Je n'ai pas l'habitude de venir ici chercher du réconfort, mais là, je ne sais plus vers qui me tourner.
Je ne suis pas allée au travail aujourd'hui. J'ai passé la moitié de la journée à dormir et l'autre moitié à pleurer mon trop plein d'émotions. Colère, jalousie, douleur, peine, peur; elles sont tous réunies et leur poids m'épuise depuis déjà deux semaines. Alors aujourd'hui, j'ai craqué ! C'est probablement dû au fait que ma soeur doit accoucher dans quelques jours. C'est son premier bébé après 6 années de traitements de fertilité, alors je suis bien contente pour elle... mais, en même temps, je ne peux m'empêcher d'être jalouse. Elle va avoir une fille, alors que c'est moi qui était supposée avoir une fille.
Sauf que ma fille à moi, elle est morte. J'aurais préféré que ma soeur soit enceinte d'un garçon. Ça aurait été plus facile... pour moi. Et du coup, je m'en veux d'avoir de telles sentiments envers ma soeur qui, elle, nage dans le bonheur. Dans les circonstances, vous comprendrez qu'il m'est impossible de me confier à ma mère en ce moment.
Donc ma soeur se prépare à accoucher alors que moi, je suis en train de passer plein de tests en clinique de fertilité pour comprendre pourquoi je n'arrive pas à concevoir depuis août dernier. Et c'est pour ça que je suis en colère. En colère contre le mauvais sort, Dieu, l'univers, le médecin qui m'a suivie pendant ma grossesse.
Pourquoi faut-il que j'endure tout ça alors que ma petite fille aurait pu être là, parfaite, si j'avais juste accouchée une semaine plus tôt ! Mais me voilà en train de faire des prises de sang, de passer des échographies intravaginales et, la semaine prochaine, une hystérosonographie. Joie !
Je sais, ma soeur a vécu pire que ça pendant les six dernière années afin d'avoir sa fille, je ne devrais pas me plaindre. Sauf que je me plaint quand même. Parce que ce n'est pas juste le fait qu'on essait de concevoir depuis 8 mois, j'ai l'impression que ça fait trois ans que j'attend ce deuxième enfant. Quand mon fils a eu 18 mois et que mon mari et moi avons commencé nos essais pour bébé #2, je suis tombée enceinte tout de suite, comme ce fut le cas avec mon fils. Sauf que c'était un oeuf clair, donc fausse couche à 11 SA. Après quelques mois de récupération, on recommence et, là, ça prend 6 mois. La grossesse fut longue, ardue, mais je me disais que ça en valait la peine. Puis, ma fille est morte la veille de sa naissance. J'en rage encore !!! Tout est à recommencer !!!
Ça m'a pris un an à m'en remettre suffisamment pour convaincre mon mari que j'étais assez en forme pour recommencer les essais. Et voilà, ça ne fonctionne pas et l'horloge biologique commence sérieusement à faire tic tac (j'ai eu 38 ans le mois dernier). D'un côté, j'espère que le médecin va trouver quelque chose et nous dire qu'il suffit de prendre un petit comprimé et que je serai enceinte aussitôt. D'un autre côté, j'ai super peur qu'il trouve un problème et nous dise de mettre une croix sur nos plans de bébé. J'angoisse !!!
À tel point que j'envisage de retourner à l'hôpital psychiâtrique... sauf qu'en étant là-bas, je ne pourrai pas concevoir un bébé. Voilà pourquoi je ne peux pas non plus me confier à mon mari, car il aurait tôt fait de mettre fin à nos essais s'il savait à quel point cela m'angoisse.
Alors voilà où j'en suis. J'attend. J'attend de passer l'hystérosonographie lundi prochain. J'attend que ma soeur accouche. J'attend ma prochaine ovulation pour essayer à nouveau. Et j'attend le rendez-vous avec le médecin pour discuter des résultats des tests. Peut-être qu'après tout ça, je vais pouvoir aller un peu mieux.
Ouf ! Ça fait du bien de sortir tout ça !
Bisous à vous toutes (et tous) et à vos anges !