J
Je suis célibataire et seule depuis longtemps. Je désire un enfant plus que tout au monde. Je ne suis pas sure d’en faire un deuxième. Je me renseigne c’est possible avec un donneur. J’ai honte. Que penseront les gens. Mais mon entourage est très enthousiaste et tout le monde m’encourage. Je prend rendez vous avec une clinique de fertilité. Il faut voir un psychologue, passer des tests un lot d’examens. Et ils me disent vue ton âge tu as 15% de chance de réussir avec une insémination. Mais je suis confiante. Je rêve d’une petite fille depuis et elle est très belle.
Je trouve un donneur non sans gène. Et je me lance 9 mois plus tard pour le premier essai. Je dois m’absenter du travail plusieurs fois. Et finalement dos au mur j’informe mon supérieur de ma démarche. Il y’a des conséquences négatives mais je m’en fou puisqu’on me laisse me lancer. Je perd un poste important qu’on m’avait promis subtilement on recrute une autre personne. Tant mieux je veux avoir du temps pour mon projet.
19 juillet j’ai un test d’ovulation positif suite à une injection la veille. C’est magnifique c’est juste le jour de l’insémination. Je rentre chez moi et m’allonge.
Je fais plusieurs tests de grossesse très tôt mais j’ai le beau enceinte 1-2 semaines. C’est la joie. Que je partage avec mes sœurs sur un forum. Mon Dieu merci. Je l’ai eu du premier coup. Malgré mon kyste ovarien et mes multiples fibromes de 9 cm et mon âge.
Deux prises de sang pour confirmer la grossesse, et l’échographie 6 semaines valide la bonne nidation et les battements du cœur. J’ai le oui pour consulter un gygy. C’est merveilleux j’ai les yeux plein d’étoiles.
7 semaines je me ramasse aux urgences je saigne c’est pas normal. L’échographie me rassure, bébé est bien là et son petit coeur bas. J’ai pour recommandation de ne rien porter de lourd. Pas de sport et de travailler étant assise.
Je commence ma vie au ralenti. Je marche comme une tortue. Et enfin je fais l’échographie 13 semaines (je regarde bébé et une voix me dit c’est sûre c’est un garçon) une prise de sang pour les tests de trisomie. Bébé est normal tout est beau et merveilleux. Son coeur bas tellement bien je pleure de joie.
Semaine 15 je refais une prise de sang pour le sexe fœtal, je veux savoir. J’ai pris beaucoup de vêtements unisexe je veux en acheter encore mais j’aimerais savoir. Semaine 16 je reçois les résultats de la prise de sang du sexe. « Félicitations c’est une fille » ooh mon Dieu quelle joie, mes sœurs et moi somme en émoit. C’est une vraie bénédiction une fille, les files sont rares chez nous. Elle est vraiment un cadeau du ciel. C’est mon amie pour la vie. C’est notre princesse. Et je dois trouver un prénom. Tout de suite Léa
Ma petite Léa d’amour. Mon bébé d’amour. Je dois lui prendre des vêtements roses. Des robes. Ooh une petite filles.
On me demande et je suis heureuse d’annoncer que c’est une fille. J’ai mon rendez-vous le 24 Octobre avec le gygy. Elle écoute le cœur du bébé tout est beau. Elle me dit faut qu’on se rassure que tu ne fais pas de diabète de grossesse. Je prend mon rendez-vous pour décembre. J’ai mon échographie 20 semaine pour le 26 novembre. J’adore voir Léa. Elle est belle et j’ai hâte de la voir à l’écran.
Nous sommes le 2 novembre 2021, j’ai des vertiges au boulot. De retour je me fais du pop-corn et je prend une pomme. J’ai mal au bas ventre je m’allonge rapidement. Mais la douleur n’est pas aigüe comme d’habitude. C’est une douleur intermittente mais pas trop forte. Je m’inquiète. Mais gygy a dit si les fibromes te font mal prends du tylenol. Ce que je fais. Impossible de dormir. Finalement à minuit je m’endors pour me réveiller à 4h. Les mêmes douleurs sont là et se rapprochent un peut. C’est bizarre que se passe t’il? C’est peut-être les contractions de braxton hills. Pas d’inquiétude.
Je me lève ce 03 novembre 2021 un bain et je vais me faire à manger. Je dis bonjour à Léa et je suis bien décidé si j’ai mal à nouveau je ne vais pas travailler. Mais juste un autre pas et mon Dieu, la poche des eaux s’est rompu. Mon Dieu, je suis foutu. Mon bébé, ma Léa, on ne va pas vouloir l’aider. C’est trop top. Tu es à 18 semaines. Les pleures, j’appelle ma soeur pour lui dire emmène moi aux urgences. Je pleure, je me couche les pieds en l’air. J’ai tuer mon bébé me dis je. Pourquoi j’ai pas arrêté de travailler pour rester coucher et préserver ma princesse? Pourquoi j’ai travaillé 2 heures debout la veille? Je veux remonter le temps. Je veux tout recommencer. Dieu donnes moi une seconde chance. Léa, ma Léa ne me quitte pas.
Me voici aux urgences. Je passe au triage. Après mon récit l’infirmière semble déconcerter. Elle me dit il faut faire une échographie avant de rencontrer le médecin. Il est 09:30. Elle me dit commence à boire de l’eau. J’ai pas de saignements. J’ai envie de faire pipi mais je me retiens. L’horloge tourne 11h, 12h. Elle m’appelle pour une prise de sang. Et je retourne en salle d’attente. 13h, 14h et enfin on m’appelle pour l’échographie. Je me presse pour y aller.
Je suis dans la salle. Je pleure depuis longtemps. Les femmes à côté ont un ventre plus ronds. Et sortent heureuses de leurs échographie. Je pleure. Mon masque est mouillé. Je le change et je le mouille à nouveau de mes larmes. Une question me hante depuis. Si son petit coeur bat toujours, il faut qu’il y’ai encore du liquide amniotique pour pouvoir pousser la grossesse. Sinon ma fille est condamnée. Seigneur qu’ai je fais de mal? Et mon téléphone sonne c’est ma superviseur, elle n’a pas vue mon message. Je lui explique que je suis aux urgences et que j’ai perdu les eaux. Elle veut savoir si je vais travailler demain. Je lui dit non. C’est clair pour moi si le coeur de Léa bat, je vais insister pour qu’on n’hospitalise pour essayer de reconstituer le liquide amniotique. J’arrête le travail si c’est impossible d’avoir du temps.
On m’appelle pour mon échographie. Et c’est le début. Le technicien est trop sérieux. Aucune parole. Aucun regard vers moi. C’est très différent. Il ne montre aucune émotion trop sérieux. L’écran n’est pas très visible. Il ne me fait pas écouter le coeur. Finalement je fais un gros effort pour voir l’écran. Léa semble couché sur le dos au fond de l’utérus. Il me dit juste « je vais montrer les clicher à mon supérieur » et je reviens. Il revient et sans émotions il me dit « vous pouvez vous habiller et retourner aux urgences. Le médecin va pouvoir vous rencontrer »
Retour aux urgences. Les pleures. Comme depuis le début je mets ma tête dans un gros vêtements pour pleurer. J’ai honte de montrer ainsi mes émotions. Je texte ma soeur qui veut savoir. Je lui dit c’est fait pour l’échographie. J’attends de voir le médecin.
16:45- on m’appelle on se trompe de salle. Je signale que la salle 3 est déjà occupé par un autre patient. 15 minutes en fin je suis à la salle 5. Le médecin arrive. Et il me demande ce qui s’est passé. Je raconte ma journée cauchemardesques. Et lui de me dire « je suis navré votre grossesse n’est pas viable ». J’éclate en sanglot. « Je suis désolé il y’a pas d’autre moyen pour vous l’annoncer. A l’échographie on a eut aucun battement de cœur. Il est fort probable que le coeur du fœtus a cessé de battre depuis longtemps. Ceci explique le déclenchement du travail, les contractions et la rupture de la poche des eaux. Il y’a plus de liquide amniotique » je lui demande la suite car comment on procède dans ces cas? Il me demande si j’ai un conjoint je répond non, si je suis accompagné, je réponds non, les garderies sont en grève et ma soeur est obligé de rester avec son fils. Il me rassure il y’a une équipe d’infirmière qui seront là pour moi. Il va appeler la gygy de garde pour qu’elle me prenne en charge.
Je pleure, encore et encore. Je veux remonter le temps mais impossible. J’informe ma soeur. Finalement à 19:15 je suis conduite au pavillon gynécologique. Il y’a personne. Gros stresse. La gygy arrive finalement. Elle est très gentille. Elle fait son examen. Fait des prélèvements. Elle veut savoir si j’ai pas eu une infection, non pas à mon connaissance. Elle appelle la maternité pour savoir s’il y’a une salle de libre et bingo il y’en a une. Bonne nouvelle je ne vais pas passer deux jours avec Bébé dans cet état. On passe à la maternité.
On m’installe dans une chambre. Elle m’explique les méthodes. Hors de question pour le curetages, je veux voir Léa. Surtout que gygy m’explique les risques et me dit qu’elle me conseille qu’on déclenche l’accouchement. C’est d’accord. Il y’a des examens à faire avant. Un cathéters est posé. Ma soeur arrive à 20h elle me donne du courage. On a une quinzaine de petite fioles à remplir pour la prise de sang. J’ai même pas mal. Je mange mais je rejette tout. L’infirmière s’inquiète. Elle avertit la gygy et on me met une perfusion pour les nausées. Je ne vais pas pouvoir prendre les comprimés sous la langue.
Je prend les deux premiers comprimés par un autre moyen. On me dit que ce sera tous les 4 heures et probablement je vais accoucher au petit matin mais on l’ignore vraiment. Il est 21:45. Ma soeur doit partir. L’infirmière entre de temps en temps vérifier mes paramètres. Je suis d’accord pour la péridurale. On me propose des tylenol, c’est non j’ai pas vraiment mal.
A 23:15 les contractions commence juste 2 minutes après le départ de l’infirmière de la chambre. C’est douloureux, j’ai pas de péridurale Mais j’ai jamais accouché avant je ne comprends rien. Et puis 23:50. Léa est là. Je suis toute seule la chambre est plongée dans une lumière tamisée. Je touche mon bébé je touche ses mains sa tête ses pieds. J’appelle pour signaler sa venue. Je ne suis pas délivré. J’ai mal, c’est plus douloureux que l’accouchement. Je veux prendre Lea mais j’ai peur de tirer sur le cordon et qu’il se coupe. Comment faire? J’attends encore et encore. Finalement à 24:15 une infirmière arrive elle vient de prendre service. Elle se présente. C’est moi qui vais prendre soins de toi. Je lui dit merci et l’informe que mon bébé est déjà né. Et elle panique me demande l’heure je lui dit entre 23:50 et minuit. Mais je ne suis pas délivré. Elle coure partout. Faut trouver la gygy, je demande un truc pour la douleur. Finalement délivrance et c’est à ce moment qu’on m’apporte la morphine. Je dit non plus besoin. Je veux ma fille je veux la voir.
Léa est dans mes bras. Je la regarde. Son visage m’est inconnu. Aucun trait de ressemblance, mais elle est parfaite comme je l’avais imaginé. Une belle petite fille en formation. Je pleure et je lui demande dans ma tête d’ouvrir les yeux, de respirer. Je touche ses mains ses pieds. Et je la remets à l’infirmière. Un personne m’a dit qu’on habille et on te ramène bébé. J’oublie de m’informer sur les pratiques de l’hôpital. En fait on m’a parlé de la boîte de souvenirs, des photos. Et ils m’ont demandé si je voulais la tenir j’ai dit oui.
La gygy, me dit que j’aurais un arrêt de travail. Et qu’une autopsie sera pratiquée pour connaître les raisons. Mais qu’en observant le ventre du bébé on constate qu’une partie des intestins et du foie se retrouve au niveau du cordon ombilical. Elle ne pouvait pas vivre avec une telle malformation. Mais on attendra l’autopsie.
On me conseille de dormir un peu. Je pourrais sortir au petit matin. On va m’apporter toute la paparasse à signer. Le premier document j’autorise l’autopsie. Et l’infirmière me demande si j’ai pensé à une maison funéraire. Non. Et tout se bouscule dans ma tête J’ignore tout de cela. Je sis dans ce pays depuis 3 ans. Combien ça coûte? Est ce que j’ai les moyens d’enterrer Léa? Comment ça va se passer toute seule. Je décide que l’hôpital peut disposer du corps de Léa. Je me suis souvenu qu’une personne qui vécu cela avait pris la même décision et on lui a dit où était inhumé son petit ange. Vers 6 heures j’informe mes autres sœurs. On pleure on est toutes en détresse. Et je me rend compte qu’on m’a apporté la boîte souvenir de mon ange et que ses vêtements y était. Et le coup dure tombe je ne vais pas la revoir. Le protocole n’est pas le même.
On prend mes derniers paramètres je demande à l’infirmière la sortie car j’ai tout oublié, et j’appelle ma soeur pour qu’elle vienne me chercher. J’entends les pleures d’un bébé à côté. Et je revois Léa. Je m’habille et je réalise que je vais traverser la maternité avec une boîte vide. Toute seule. J’ai laisser ma fille seule. Est t’elle à la morgue? Comment je vais faire le deuil?
J’essuie mes larmes. Sois forte je me le dit intérieurement. Je prend mon sac à main, ma boîte souvenir, très belle attention et je me lance. Je remarque au passage le plateau de petit déjeuner qui avait été livré, j’ai rien remarqué. Je traverse la maternité toute vide en dedans, toute perdue, j’entends les pleures dès bébés mon coeur saigne. Mais je me suis promis aucune larme jusqu’à dehors. Pas de larmes jusqu’à la maison. Je fais un coucou à l’infirmière à la réception. J’ignore à quel moment elle s’est retrouvée près de moi, elle me souffle des mots gentils que j’oublie aussitôt mais lui dit merci. J’ai oublié tout leur prénom. Elles ont été trois à s’occuper de moi avec douceur et tendresse. Enfin dans l’auto. Un coucou avec un sourire à mon neveu. Il ne doit pas me voir pleurer. Il a pleurer la veille car il m’a vue pleurer.
Et la grande question le 6 novembre. « Qu’est ce que l’hôpital t’a dit qu’il ferait du corps du bébé? » je réponds toute naïvement que j’ai pas demandé. Et là l’angoisse. Je me connecte sur internet et je commence les recherches et là coup de massue. Il y’a deux traitements Pour les fœtus de 500g et moins on les considère comme des déchets médicaux une insémination de groupe, aucune urne pas de sépulture c’est le cas de ma Léa. Moi qui pensais que j’aurais un endroit où aller pleurer. Je prie que cette information sur le net ne soit pas vrai. On parle aussi sur le net qu’il y’a pas d’autopsie. Je comprends plus rien.
Mon deuil ma douleur, mon envie de faire exister Léa. J’ai pas encore informé ma mère. Je l’ai appelé et j’ai manqué de courage.
Mon amour Léa, ma petite princesse, ma sourissette tu me manque.