Fin juin 2012, voilà deux ans que je suis avec lui. On décide d'avoir un
bébé et j'arrête la pilule. Un mois après, surprise! je suis déjà
enceinte, pour la première fois.
Ma grossesse débute normalement, et je n'ai pas de nausées ce qui me permet de mieux supporter le début.
Mi aout, je perds un peu de sang marron. Direction les urgences. A
l'échographie, il y a un petit embryon de quelques millimètres. Son
coeur bat doucement mais c'est totalement normal à ce stade.
Deux mois plus tard, le mardi 18 septembre, j'ai la première
échographie de datation.Mon conjoint arrive à se libérer pour y
assister. Nous attendons impatiemment dans le couloir.
L'échographiste nous reçoit, je m'allonge et il commence l'examen.
Dès les premières secondes, je sens que quelque chose ne va pas :
l'embryon est tout petit à l'image et je ne vois pas de mouvement. Le
médecin me demande deux fois si je suis sûre de la date de mes
règles.Je finis par demander "il y a un problème?".
Il me répond froidement "Oui, je ne vois aucune activité cardiaque"
puis me demande d'aller immédiatement vider ma vessie pour une
échographie vaginale. Je revient en tremblant, sous le choc.Après une
minute de ce second examen il me répète, toujours aussi froidement "il
n'y a pas d'activité cardiaque". J'explose en larmes et mon conjoint
manque de s'évanouir. Il continue à me parler, toujours sans aucune
émotion et me dit que l'embryon a cessé de grandir depuis 3 semaines à
cause d'une malformation (je n'y suis donc pour rien) et me donne une
lettre pour les urgences gynéco. Je m'y rend immédiatement, accompagnée
de mon conjoint.
Le personnel de l'hôpital se révèle plus compatissant. Un gynéco me
reçoit, me refait une échographie puis me dit qu'il refuse de me donner
un médicament pour évacuer à mon stade, et que le curetage est la
meilleure solution. Il me prend rendez vous le jeudi pour voir un
anesthésiste, puis le vendredi pour le curetage.
Pendant deux jours, je dors mal, je pleure toute la journée. Mes
parents et ma sœur qui étaient au courant sont un très bon soutien tout
comme mon conjoint. Personne à mon boulot n'étant au courant,
j'invente une crise d'appendicite.
Le vendredi j'arrive à l'hôpital à jeun, je me douche et attend dans
mon lit. Heureusement, je vais avoir une anesthésie générale, je refuse
d'entendre le bruit de l'aspiration. Je caresse une dernière fois mon
ventre et je murmure "adieu". L'équipe médicale m'emmène en salle
d'opération, Une infirmière voit ma tête et me dit "vous êtes stressée
on dirait". Je répond que non, je n'ai pas peur d'être endormie, j'ai
déjà été opérée, mais que je ne devrait pas être là et j'explique ma
situation. Elle me rassure et compatit. On m'installe, une piqure dans
le bras et je m'endors.Je me réveille doucement une heure plus tard.
On me ramène dans ma chambre avec un déjeuner que je me force à manger,
vu que j'ai été à jeun pendant 12 heures. J'ai des tiraillements en
bas et je saigne beaucoup. Deux heures après, les saignements cessent.
Un médecin vient me voir , vérifie mon état puis se contente de me
donner le compte rendu puis part sans me demander si j'ai des
questions. Les infirmières m'enlèvent ma perfusion et je m'habille.
J'appelle mon conjoint car il doit venir me chercher. En salle
d'attente je me met à pleurer et exige qu'un médecin vienne me voir
pour me dire ce que je dois faire après. J'ai des consignes pour 10
jours (surveiller ma température) et une ordonnance de spasfon et de
doliprane mais après? une autre gynéco arrive et répond à mes
questions. Une en particulier me hante : quand pourrais je retomber
enceinte?Elle me dit que mon utérus est un peu fragilisé, il vaut mieux
que j'attende 3 cycles. Elle me prescrit donc la pilule pour 3 mois.
Je repars apaisée avec mon conjoint.
Aujourd'hui, je dors mieux, je pleure moins mais je ne peux pas
m'empêcher d'y penser et de regarder ma dernière échographie avec ce
petit bout qui a une forme humaine. C'est mon seul souvenir de
lui.Cette image nous hante parfois la nuit.J'ai hâte d'être en 2013
pour être enceinte à nouveau.