Cela fait plusieurs jours que j'erre sur ce forum et que je compatis à la douleur de chacune d'entre vous. Mon ami et moi avons subie un véritable choc il y a 2 semaines.
Enceinte de 20,5 semaines, nous avons appris, lors de la 2ème échographie, la malformation de notre petite fille. Notre bébé souffrait d'une agénésie de l'avant bras gauche.
J'ai tout de suite culpabilisé
("qu'ai-je fais de mal ces 4 derniers mois?") - et pourquoi ne l'a-t-on pas appris lors de la première échographie? ma réaction première a été "je ne pourrais pas assumer".
Mon chéri et moi avons pris chacun le temps de réfléchir. Nous avons fais une deuxième échographie auprès d'un autre gynécologue qui a confirmé la malformation. J'ai contacté une association et parlé longuement avec une maman d'une jeune fille de 25 ans ayant la même malformation que notre bébé.
Malgré cette conversation, malgré le soutien de mon chéri qui était prêt à accueillir cette petite fille, malgré tout ce que j'ai pu lire sur Internet et les messages d'espoir, malgré toutes les photos que j'ai pu voir, malgré de nombreux autres témoignages, j'ai malheureusement pris la décision d'interrompre ma grossesse.
Vous ne comprendrez surement pas cette décision.
J'ai d'abord très mal accepté l'annonce de la malformation. J'ai essayé d'imaginer quel serait ma vie avec cet enfant et à chaque fois je bloquais. Cela me rendait triste et je sais que ma fille aurait ressenti cela même si je sais que j'aurais joué mon rôle de mère jusqu'au bout.
Je n'aurais pas pu accepté le regard des autres vis à vis de mon enfant et j'en souffre rien que d'y penser. Et j'aurais très mal vécu la fin de ma grossesse, ce qui aurait pu entrainer autre chose.
Je sais que d'autres enfants souffrant d'agénésie telle que celle-ci sont des enfants dotés d'une force incroyable, qu'ils n'ont pas besoin d'apprendre à vivre avec leur petit
bras puisqu'il sont nés avec mais malgré cela, il m'a été difficile d'imaginer le futur de notre petite famille.
La réaction de mon chéri a été tout à fait différente, cet enfant était pour lui une chance, et il n'aurait pas fait cas de la malformation.
Le plus dur pour moi a été d'avoir LE CHOIX... et il fallait se décider vite puisqu'en Espagne (où je vis) il est possible d'interrompre la grossesse jusqu'à 22 semaines. Vous vous dites surement que cette décision est égoïste mais je considère cet acte comme un acte d'amour vis à vis de mon bébé. C'était mon premier enfant, je l'ai aimé jusqu'au bout et je l'aimerai toujours.
L'intervention a eu lieu lundi dernier et a duré 15 heures. 15 heures de souffrance. Depuis, au delà de la délivrance physique, je ne peux pas dire que je suis délivrée moralement car je ne le serais jamais. Au fond de moi, je sais que j'ai pris la bonne décision, car c'était MA décision et mon chéri a été là pour me soutenir.
Je suis complétement perdue! J'en viens des fois à regretter ce que j'ai fais. J'ai privé mon chéri de cet enfant! je suis anéantie!
Je n’arrête pas de penser à ma petite fille, elle me manque déjà! elle a bougé jusqu'à la dernière minute et cela me hante! je me sens si vide! Je ne pourrais jamais effacer ces derniers jours de ma mémoire et il nous sera difficile d'avancer sans cette petite fille que nous
attendions avec tant d'amour. Je n'ai pas cette force que d'autres ont mais il en est ainsi.
J'ai besoin de votre aide!
Je vous souhaite beaucoup de bonheur et d'amour.
Une maman meurtrie.