Si cela peut vous apporter du réconfort

Bonsoir à tous et à toutes,

vous trouverez mon ton peut-être heureux, plus heureux que le votre et pourtant j'ai moi-même perdu une fille... mais avant de vous parler de cela, je tiens à vous dire que si je vous écris c'est parce que je comprends ce que vous vivez, je connais votre peine, je sais que l'on en guéri pas mais je sais aussi que l'on apprend à vivre avec, mieux.

En février 2010, ma fille Gabrielle montre le bout de son nez à 34SA. Une magnifique petite fille de 2kg340, née par césarienne suite à la rupture spontanée de la poche des eaux. Elle est installée en couveuse et la sonde gastrique lui est placée. Elle passe 3 jours ainsi avant de commencer à téter au sein et à réguler sa température. Une véritable force de la nature qui reprend vite du poids. D'ailleurs c'est ce que signifie son prénom : Force. Nous passons toutes les deux 10 jours à la maternité avant que la sortie ne nous soit autorisée. De retour à la maison le main du 10ème jour de ma princesse, son frère, alors agé de 3 ans et papa nous attendent. Ravis d'être enfin réunis, nous profitons de ces premiers moment de famille. Mon petit prince est fier de sa soeur, papa est émerveillé et moi je suis heureuse. Mais voilà, au matin du 14 jour, je me réveille à l'heure de la tétée (5h du matin), ma princesse n'a pas encore pleuré pour réclamer, j'allume la lumière et je la trouve inerte dans son lit, bleu, du sang mousseux sur le visage.... je réveille son père, je téléphone aux pompiers, et nous commençons les gestes de premiers secours : massage cardiaque, respiration, jusqu'à l'arrivée des pompiers... Je sais au fond de moi que c'est trop tard, qu'il n'y a plus rien à faire, pourtant je continue d'espérer et refuse d'y croire. Je n'arrive même pas à pleurer. Les pompiers s'acharne jusqu'à 6h30, heure à laquelle on m'annonce qu'il n'y a plus rien à faire... je m’effondre, mes jambes ne porte plus, le pompier me dit "ne vous inquiétez pas, elle n'a pas souffert". Ah cette phrase ! elle résonne encore dans ma tête comme une injure ! Il n'y avait alors rien de pire à entendre que ces quelques mots.
Les jours passent, l'autopsie, l'enterrement, les condoléances (qui n'ont jamais eu aucun sens pour moi, et encore moins en cette période) et mon chagrin ne désempli pas.
Je passe par toutes les étapes du deuil : la peine, la colère, la culpabilité, la dépression, la haine... son parfum est partout dans la pièce, les vêtements, les quelques rares photos... tout me rappel à elle. Et pourtant, il y a mon fils, il faut s'en occuper, lui expliquer que sa sœur, il ne la reverra plus, lui dire où elle est, pourquoi, répondre à ses questions sans tabou, pleurer devant lui out en le rassurant. C'est pas facile quand on est plus sur de savoir être une mère. Oui parce que lorsque l'on est une mère et que l'on perd son enfant on ne se pense plus capable d'être encore mère. On ne se pense plus capable de savoir s'occuper d'enfants. Pourtant, il faut assurer. A ce moment là, je n'en suis pas consciente, mais c'est mon fils qui va me tirer vers le haut. Le nom de ma princesse est alors difficile à prononcer, mais il faudra bien le dire à nouveau... Alors je dois réagir. J' ai 24ans, je ne vais pas déprimer toute ma vie, mon fils en souffrirai trop, et je me rongerai les sang alors que je sais que la vie même si elle est injuste comme là, elle a encore beaucoup à m'apprendre. Les gens autour me disent "je sais ce que tu vis, j'ai perdu un grand-père...", non tu ne sais pas ! perdre un enfant est si injuste, elle avait tout à apprendre, tout à vivre, ton grand-père il a déjà tout appris, tout vécu...

Et puis, mon chagrin, mon besoin de lui parler m'ont poussé à écrire, et voici l'un des message que j'ai voulu lui écrire, le message qui m'a permis de faire cicatriser mon cœur :
"Ma petite puce,
cette tragédie m'a donné quelques leçons de vie que jamais je n'oublierai... La vie n'est pas cruelle, mais elle est tragique, ce sont les gens qui la rendent cruelle. On pleure ses tragédies, on haïe ses cruautés et malgré tout ces malheur, il nous faut avancer. Mais quelle force cela demande-t-il pour surmonter notre chagrin et arriver à faire notre deuil dans un monde pareil. Laissez-nous le temps, laissons-nous le temps de pleurer ceux qui manquent à nos cœurs, de se souvenir et de guérir. Les souvenirs sont-ils le signe d'un début de guérison ? A cela, rien de sur mais tout de probable. Je commence à me souvenirs de nos échanges, nos instants de tendresse, nos baisers, et certes si mon cœur pleure encore même à la vue de ces magnifiques images, mes yeux, eux, s'assèchent. Je ne pense plus à toi inerte, je te vois éveillée. Je n'entends plus tes appels imperceptibles, je les imagines. Je ne te vois plus seule dans ces draps de soie blancs, je nous revois l'une contre l'autre sur le fauteuil. Tout cela laisse en mon cœur un grand vide, et pourtant un bonheur immense. Paradoxal, peut-être, mais réel car j'ai eu la chance de te connaitre et de t'admirer, de te toucher et de te sentir. Car tu m'as appris des tas de choses et laissé de vrais souvenirs. Même si tout cela fut éphémère. Qu'en aurait-il été si, au bout de tant de mois d'union, je n'avais rien su, rien vu de toi ? Alors oui, j'ai de la chance dans mon malheur, la chance d'avoir pu t'aimer et de t'aimer encore et toujours, à jamais...
Maman qui ne t'oubliera jamais"

J'ai alors compris que j'étais prête à vivre différemment, à vivre avec son souvenir...
Aujourd'hui, j'ai une magnifique petite fille qui a 6 mois et ma vie est comblée, pleine d'amour et de souvenirs, pleine de tendresse et de choses à apprendre...

Courage à vous tous et à vous toutes, ces moments sont les plus tragiques que l'on puisse vivre mais nous sommes pourvu d'une chose magnifique : notre amour et c'est lui qui nous permet d'avancer.

J'ai tellement hâte de me sentir somme toi...

xxx

Oui moi aussi j'ai hâte... mais je sais que ca viendra avec le fameux temps! Et à te lire ca m'aide à y croire.

bisou à Gabrielle et à tous nos anges!

Merci pour ce beau message d'espoir...

cela fait un an que mon bébé est mort, un an que je suis malheureuse...mais je n'ai pas pleuré ou presque pas en cette année, j'arrive à parlé facilement de lui, j'en ai grandement besoin, je le fais exister autrement et petit à petit mes souvenirs de lui vivant sle reviennent plus souvent que mes souvenirs avec lui mort...c'est un bon signe même si je sais que la plaie est telle qu'elle ne se refermera jamais...Parfois, je suis découragée, je me dis que c'est si dur à gérer, cette vie depuis un an...avancer avec ce fardeau, cette peine, le manque de son bébé tant aimé...mais je le fais pour mes 3 filles nées avant lui...pour ce bébé espoir que j'attends même si j'ai bcp de mal à me sentir enceinte et pour moi, c'est très loin d'être acquis, comme si je ne croyais pas possible d'avoir à nouveau un bébé qui grandit de mois en mois , qui continue mlagrè le temps à vivre.

je pense à mon bébé chaque instant encore, je me sens vide et triste mais j'apprivoise tout comme tu l'as fait ces sentiments qui nous envahissent et même encore après un bébé espoir j'imagine car un enfant n'en remplace biensûr pas un autre même s'il redonne du bonheur.

l'histoire de ta petite Gabrielle me rappelle la mienne...l'arrêt cardiaque, le sang dans la bouche...ne couchant jamais mes bébés dans des lits, le mien n'a pas fait son arrêt au même endroit mais contre moi! Alors que je ne m'en suis pas tout de suite rendu compte, sur un chemin d'école, je le pensais endormi! Les pompiers, le samu, le samu pédiatrique, le massage que j'ai fait comme toi en les attendant en comprenant que ma vie ne serait malheureusement plus jamais la même, les secours ont réussi à le réanimer au bout de 40mn d'arrêt mais l'issue est aussi triste que ta petite Gabrielle, il l'a rejoint. Car son cerveau était fouttu...il fallait me résoudre à le laisser partir, il avait 26 jours. l'autopsie a révélé une mort subite du nourrisson. La même chose je présume pour ta petite?

tendres pensées à ta petite Gabrielle, merci pour ce message encourageant!

Cerise,
effectivement le résultat de l'autopsie ne nous a rien appris, conclusion : mort subite. Néanmoins, nous avons su que cela n'était pas génétique, contrairement à certain "cas". Nous avons donc décidé d'avoir un autre enfant en se disant que ce fut un accident, qu'il n'y avait aucune raison que l’histoire se répète... Quand j'ai appris ma 3ème grossesse, (j'ai mon fils, ma fille Gabrielle et donc la ma choupinette) j'avais l'appréhension que ce soit une fille, qu'elle ressemble à Gabrielle, d'accoucher prématurément, de la perdre une fois de plus.... Puis au fil de la grossesse mes angoisses se sont estompées, j'ai réalisé que le décès de Gabrielle était accidentel, qu'il n'y avait aucune raison que cela recommence même si les premiers temps c'était difficile. J'ai malgré tout refusé les appareils médicaux à la maison après la naissance de ma choupinette et j'ai réussi à surmonter mon angoisse au fil des semaines. Certes il y a des jours où j'ai peur qu'elle ne s’étouffe dans son sommeil, je vais vérifier parfois encore qu'elle respire toujours, mais j'arrive aujourd'hui à être plus sereine. J'ai été soulagé lorsque j'ai vu sa frimousse le premier jour, de voir qu'elle était totalement différente, cela m'a permis aussi de ne pas faire l'amalgame. Et chaque soir au coucher, j'embrasse mes loulous et la photos de Gabrielle. Un rituel qui s'est installé inconsciemment et qui prouve que mon esprit à bien fais la différence entre mes trois enfants. Mon cœur lui parfois, se remets à pleurer de l'absence de Gabrielle, donc nous n'en guérison jamais vraiment mais je suis, aussi bizarre que cela puisse être : heureuse ! j'aime mes enfants, je sais que mon petit ange est heureuse là où elle est avec son grand père et je me sens rassurée.

Courage, pensées aux anges.

ps : dites vous que les dessins dans le ciel sont ceux de nos anges pour nous dire qu'il vont bien

Je savais que les médecins savent encore si peu de la mort subite du nourisson, qu'un jour peut être trouveront-ils un gêne responsable, mais je ne savais pas qu'il y'avait des causes génétiques et d'autres pas, les médecins ne m'en ont pas parlé. j'ai eu les resultats d'autopsie par oral donnée par la première pédiatre qui l'a prise en charge à son arrivée à l'hopital ainsi que la psychologue qui fut présente. j'ai eu le contrendu écrit car l'on me l'a proposé et que j'ai trouvé normal de l'accepter puisqu'il fait partie de l'histoire de mon petit Ceriseau. mais je ne l'ai jamais ouvert, jamais lu encore...il se trouve dans le carnet de santé de mon petit garçon...la pédiatre m'a déconseillé de l'ouvrir trop tôt, seule également...m'a dit que c'était très médical et très cru, la "découpe" du corps biens que nos enfants ne sont évidement pas "découpés" et que mon petit garçon a été autopsié par une médecin légiste hors du commun parraît-il tellement elle est géniale.

Je n'ai pas encore eu la force donc d'ouvrir et je ne l'ouvrirai peut être jamais...

J'ai cette appréhension aussi...que mon bébé espoir fasse la même chose...mais comme tu dis, il faut se raisonner, pourquoi la mort subite arriverait deux fois dans la même famille? J'ai peur également que mon bébé lui ressemble beaucoup et ne même temps, cela me ferait plaisir...c'est tellement confus encore dans mon esprit. D'ailleurs, je ne veux pas connaître le sexe, pour la première fois alors qu'il sera mon 5 ème enfant...c'est trop compliqué dans mon esprit. Quelques part j'avais très envie d'avoir un seconde garçon en mettant cette grossesse en route mais une énorme trouille, pourquoi pas une 4 ème fille? car je serai peut être plus rassurée puisque mes 3 filles déjà nées sont toutes en vie alors que mon unique garçon est lui mort...comme si je n'étais pas capable d'avoir un garçon en vie! C'est irationel mais c'est ainsi...biensûr la nataure a déjà fait son choix, il a un sexe ce bébé mais que je découvrirai à la naissance.

Je suis contente de lire que tu te sentes heureuse...j'espère y arriver un jour...tout comme être capable de dire que je vais bien, car qd on me demande "ça va?" je suis incapable de répondre ou alors je dis "comme depuis 1 an" une chose comme ça pour ne pas mettre trop mal à l'aise non plus...j'en ai marre d'ailleurs des questions de convenance...

Plein de pensées pour ta petite gabrielle, plein de calins pour mon petit garçon d'amour.

Tu as eu le courage de recevoir le compte rendu de l'autopsie et c'est déjà beaucoup. Il me semble l'avoir aussi mais j'ai classé très vite les papiers concernant Gabrielle, si bien que je ne suis pas plus sur de ce que j'y ai mis dans le dossier... Concernant la génétique, je ne sais pas si le terme est correct, mais je sais que l'autopsie de ma puce a permis de dire au médecin qu'il y avait peu de chance que mon prochain enfant subisse le même sort (peut-être à cause de non malformation ou autre...). Ma dernière grossesse a d'ailleurs été très suivie (pour accoucher malgré tout à 36SA)

Pour ce qui est des convenances, les gens peuvent être blessant parfois en essayant de bien faire ou de ne pas faire trop mal, mais tu as le droit de leur souligner leur maladresse, cela te soulagera d'ailleurs peut-être. N'hésite pas à repousser l'épaule qui vient se coller à toi quand tu te mets à pleurer car elle peut frustrer ton chagrin, pourquoi ne pas dire aux gens "non je ne me sens pas bien mais tu n'y peux rien", plutôt que de se cacher derrière un "ça va" qui te rend bien plus malheureuse et triste ? Sois franche avec tous ceux qui pense avoir les mots et les gestes mais qui te font encore plus souffrir et tu te sentiras enfin plus légère. Tu as assez de ta peine pour supporter les doutes des autres... Dis leurs !

Je suis enceinte de 3 mois et demi de mon bébé espoir...je n'ai pas l'impression que mon gynéco prévoit un suivi plus régulier que pour une autre grossesse classique...il ne m'en a du moins pas encore parlé. Une amie infirmière m'avait dit la même chose que toi. Ton expèrience me fait me demander si c'est justifié médicalement ou bien si cela dépends de la sensibilité du gynéco. d'après toi?

merci pour ton conseil mais je n'ai jamais répondu "oui, ça va" à la fameuse question "ça va?" depuis le décès de mon petit garçon, je ne me force absolument pas mais parfois je ne réponds tout simplement pas. D'autre fois, "comme depuis X temps..." ou encore "je ne sais pas trop répondre à cette question"...je suis juste décontenancée devant cette question, j'aurai envie de leur dire surtout quand c'est un "ça va bien? tout guilleret et enthousiaste: "tu irais bien si ton enfant était mort?" mais biensûr je ne le fais pas...Je préfère les question ouvertes, "comment ça va?", comme cela je peux répondre vraiment si je le souhaite.

Je t'avouerai que je ne sais pas si c'est médicalement justifié, mais je suis sure d'une chose c'est le suivi de ma dernière grossesse a été plus poussé notamment lorsque l'on a approché des dates anniversaires de Gabrielle et dès que l'on est arrivé à 34sa. Ma gynéco est une personne formidable, je pense que ça y est pour beaucoup. Cela dit tu peux en parler à ton gynéco, s'il est sympa, il te proposera peut-être un suivi médical à la maison (sage-femme) par exemple. et à l'arrivé de ce futur bout de chou, n'hésite pas à demander un suivi à la maison par une puéricultrice. Même si tu connais les gestes, le fait d'avoir régulièrement un œil "professionnel" sur ton enfant peut être rassurant. C'est ce qui s'est passé pour ma choupinette, jusqu'au jour où je me suis senti plus rassuré et que j'ai demandé à arrêter ce suivi.

J'ai appris dernièrement que la formulation "ça va" insinuait "arrivez-vous bien à aller aux toilettes" et que par conséquence nous devrions dire "comment vous sentez-vous" ce qui laisse présumé la santé, le moral...