes sont mortes dans un attentat au Yémen. Pas d’indignation non plus.
Il y a plein de gens qui meurent à cause d’injustices de la vie, provoquées ou non par les humains, mais nos sociétés prennent la peine de s’indigner devant quelques-unes seulement de ces injustices. Quand au fond ça fait leur affaire. Là on parle de la dangerosité de l’islam radical et de l’importance de la liberté de presse et d’expression. Et j’ai l’impression que le monde s’indigne davantage à cause de cela et qu’il s’en fout royalement de ces 12personnes décédées à Paris. Et ça, ça me met encore plus en colère.
 
Le débat politique que ces événements engendrent ne devrait pas effacer le drame qu’est la mort de ces 12 personnes. Et toutes les vies humaines sont importantes. La cause de la mort, l’âge et nos origines nationales ne devraient pas être une source de hiérarchisation sur la gravité de la perte de certaines personnes vis-à-vis d’autres. Tout cela me met terriblement en colère. Je ressens beaucoup d’amertume envers notre monde.

Frustrée aussi parce qu'en tête de manif il y avait des représentants d'états qui emprisonnent et fouettent ceux qui tentent de prendre la parole... Mais laissons là la politique et revenons à nos agneaux... Tu dis " Bref, un petit problème avec le fait que la mort existe. Ou un gros problème plutôt. Est-ce que ce sentiment vous habite aussi à quelque part ou suis-je bien en déphase avec vraiment tout le monde?" Pour ma part, je ne suis plus capable de ressentir ce qui touche à la mort. C'est bizarre, dans un sens je refuse d'accepter que la mort existe, dans un autre j'ai un certain détachement. Ce qui est sûr c'est que je m'efforce de tenir à distance les émotions relatives à la mort.

Pouet3,
si tu savais comme je me sens proche de toi dans tes phrases, dans tes réflexions. Merci d'avoir mené réflexion et non pas seulement indignation. Merci à toi.
"Bouleversée par le fait que nos différents peuples ont l'indignation bien sélective". C'est bien dit, c'est tout à fait ça, même si je dirais plutôt peuples orientés par l'indignation très sélective des médias.

Il y a les sujets à mentionner, et pour lesquels il faut en être, au risque sinon de paraître ringard et égoïste, ces sujets qui sont "tendances", à la mode (généralement très éphémère)comme de vulgaires objets de consommation.

Et puis il y a les sujets qui indiffèrent...
Par ex dans la liste des non-retenus, le deuil périnatal, qui concerne pourtant des milliers de famille chaque année, fait partie des sujets qui n'intéressent que très peu les médias, donc très peu les gens. Indifférence et même sujet tabou...avec toutes ces conséquences..
Un enfant qui meurt dans le ventre de sa maman, ou bien peu de temps après la naissance, n'a pas le poids des images pour lui, de même que des parents qui pleurent sous leur couette ou dans une chambre morbide d’hôpital.

Je réponds un peu tardivement.
 
Merci Ludovic pour la fleur. La seule chose que je voudrais souligner, c’est que dans mon message j’ai tenu à ne pas uniquement focuser sur le deuil périnatal et sur la mort de mon fils. Bien que je doive avouer que dans la réalité Laurent est pas mal la seule personne qui occupe toutes mes pensées et que sa mort est la seule qui m’émeut vraiment depuis toutes ces semaines, j’ai voulu faire un effort pour m’élever au-dessus de ça.
Nos sociétés s’émeuvent différemment devant le sort réservé aux individus selon la nature du contexte. Je crois que la question de la liberté de presse et de la satire a beaucoup influé sur le fait que le drame de Paris a suscité autant d’émois (sans oublier le fait que ça s’est passé dans l’Europe de l’Ouest). De la même manière, nous les paranges, nous nous émouvons maintenant beaucoup face au décès d’enfants parce que ça nous renvoie à la perte de notre/nos propre-s enfant-s. Bien que ce soit difficile, je pense qu’il faut essayer à notre tour de faire un effort pour lutter contre cette indignation sélective, car elle affecte chacunE de nous. Mais tsé, j’écris ça et je trouve ça terriblement dur de mettre ça en pratique dans ma propre pensée.
 
Méliemel… nous avons un rapport différent avec la mort… peut-être parce que nous ne l’avons pas connue dans les mêmes circonstances? Dans tous les cas, je constate que ce n’est pas très confortable. De mon côté, je sens que c’est peut-être l’aspect le plus difficile que j’aurai à vivre pour les prochains temps, et les prochaines années… J'espère que tu trouveras une sorte de paix intérieurement face à cela plus rapidement que moi.

Pour ma part mon fils est né le jour de l'attentat de Charlie hebdo et est décédé le jour de la prise d'orage de l'hyper cacher donc autant vous dire que des que j'entend parler de je suis Charlie moi j'ai juste envie de dire que je m'en fou car moi aussi j'ai vécu une tragédie ses jours la et je ne le crie pas sur tous les toits !