Nos Petits Anges au Paradis
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 Liam mon amour pour toujours

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Liam21

Liam21


Nombre de messages : 598
Age : 34
Localisation : Rawdon (région de Lanaudière, province Québec)
Je suis : Maman de
Ange(s) : Liam

et petite poussière d'ange


Décédé(e) à : 22 semaines de grossesse.

12 semaines et 5 jours de grossesse.


Le : 21/11/2008 (Liam)

02/08/2011 (petite poussière d'ange)


Date d'inscription : 12/12/2008

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MessageSujet: Liam mon amour pour toujours   Liam mon amour pour toujours Icon_minitimeVen 19 Déc - 19:15

~ 1 ~


Ça fait un bon moment que je pense écrire l'histoire de mon petit ange Liam.

Je lis celle des autres femmes, et je vous trouve forte de pouvoir écrire tout ça. Je vais essayer, malgré toute la souffrance que j'ai de vous livrer l'histoire de mon petit amour, mon petit garçon Liam.

J'ai perdu mon petit ange le 21 novembre 2008. Cela va faire 1 mois dans 2 jours. Il y a 4 semaines exactement aujourd'hui que j'ai accouché de lui.

Tout a commencé en surprise au mois de juillet. Je devais commencer un DEP à la fin août. Mon conjoint et moi moi désirions partir en appartement. On avait hâte d'avoir notre chez nous et surtout de pouvoir y fonder notre famille. Nous voulions avoir des enfants dans 1 an ou 2, le temps que je finisse mon cours.

Mon copain travaille dans une usine, pas à un salaire très lucratif mais pas non plus au salaire minimum. C'est une bonne job, avec une bonne assurance et puis étant donné qu'il n'a que son sec 1 (on est pas tous fait pour les études!), il est chanceux d'avoir trouvé un bon emploi stable. Bien-sûr, il travaille très fort.

Mais voilà, que bien que je prennes la pilule, je suis en retard dans mes règles, d'une journée oui, mais en retard! Ne pas avoir eu de test de grossesse chez moi, je ne m'aurais pas précipitée à la pharmacie pour m'en procuré un, je n'étais pas vraiment inquiète. J'attends le lendemain matin, pas de règles... Alors je sors mon test et puis... 3 belles secondes après y avoir déposé mon urine, 2 belles petites lignes bien distinctes apparaissent! Alors c'est le matin du 24 juillet que j'apprends avec surprise et bonheur que je porte la vie en moi.

Quelle joie!

Bon d'accord, ça vient drastiquement changer nos plans, ça vient tout chambouler mais wow... pas question de faire autrement. C'est arrivé comme ça et c'est la plus belle chose qui soit au monde de donner la vie. Mon copain, ma famille et moi sommes aux anges! Déjà, on commence à se faire des scénarios. Quelle "bouille" il aura, qu'est-ce qu'il fera à 2 et 3 ans, moi en train d'accoucher lol. On rigole beaucoup et on est tellement heureux.

J'ai du annulé mon cours et comme celui-ci devait être payé par Emploi-Québec et que je devais recevoir des prestations, je ne travaillais pas. Mon chum était le seul à avoir un salaire. Mais mon copain préférait que je sois à la maison pour notre enfant. Ça me rendais triste de ne pas pouvoir l'aider plus financièrement, mais quand on a pas le choix...

Alors, mon chum et moi commençons en vitesse à chercher un appartement, on en trouve un, le visite, signe le bail et devons attendre jusqu'au mois d'octobre pour entrer dedans. Un beau 4 et demi parfait pour notre petite famille qui s'en vient. Une belle chambre juste pour notre petit amour qui se fabrique dans mon ventre.

Pour vous mettre en contexte, ma mère fait de l'incompétence du col. Elle a eu ma soeur Caroline à 31 semaines, après avoir été au repos à partir de 5 mois (elle était chez elle et pouvait marcher, mais devait être calme), ma soeur a passé des mois à l'hôpital à être entre la vie et la mort. D'un jour à l'autre tout pouvait basculer. Elle a été opérer à coeur ouvert et plein d'autres trucs. Parcontre aujourd'hui ma soeur a 28 ans et elle va super bien, elle a été chanceuse de ne jamais avoir d'ennuies de santé par la suite et de ne pas garder de séquelles.

Ensuite, ma mère a perdu une petite fille du nom de Virginie à 21 semaines. Ma mère avait 19 ans, son bébé 5 mois, et elle l'a perdu au mois de novembre. Pareil, pareil comme moi. Triste et malheureuse coïncidence.

Et puis, à mon frère et à moi, elle a été cerclée. Elle a eu mon frère à 34 semaines, et moi à 37 semaines. Des beaux gros bébés en santé. Ça demeurait des grossesses à risque et plusieurs fois elle a du se rendre à l'hôpital pour faire arrêter ses contractions ou pour autre vérification, mais au moins, le jeu en a valu la chandelle.

Donc, tout ça pour dire qu'après toutes les grossesses difficiles de ma mère, je n'avais aucunement envie que cela m'arrive à moi. Moi qui suis née mère. Moi pour qui le seul but ultime, l'accomplissement de tout se résume à donner la vie et partager cette belle vie de famille avec ses hauts et ses bas.

Alors, dès que j'ai su que j'étais enceinte, je me suis vite mise sur le téléphone pour dénicher un gynécologue-obstétricien. Je n'allais pas confier ma grossesse à n'importe qui! Je voulais ce qu'il y avait de meilleur, un spécialiste! Pas seulement un docteur de famille qui fait des suivis de grossesse. Pas par prétention mais parce que vous le savez, dès qu'on est enceinte, on désire ce qu'il y a de mieux pour notre bébé.

Alors, premier rendez-vous, j'informe ma gynéco que ma mère fait de l'incompétence du col, je lui explique toute son histoire et ses antécédents. Elle me dit qu'elle va suivre ça de près, oui oui... Ensuite, elle me fait un exam gynécologique, puis enfin, le moment tant attendu, je peux écouter le coeur de mon bébé. (J'avais 12 semaines) Elle met le moniteur sur mon ventre et... PO-TOC PO-TOC PO-TOC! Wow...Le coeur de mon petit amour, mon petit bébé à moi. Là, surtout ça devient réel, il y a la vie en moi il n'y a plus de doutes! Mon copain et moi avons la larme à l'oeil et le coeur en fête.

Deuxième rendez-vous... pas d'examen gynécologique, je lui demande pourquoi étonné et elle me dit qu'elle ne m'en fera pas avant la fin du 8e mois, que c'est comme ça. Je trouve ça bizarre tsé mais qui suis-je avec mon sec 5 pour commencer à faire chier une fille qui a des tas de diplômes? C'est pas moi qui ai suivi mon cours en médecine et en gynécologie-obstétrique. Je lui fais confiance.

Toute ma grossesse va bien, non pas seulement bien mais à merveille. Le ventre qui grossit et devient bien rond, le bébé qui bouge, j 'apprend le 4 novembre que c'est un petit garçon! Surprise! Tout le monde s'attendait à une fille! Un petit garçon wow... Moi qui a toujours pensé avoir une fille en premier là, à l'instant où j'apprend que c'est un garçon je ne voudrais pas pour tout l'or du monde qu'il en soit différent! Je suis littéralement en amour avec mon petit gars qui bouge et me signale sa présence. Même seulement avec l'écho, on voit déjà qu'il ressemble à papa, je vous jure, c'est fou. On dirait qu'il a mon nez parcontre et mon menton. Mais la tête et tout c'est mon conjoint Marc-André tout craché. Bon je sais qu'on devient crac-potes quand on attend un enfant mais enfin. Et il a l'air grand, même à 20 semaines. Ça va être le plus beau bébé du monde que je metterais ma main au feu et qu'elle ne brûlerait pas. Il s'appelera Liam.

Mon docteur me cédule un rendez-vous à 22 semaines pour une écho du col. Pour celles qui ignorent c'est quoi c'est par voie vaginal et ils t'insèrent un truc qui a l'air d'un godemiché, avec un condom dessus et du gel. Ce n'est absolument pas douloureux et ça prend 30 secondes.

3 secondes après avoir mis ce truc en moi elle change de face et fait: «Oh...» «Oh j'aime vraiment vraiment pas ce que je vois...» Bon déjà là on s'entend que ça te rassure pas particulièrement. Elle me dit de m'allonger vite et puis elle m'annonce: «Ah ben, t'es comme ta mère... Ton col est complètement effacé et tu es dilatée à 2. Je pensais pas que tu serais comme ta mère...»

De quoi "je pensais pas que tu serais comme ta mère" ?!! C'est quoi ça veut dire... C'est parce que si j'avais voulu engager un grand penseur pour ma grossesse, j'aurais fait affaire avec Socrate pas avec une gynécologue-obstétricienne! Je ne lui dit pas, de toute façon, je suis trop sur le choc pour penser même à dire quelque chose.

«Pour cette grossesse-ci, t'as 50% de chance d'avoir un enfant en vie et puis pour tes autres grossesses, tu vas devoir être cerclée. Je ne sais pas ce qui va arriver avec toi... On va te transférer à Ste-Justine demain en ambulance, là-bas, ils vont pouvoir t'en dire plus...»

Autre claque en pleine face... Toute une. Avec son discours de "t'es comme ta mère, tu fais de l'incompétence du col", j'avais pas encore saisi ce qui arrivait. Je comprenais pas. C'est comme si le message voulait pas se rendre à mon cerveau.

Ma vie s'écroule, le sol s'ouvre sous mes pieds, je me sens tombé à l'intérieur de moi. Y'a 30 belles secondes ma vie était parfaite. Parfaite parce qu'il y a un petit ange qui pousse dans mon ventre. Parfaite parce que j'ai un soleil dans le bedon. Maintenant, y'a toujours ce soleil, toujours ce petit ange, mais ce petit ange a déjà 1 pied au paradis. Recule mon petit Liam. Reste avec maman.

On me couche sur un lit, la tête par en bas, les jambes plus élevés (pour éviter de faire de la pression sur le col) et puis on m'amène dans une chambre.

Moi qui a toujours eu LA phobie des hôpitaux et des prises de sang, (nonon ce n'était pas ordinaire mon affaire, juste d'en parler, je me sentais défaillir...) et qui en plus a des petites veines fuyantes et très profondes (donc ils ont toujours de la misère à me piquer) là j'ai été servie en masse. Prises de sang pour ci pour ça. Oh non, les prélèvements sont pas bons, on t'en prend d'autres. Essaie de piquer dans le creux du bras, marche pas, dans l'autre, oui. Essaie de mettre un cathéter dans la main droite, marche pas, essaie dans l'autre. Puis-je vous dire qu'avec mon séjour à l'hôpital Pierre-Le-Gardeur et celui à Ste-Justine, j'en ai eu pour 3 semaines à avoir des bleus et à avoir mal.

Enfin bref, disons que même si jusqu'alors c'était ma phobie, ce qui me faisait le plus peur, là, j'en avais clairement plus rien à foutre. Faites de moi ce que vous voulez, je veux seulement mon petit garçon.

Mon amoureux doit partir, il travaille le lendemain matin. Non, vas-t-en pas... Restes avec moi. Me laisse pas ici toute seule. Me laisse pas ici avec mon trop gros malheur, ma trop grosse peine. J'ai mal, mal...

Nuit malheureuse à espérer, à te remémorer que y'a 1 et puis 2 et puis 3 heures et etc, ta vie était parfaite. Nuit à sentir ton bébé bouger, et au lieu de t'en réjouir, ça te fait peur. Peur de ne plus avoir le bonheur de le sentir bouger longtemps. Peur qu'il se pointe le bout du nez trop tôt.

Et qu'il te laisse vide.

On me transfère à Ste-Justine le lendemain matin en ambulance. Lorsque je suis dehors je m'aperçois qu'il fait vraiment froid. Ça sent l'hiver. Nous sommes le 19 novembre. C'est comme si en 1 jour, du temps que je suis entré à l'hôpital, la saison avait changé tout d'un coup. L'hiver était là. Je me demande alors si mon Liam verra ça. Les saisons qui changent. La buée qu'on fait lorsqu'on respire en hiver, les arcs-en-ciel en été qui viennent changer le décor triste de la pluie en festival de couleurs, les feuilles qui se changent en mille feux orangés et rouges en automne, et l'espoir de la nature qui se recrée au printemps, là où tout recommence, où tout a une seconde chance. La beauté de la vie. Cette beauté grandiose surtout quand elle est enveloppée et remplie d'amour.

Sens-tu tout l'amour que j'ai pour toi Liam? Sens-tu que je me donnerais corps et âme pour toi mon amour? Sens-tu que tu es tellement aimé que tu as l'obligation de t'accrocher. T'accrocher pour vivre. Vivre toute la beauté qui t'attend ici.




[Pour les commentaires, s'il vous plaît, envoyez-moi des messages
privés, je voudrais que les témoignages se suivent, merci beaucoup, je
vous adore! Au plaisir d'avoir de vos nouvelles!]


[suite un peu plus tard, peut-être demain ou plus tard ce soir...]

[Désolée si c'est long, mais c'est l'histoire de mon petit ange Liam et à sa mémoire je lui dois au moins ça...]





Je t'aime mon Liam, tu es mon petit ange, mon petit bonheur qui rit au ciel et veille sur nous. Je t'aime xxx xx xxx xx xxx xx xx xx xx x x xxxx Like a Star @ heaven


Dernière édition par Liam21 le Lun 22 Déc - 14:59, édité 2 fois
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Liam21

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MessageSujet: Re: Liam mon amour pour toujours   Liam mon amour pour toujours Icon_minitimeLun 22 Déc - 14:33

~ 2 ~


J’étais sensé écrire ça ici hier, j’ai commencé, mais je ne l’ai pas envoyé, c’était trop dur. Je ne croyais pas que ça me ferait aussi mal. Alors ça va comme suit...

21 décembre 2008,


Aujourd'hui, mon garçon aurait 1 mois. Il y a un mois de ça, je le sentais encore bouger dans mon ventre et il est parti à 14h43.

C'est dur.
Parce que c'est le temps des fêtes avec Noël qui approche,
Parce que je n'ai pas du tout le coeur à la fête,
Parce qu'il n'y a tellement pas longtemps, il était là, porteur de mille promesses
Et pourtant, on dirait que c'était dans une autre vie.

Je vais tenter de vous livrer la suite de l'histoire de mon beau Liam.

Alors, je disais donc, qu'on venait de me transférer à Ste-Justine en ambulance après avoir appris avec stupeur que je mon col était effacé et que j'étais dilatée à 2 et après avoir passé la soirée et la nuit à l'hôpital Pierre-Le-Gardeur à Lachenaie.

J'arrive en civière, on m'amène à quelque part, je ne sais trop où, on ne sait pas qui je suis, pourquoi je suis là. On finit par comprendre que c'est moi "la" transférée de Pierre-Le-Gardeur, on me transfère dans une autre genre de civière qui ressemble à un petit lit, on me conduit dans une petite salle où on me fera une autre écho du col.

Je dois mentionner que depuis mon écho du col de la veille, je suis restée en jaquette d'hôpital, sans petite culotte et que je dois toujours restée sans bouger mis à part peut-être pour mon tourner de côté un peu. Mais dans la mesure du possible, pas trop souvent. Je ne dois pas me relever ne serait-ce qu'un peu, même pas pour manger, je dois faire ça la tête plus basse que le reste de mon corps. Je ne peux ni aller faire pipi ni caca. Je dois faire ça dans une bassine dans mon lit. Enfin, je ne veux pas me plaindre, mais disons que... à la journée longue... c'est long longtemps.

On finit par venir me voir. Alléluia! Je pensais bien qu'on m'avait oublié. On me passe l'écho du col. On voit la tête du bébé. Je ne sais pas si c'est mauvais signe. Apparemment ça n'a pas l'air d'étonner la femme qui me passe l'examen. Ensuite, on me passe une écho du ventre. C'est la dernière fois que je verrai mon enfant en vie. Que je le verrai bouger, s'agiter, comme s'il me disait que lui dans mon ventre il est bien, il n'y a pas de problème, tout baigne alors que dans mon coeur, dans ma tête, il n'y a plus rien qui va.

Mon bébé parfait, avec tout ses morceaux. Je me rappelerai toujours de l'image très clair de lui, de tout son long où je voyais toute sa colonne, toutes ses petites vertèbres de la tête aux pieds. Il bougeait et avait l'air bien. Je vois son petit coeur, qui pompe, qui bat. C'est si minuscule. Et son petit visage, on dirait qu'il sait que je le regarde et qu'il me dit : «Bonjour maman, c'est moi Liam, ton garçon, es-tu heureuse d'être ma maman?»

Oui, je le suis mon beau Liam, oui, c'est ce dont je suis le plus fière. Tu es mon amour, ma passion, mon coeur. Et c'est à ce moment que je lui jure que lui et moi on va se rendre jusqu'au bout, qu'il va vivre, que maman va tout faire pour le sauver. Que lui et moi, dans quelques mois on va vivre la plus belle histoire d'amour. Mais pour l'instant, il doit rester dans le bedon de maman, il doit rester bien au chaud et à l'abri des dangers. Reste avec maman mon beau garçon, tu vas vivre. Accroches-toi assez longtemps, je t'en pris mon bel ange.

(Fait assez ironique, dès que j'ai appris que j'étais enceinte, tout de suite, le surnom que j'ai donné à mon bébé c'était "Mon petit ange", bien avant de savoir le sexe. Et je ne sais pas pourquoi parce que personne de ma famille ou de mon entourage n'avait ce surnom... Et partout où j'ai écrit pour lui, sur les boîtes, dans mes cahiers, partout c'était déjà "Mon petit ange". C'est triste et beau à la fois. Je t'aime mon petit ange xxxx)

J'aurais voulu garder pour l'éternité ces petits bout de vidéo qui m'accrochaient encore à lui. Dommage. Vraiment dommage...

Vous savez quand on a pas beaucoup de souvenirs, les moindres choses nous paraissent comme très précieuses.

Alors après 25 min ou plus je ne sais, qui m'ont paru une éternité, on se souvient que je suis là, et on me trouve une chambre.

Je me retrouve alors dans le coin d'une pièce à côté d'un garde-robe avec une autre femme, elle près de la fenêtre, qui s'en ira quelques heures plus tard.

On vient enfin me voir, c'est une docteur je crois, elle aussi est enceinte. Elle me passe un examen gynécologique. Elle dit que d'après elle c'est encouragent, qu'ils devraient peut-être pouvoir me faire un cerclage d'urgence. Elle ne m'en dit pas plus, elle reviendra plus tard sans doute avec des nouvelles.

Alors c'est ça. Je ne peux qu'attendre. Je promets à mon bébé que ça va bien aller. Mais qui est-ce que je tente de convaincre? Mon Liam ou moi plutôt? Je suis perdue, seule avec le coeur immensément lourd et muet. Je voudrais pouvoir fermer les yeux assez longtemps pour me réveiller et que tout sois différent. Je voudrais fermer les yeux quelques mois et me réveiller pour accoucher de mon gros bébé d'amour. Je ne veux pas vivre tout ce qui s'en vient. J'ai peur. Quand on est enceinte, on pense pour deux, mais malheureusement dans trop de cas, on est impuissante pour deux également. Il a beau être en nous, mis à part, faire attention à nous, on ne peut rien faire de plus. On ne peut rien contrôler. C'est ça aussi qui fait mal. Je suis sa mère, et je ne peux rien faire pour me protéger mon petit garçon. Il n'est pas à l'autre bout du monde pourtant, il est plus proche qu'il ne pourra jamais être, il est en moi, dans mes tripes, dans mon coeur et je n'ai aucun pouvoir.

On vient me voir un peu plus tard, le docteur de tout à l'heure est avec un autre médecin: Dr Louise Duperron. Elles me disent que selon les examens et les échos, il y a de bonnes chances qu'un cerclage d'urgence soit possible. 75 à 80% de chances que tout se passe bien et que je puisse avoir mon beau bébé dans quelques mois. Elles disent qu'il y a de bonnes chances parce que mes membranes (la poche des eaux et tout) ne sortent pas et ne sont pas bombées alors elles ne devraient pas avoir à les repousser pour attacher mon col, donc moins de chances qu'elles percent mes membranes. Bien-sûr c'est plus risqué qu'un cerclage d'urgence, mais si on ne fait rien c'est sûr que j'accouche trop prématurément.

Alors, elles me disent que l'opération aura lieu vendredi matin (nous sommes mercredi soir). Elles me font signer un papier comme quoi, j'accepte de me faire opérer et tout. Je signe en me demandant si c'est un pacte avec la mort que je signe pour mon bébé. Je ne veux pas y penser. Les nouvelles sont plutôt bonnes non?

On me dit qu’on va venir me chercher le lendemain pour faire des prélèvements vaginaux en vue de mon opération du vendredi.

Alors je téléphone à mon copain, à ma mère pour leur annoncer que je me fais opérer le vendredi. Je leur fait promettre d'être là. Ça tombe bien ma mère est en congé jeudi et vendredi. Parcontre mon chum devra manquer l'ouvrage. Il me promet d'être là, il demandera à son patron. (il avait déjà manquer l'ouvrage mardi après-midi pour mon rendez-vous et comme ça fait 2 mois qu'on est appart, on est pas mal serrés dans nos affaires, mais bon...)

Mon copain vient me voir le soir, assez tard et ne pourra pas rester longtemps. Je suis tellement heureuse de le voir, je l'ai attendu toute la journée. Mais c'est tellement déchirant à la fois. Je n'aime pas qu'il me voit comme ça. Tout dépeignée, le visage blême, avec des tas de ouates et de collants transparents là où ils n'arrêtent pas de me faire des prises de sang, avec un cathéter dans la main, en jaquette d'hôpital. Je ne veux pas non plus qu'il me regarde quand je dois faire pipi dans ma bassine. Je me sens tellement rabaissée. Comme une vieille personne qui n'a pu de condition de vie. Qui est sale, qui put, qui est complètement à la merci de tous et dont personne ne s'occupe.

Mais je ne suis pas une vieille moi! J'ai 19 ans! Je suis fière en temps normal! Je suis capable de m'occuper de moi! Je n'ai pas besoin de sonner sur un piton pour qu'on vienne vider ma bassine. Je n'ai pas besoin d'attendre des heures, parce que trop souvent on m'oublie, à côtés de ma bassine qui put. Je ne peux me "laver" les mains qu'avec le distributeur d'antiseptique qu'on m'a prêté. Mais ça ne les lave pas. Ça ne fais que tuer les bactéries. Je suis une belle merde, un numéro. Un numéro qu'on oublie. Mais ce n'est pas ça le pire, moi, on peut bien m'oublier, mais pas mon bébé! Il demande à vivre sinon il ne se serait sûrement pas pointer la fraise alors que sa maman prenait la pilule. Il voulait être là. Je sais il me l'a dit, dans mon coeur. Mon petit ange.

J'espère pendant tout ce temps pouvoir raconter ça à mon fils quand il sera vieux, tout ce qu'il m'a fait vivre pendant qu'il était dans mon ventre. Mais ça, jamais je ne le lui "renotterai", jamais... Parce que ce n'est pas sa faute à ce petit poupon. Même que selon moi, il n'est pas bien chanceux d'avoir tombé sur une foutue mère avec un col incompétent. Il ne pouvait pas savoir petit ange. J'espère qu'il ne regrette pas malgré tout de m'avoir choisi comme mère.

Mon beau Marc-André doit partir, avec la promesse que ça ira mieux. Mais je vois dans ses yeux qu'il ne sait pas. Qu'il a peur lui aussi. Je vois dans ses yeux qu'il a mal, qu'il ne sait pas quoi dire d'autre. Il m'aime. Je l'aime aussi. Il veut mon bonheur, il veut notre bébé tout aussi fort que moi.
Il le veut pour deux je crois.
Il le veut pour lui tout d'abord et il le veut pour moi aussi également parce qu'il sait trop à quel point je désire cet enfant, de tout mon coeur, de toute mon âme. Et il craint le "si". Le si notre bébé ne survit pas?
Qu'est-ce qui se passe ensuite? Il me retrouvera complètement anéantie. Complètement vide. Avec le coeur en bandouillère, comme un boulet qu'on traîne.

Mais mon Marc-André est fort. Du haut de ses maigres 18 ans, il va passer au travers. Je l'aime. Je l'aime tellement. Il est mon pilier, mon support, fort comme un immense chêne. Il est là. Il me donne de la force dans les moments où j'en manque. Il est ma source. Mais surtout, il le père de mon enfant. C'est lui qui m'a donné ce beau cadeau que je porte bien jalousement dans le creux de mon ventre. Je voudrais tellement lui promettre que je vais lui donner ce beau garçon. Son premier enfant. Je voudrais tellement...

Il s'en va. Sûrement le coeur gros.

J'espère que mon petit garçon est aussi fort que son papa. J'espère qu'il a sa force. Il faut qu'il s'accroche. Tu vas voir mon petit Liam comme c'est beau ici. Mais pas tout de suite, accroches-toi mon amour.

Je passe la nuit encore sans sommeil, avec l'espoir d'un "y'a de très bonnes chances que tout se passe bien". J'ai peur. Mais je dois m'accrocher à ça.

Jeudi matin, Dr Duperron vient dans la chambre pour voir Julie, la nouvelle fille avec qui je partage ma chambre. Une fille très gentille qui est ici pour ses plaquettes sanguines. Ça n'a rien d'inquiétant et je suis contente pour elle. J'en profite de la venue du docteur pour me faire rassurer, encore. J'en ai besoin. Je lui redemande s'il y a de bonnes chances que tout se passe bien. Elle me dit que selon elle, il y a même 90% de chances que tout se passe bien.

Alors, même s'il y a toujours ce détestable 10% qui traîne à quelque part dans le reste, mon coeur se gonfle un peu d'espoir. Si la situation ne serait pas si triste, je crois que je bondirais de joie. C'est comme ça à l'hôpital, quand tu es impuissante, une phrase et tout peut changer, basculer. Cette fois-ci, c'est en bien, alors, profitons-en!

Julie doit aller passer sa première écho, elle a 13 semaines je crois. Elle revient avec une bonne nouvelle, c'est une petite fille, pratiquement sûr selon les docteurs bien qu'elle soit encore petite. Je suis tellement heureuse pour elle. Elle le mérite après tant d'effort (elle a été inséminée in-vitro et c'est la première fois qu'elle se rend aussi loin). Je lui dis qu'on a le "couple" dans la chambre puisque moi c'est un petit garçon. Et déjà je vois des jours meilleurs pour mon petit ange. Ça va bien aller. Comment ça pourrait être différent? Mon petit bébé est là pour vivre, pas pour mourir.

On vient écouter le coeur de mon bébé, l’infirmière a de la misère à le trouver là ou elle le cherche, plus bas, plus bas. Elle le trouve enfin, tout va bien, son rythme est parfait mais... Je m’inquiète que son coeur se trouve si bas en dedans de moi. (pratiquement où mon pubis) Je dis: «Il est bas non? Est-ce que c‘est normal?» Elle me dit: «Mwin, je peux pas te dire qu’il est pas bas effectivement, je suis presque rendu dans tes culottes pour l’écouter! Mais... Tsé... À cet âge-là, il bouge tout le temps alors...»

Qu’est-ce que je venais de dire? Qu’ici, une seule phrase et tout le reste peut voler en éclats... Une phrase peut te gonfler d’espoir et une autre te dégonfler aussitôt. C’est injuste, injuste, injuste! Se fier à des chiffres, des pourcentages, des «oui », « peut-être », « sans doute ». J’en ai marre. J’aimerais qu’on me donne l’heure juste pour une fois! Bien-sûr, j’aimerais que l’heure juste soit positive, mais si elle est négative, au moins je saurai. Là, je ne sais rien, rien de rien. C’est dans mon ventre qu’il est non, c’est mon enfant, c’est moi sa mère. Je devrais pouvoir savoir non?!!


Dernière édition par Liam21 le Lun 22 Déc - 14:59, édité 1 fois
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Liam21

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MessageSujet: Re: Liam mon amour pour toujours   Liam mon amour pour toujours Icon_minitimeLun 22 Déc - 14:34

~ 3 ~


Ma mère, mon père et ma grand-mère viennent me voir cette journée-là,
en après-midi. Je suis contente de les voir bien qu'ils se font du fun
entre eux. Comme si de s'attarder trop longtemps à moi et à mon bébé ça
ferait trop mal. Alors, ils évitent d'en parler vraiment. Ils font
"comme si". Comme si ce n'était pas une chambre d'hôpital, comme si la
vie de mon bébé n'était pas en jeu, comme si rien n'avait changé en si
peu de temps. Je ne sais pas si c'est mieux comme ça, alors je ne dis
rien. J'essaie de participer à la conversation insipide qui a lieu,
même si le coeur n'y est pas. J'aimerais être divertissante comme je le
suis habituellement, j'aimerais être celle qui met l'ambiance, qui met
de la vie. Mais je sais: je suis plate, je suis déprimante à regarder,
bien qu'ils ont pitié de moi je ne suis pas très accueillante avec mon
air malheureux, mes cheveux en bataille, et mon odeur à laquelle je me
suis presque tristement habituée.

Ma mère parcontre est une
maman extraordinaire. Je vois qu’elle veut prendre soin de moi et
surtout parce qu’elle n’a aucun pouvoir elle non plus. Je sais aussi
que ça lui fait revivre des souvenirs malheureux. Des souvenirs d’il y
a 26 ans. C’est bête des fois la vie, après tout le mal qu’elle a vécu,
elle aurait voulu que ça puisse "servir" à quelque chose qu’elle ait
perdu son petit ange Virginie. Elle aurait voulu que ça puisse éviter à
sa propre fille de vivre le même cauchemar. Mais des fois, les voix de
Dieu sont impénétrables. On ne peut comprendre. On doit accepter. La
tête baissée. À contrecoeur. C’est comme se rendre à la "guillotine".
Ça n’arrive pas comme ça. Ce n’est pas le destin qui frappe tout d’un
coup. Non. C’est nous qui se rend en pleine conscience de cause, les
bras ouverts, les yeux fermés à la volonté de Dieu. C’est encore pire
je crois. C’est comme mourir tranquillement en étant pleinement
éveillé. Se noyer. S’étouffer. Dans mon cas, c’est se faire arracher un
membre, une trop grosse partie de toi, à "frette" .

Ma mère en
profite, pendant que mon père et ma grand-mère sont partis à la
cafétéria, pour me "laver à la mitaine", avec une débarbouillette et du
savon pour les mains, elle me lave "l’essentiel". Bon... Adieu la gêne.
De toute façon, c’est ma mère. Elle l’a déjà fait. Bon c’est pas mal
moins cute que lorsque j’avais 2 ans mais enfin. Qu’est-ce qu’une mère
ferait pas? Je sais maintenant...

Elle me change de jaquette et
puis je peux enfin m’accrocher les deux petites breloques que mon chum
m’a acheté le mardi soir à la boutique de l’hôpital. Ça s’appelle des «
petits anges plein d’égards ». Il y a en un que c’est l’Ange du bébé
qui va naître et l’autre c’est l’Ange « Je t’aime ». Le premier
représente une cigogne avec un petit bébé qu’elle tient dans son bec et
l’autre un petit ange priant tout simplement. Ils ont tout deux de
belles pierres qui brillent et un petit texte qui les représente:

L’ANGE DU BÉBÉ QUI VA NAÎTRE

Porte ce petit ange « Plein d’égards»
Je l’ai choisi spécialement pour toi.
Je sais que tu attends avec impatience
Ce jour heureux.
Un bébé est un cadeau du ciel.
« Félicitations »

L’ANGE « JE T’AIME »

Je ne te le dis pas assez souvent
que tu embellis ma vie.
Pour tout ce que tu es, merci.
Te savoir triste me chagrine
mais te voir sourire me réjouit.
Porte ce « Petit ange plein d’égards »
et tu entendras le bruissement de ses ailes
te murmurer « je t’aime »!

Bon
à la lecture de tout ça, je fonds en larme, je me demande s’ils ne
veulent pas me tourner le fer dans la plaie, mais je sais tellement que
ce n’est pas mal attentionné, au contraire c’est un si beau geste.
Quand Marc-André me l’a donné deux jours plus tôt, il était tellement
beau avec toutes ces belles attentions, il m’avait également acheté un
p’tit poussin en peluche. Il avait écrit dans une petite carte qu’il
m’aimait et que j’allais prendre soin de notre petit bébé. Il avait
l’air tellement confiant que j’allais avoir notre petit garçon.

Tout
le monde a l’air confiant. Est-ce une façade? Je crois quand même que
non. Ils ont l’air confiant pour vrai. N’ont-ils pas raison de l’être
avec les bonnes nouvelles du médecin? Suis-je la seule à avoir peur?
Suis-je la seule à craindre le pire?

On vient encore écouter le
coeur de Liam. C’est la première fois que ma mère entend le coeur de
son petit fils. Enfin, non, je me trompe, elle l’a entendu lors de mes
2 premières échographies (à l’époque où tout allait bien. C’est drôle
de dire ça, comme si ça faisait un siècle...) Mais elle est encore
émue. Mon père et ma grand-mère aussi. Il bat vite son petit coeur,
comme le galop d’un cheval: PO-TOC PO-TOC PO-TOC. «Hey maman! Je suis
là! Plein de vie! Je t’aime maman... Je t’aime tellement.!» C’est ce
que je crois entendre à travers tout cette belle mélodie qu’est le
coeur de mon fils plein de vie.

C’est la dernière fois que je
l’entendrai battre. Si j’avais su... J’aurais essayé de faire plus
attention. Maintenant que je sais, j’aurais bien voulu enregistrer ça.
Pour l’écouter pendant une éternité. Pour m’endormir en l’écoutant.
Pour vivre en l’écoutant.

Ma famille doit partir. Je dis « à demain » à ma mère et puis « à bientôt j’espère » aux autres.


Dernière édition par Liam21 le Lun 22 Déc - 15:00, édité 2 fois
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Liam21

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Liam mon amour pour toujours Empty
MessageSujet: Re: Liam mon amour pour toujours   Liam mon amour pour toujours Icon_minitimeLun 22 Déc - 14:35

~ 4 ~


On est toujours pas venu me chercher pour les prélèvements vaginaux... Je demande plusieurs fois au cours de la fin de l’après-midi et de la soirée à des infirmières si je peux parler à Dr Duperron, si elle va venir faire les prélèvements... Personne ne peut rien me dire. Tu parles d’un système de santé à la noix au Québec! Je n’en veux pas aux infirmières, elles sont sûrement débordés (enfin je ne sais pas puisque je ne peux même pas me relever la tête alors... Aller voir dans le corridor pour savoir ce qui se passe, on y pense même pas !) mais merde... Ce ne sont jamais les mêmes infirmières et d’une infirmière à l’autre elle n’ont pas l’air de se passer le mot sur l’état des patientes. On dirait que tout le monde ignore qui je suis et que je dois restée alitée parce que la vie de mon bébé est sur la balance. Alors on s’imagine peut-être que je suis capricieuse mais bordel de merde si vous lisiez vos fiches premièrement, vous sauriez que je ne peux pas bouger et deuxièmement si je pouvais me lever le cul pour aller moi-même voir ce qui se passe, je ne me ferais pas chier à tenter d’agripper une infirmière à la dérober pour avoir des miettes d’informations qui plus est ne semblent pas fiables le ¾ du temps! Après plusieurs essais et plusieurs heures d’attentes, j’arrive sûrement à avoir l’air assez désespérée et à tomber sur une infirmière avec assez d’empathie pour qu’on m’amène quelqu’un pour qu’il me transporte en gynécologie pour qu’on me fasse mes tests.

On me transporte dans une pièce où je dois me déplacer très précautionneusement sur un lit d’examen et on file avec le lit de transport. Je reste là. C’est une pièce séparée d’un rideau et je suis du côté le plus reculé de la pièce. J’imagine quelques temps qu’on sait que je suis là et j’attends. J’attends, j’attends. Mais le doute commence à s’installer de plus en plus... Je cris une première fois: « Hey, y’a quelqu’un!??» Aucune réponse. La salle est tellement insonorisée que je suis convaincue que si je me ferais poignarder et que je crierais à m’en fendre les poumons alors que quelqu’un se trouverait juste en arrière de la porte, on ne m’entendrait même pas! Je cris plusieurs fois... Toujours rien. En plus je me dis que crier comme ça dans mon état ça doit pas être la meilleure prescription mais merde... Il commence à être tard et j’ai pas envie qu’on m’oublie ici certainement pas! Ma vie ressemble déjà à un cauchemar depuis quelques jours, il y a toujours bien des limites à la négligence médicale! Je veux pas être reconnue à travers le monde entier pour « la fille qu’on a oublié dans une salle d’hôpital et que Dieu seul sait ce qui est arriver avec elle » C’est tellement long que j’ignore cela fait combien de temps que je suis ici. Je sais bien que parfois les minutes peuvent nous sembler des heures mais là mon impatience est bien fondée.

J’attends quelqu’un qui vient. Bon! Il reste de l’autre côté de la pièce, il s’aperçoit que je suis là et dit «Oh! Y’a quelqu’un! Je savais pas, désolé!» Et il s’en va aussitôt.... Hey non mais... J’ai même pas eu le temps de lui dire «Oui justement y’a quelqu’un!! Pis amène-moié dont quelqu’un le smath!» C’est bien ma chance, le premier qui se pointe en une demie heure c’est une erreur! Là, ça va faire! Mais Dr Duperron arrive finalement. Elle me fait mes prélèvements, et là... Seulement avec le spéculum, on voit mes membranes sortir et bomber.

«...»

Changement soudain de plan disons. Elle ne pensait pas que la situation empirerait si vite puisque j’étais resté alitée à rien faire tout ce temps. Elle m’annonce que les chances que le cerclage se passe bien viennent de "drupper" disons en chute libre. C’est possible de le faire quand même mais y’a beaucoup beaucoup de risques qu’ils percent mes membranes lors de l’opération et que mon travail commence et que j’accouche. Ou bien que même si l’opération se passe bien, que je fasse de l’infection à cause du cerclage et de mes membranes et que ça provoque mon travail. Ou bien que tout simplement que ça se complique pas longtemps après et que j’accouche. Et dans le meilleur meilleur des scénarios (qui était assez mince merci!), c’est que je pouvais peut-être réussir à "tuffer" jusqu’à 30 semaines gros gros maximum, et même encore là, c’est pas mal prématuré. Et ça c’était si tout se passait à merveille. Mais c’est possible d’essayer quand même. Et dans tous les cas, je devrai rester à l’hôpital alitée tout le temps. On ne sait pas combien de temps.

Tout s’effondre. Ah non... Pas ça. Pourquoi ça va juste de plus en plus mal? Pourquoi les minces espoirs que je réussi à avoir s’écroulent comme ça? Je pensais que la situation était déjà à son comble! Bien non! J’ai peur, peur de ce qui s’en vient. J’ai peur parce que tout à coup, je sens que mon bébé va mourir. Peut-être pas oui, mais entre vous et moi. Ses chances ne sont pas très prometteuses. C’est injuste! Pourquoi? Et j’ai tellement pas le feeling que oui ça va peut-être bien aller. C’est pas pour être négative mais je ne sais pas comment l’expliquer. Je le feel pas. Je le sens que non ça n’ira pas. Mais qu’est-ce que j’y peux, je dois m’accrocher, j’ai pas le choix, je dois le faire pour Liam. Mais j’ai peur que sa fin approche.

Elle me demande si j’ai déjà penser me faire "avorter" depuis mardi, parce que c’est trop compliqué et que je suis jeune et parce que c’est trop risqué et tout. Je lui dis que non et je suis sincère. Je n’ai jamais pensé à ça. C’est mon bébé moi que je veux, si j’avais voulu me faire avorter je l’aurais fait quand j’ai su que j’étais enceinte, pas là certain!

Elle me laisse seule pour aller porter les prélèvements, on va m’opérer le lendemain donc. Pendant que je suis seule dans la pièce. Le doute s’installe. J’ai peur. Tout ce qu’elle ma dit repasse en boucle dans ma tête. « pas beaucoup de chances... » « complications » « restée alitée ici loin de tout » « perdre mon bébé » « avortement ». Même si je ne veux pas y penser, je commence à me demander si ... Ah non! J’arrive pas à croire que je pense à peut-être que... Non!! Pas pendant qu’il est dans mon ventre. Je ne peux pas penser à ça. Mon Liam... Non... Maman t’aime.

Mais... La question se pose, si je l’aime, quelle décision dois-je prendre? J’essaie de compter les stupides pourcentages dans ma tête, peser le pour et le contre, tout se passe très vite. Comment puis-je même penser à ça? C’est mon devoir de le protéger... Mais justement... Est-ce que... En prenant la décision d’essayer malgré tout, coûte que coûte, est-ce que je ne rend pas les choses plus compliqué? Est-ce que j’hypothèque sa "qualité" de vie. Est-ce que je vais le faire souffrir si jamais il naît trop prématurément? Pendant qu’il sera incubé? Ou bien s’il a des problèmes de santé toute sa vie? Et je suis à 22 semaines là... À 24 c’est le border line ... Et... Risque de paraplégie, d’être aveugle, problèmes de coeur, hémorragies au cerveau... Ah non... Qu’est-ce que je dois faire? Dis-moi mon bébé?

La situation apparaît d’elle même... Je vais me faire provoquer demain matin. Au lieu du cerclage convenu.

Quand j’écris ça, je ne peux pas croire. Croire que j’ai "réussi" à prendre cette décision.

Dr Duperron revient. Je lui demande comment ça se passerait si je prends la décision d’accoucher demain. Elle me dit, ayant quasiment l’air soulagée, qu’on m’emmènerait en salle d’accouchement, qu’on me donnerait du "pitocin" pour activer les contractions, et l’épidurale pour me faire souffrir le moins possible bien que la douleur soit bien plus grande émotionnellement... Et surtout que... Souffrir pour "rien"... Pratiquement toutes les femmes aujourd’hui prennent l’épidurale et en plus elles repartent avec un beau bébé, alors c’est la moindre des choses que j’y ai droit moi aussi disons...

J’écris ça et je peux pas croire... Quand j’ai pris cette décision, je m’en rappelle, j’étais tellement "en paix" avec ça. Bien-sûr, c’était tellement à contrecoeur, c’était tellement difficile, mais je "sentais" que c’était vraiment la bonne décision que je prenais. Et dans un sens, je crois encore que c’était la bonne. Mais si je me replonge 1 mois en arrière, j’étais tellement en état de choc. En 3 secondes le mardi, ma vie avait complètement basculée... Et depuis ce jour, tout n’allait qu’en empirant et de mauvaises surprises en mauvaises nouvelles. Je n’avais le contrôle sur rien. J’étais loin des miens, seule. J’étais amortie... Alourdie par tant de choses. J’ai du prendre une "décision" et c’est elle... C’est tellement injuste! Au fond, c’est en était pas vraiment une. C’est elle qui s’imposait d’elle même, mais j’ai DU la prendre, j’ai du dire, je décide de...

Je m’en veux tellement, j’ai tellement mal. Je peux pas m’empêcher de me dire que j’ai tuer mon fils... Même si c’est tout le contraire que je voulais. Même si je voulais lui éviter tout ce qui s’en venait. Et ça, c’était si l’opération avait fonctionné... Parce qu’il y avait tellement de chances de toute façon que j’accouche le lendemain en me faisant opérer. Ou bien les jours suivants. Comment l’amour peut arriver à faire prendre des décisions comme ça?

Mais je me sens tellement coupable... Même si je le faisais pour mon fils, j’étais moi aussi, écoeurée d’être là, de n’avoir le contrôle sur rien, j’étais tellement épuisée, je voulais retourner à la maison. Toute mon "ancienne" vie me paraissait si loin... Trop loin... Je voulais retourner chez moi. Et c’est pour ça aussi que je me sens coupable. Je voulais en finir dans un autre sens. Je le jure devant Dieu, si on avait pu me promettre que mon fils vivrait, et en bonne santé, je l’aurais fait, jusqu’au bout. Sans rien dire. Ça je le jure. Si les nouvelles avaient semblées bonnes, je l’aurais fait. J’aurais passer à travers tout. Mais là... Tout était tellement négatif, sans appel. Je paniquais. Et à ce moment-là, bien que c’était à contrecoeur, je crois que j’ai pris la "bonne" décision.



[la suite plus tard... Peut-être ce soir ou demain... L’accouchement... La naissance de mon petit ange chéri. Liam.]


[Pour les commentaires, s'il vous plaît, envoyez-moi des messages
privés, je voudrais que les témoignages se suivent, merci beaucoup, je
vous adore! Au plaisir d'avoir de vos nouvelles!]



Je t’aime mon bel amour. Mon petit garçon . Maman pense à toi à chaque seconde qui passe. Tu es avec moi, je t’aime mon Liam xxx xxx xx xxx

Tu es dans mon coeur pour toujours. Veille sur nous mon amour... Je t’aime joli bébé. Like a Star @ heaven
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