Bonjour les filles,
Je vous lis depuis un moment et chacune de vos histoires me touche beaucoup.
Alors maintenant, je vais vous partager la mienne. Je sais que je vais y mettre beaucoup de détails, car j'en ai besoin, alors mon récit sera long.
Nous étions le 21 juin 2014. Depuis environ une semaine, j'avais les seins plus sensibles et j'allais plus souvent vider ma vessie qu'à l'habitude. Je commençais à avoir des doutes mais mes dernières règles avaient été autour du 19 mai, donc pas vraiment en retard et je me disais que ce n'était pas parce que j'avais commencé mon cycle de pilules 2 jours en retard qui avait permis à un petit coco de faire son nid dans mon bidou puisque je l'avais déjà oublié depuis ma dernière fille qui a 8 ans maintenant et il ne s'était jamais rien passé
J'en fais par à mon conjoint et on s'arrête à la pharmacie en s'en allant souper chez des amis. Durant la soirée, je ne pouvais plus attendre donc j'ai fais un test en cachette. Il était positif ! J'appelle mon homme pour lui dire la nouvelle. Nous étions très surpris car ce n'était pas dans nos projets. J'ai 2 enfants plus vieux d'un autre père et notre dernière fille que j'ai eu avec mon conjoint avec qui je suis depuis 16 ans. Au fond de moi, je suis heureuse, je suis vraiment contente. J'attends un peu avant de le démontrer pour voir la réaction de mon homme. Moi j'avais des doutes depuis un bout mais lui ne s'y attendait pas du tout
il devait digérer la surprise !
Nous en avons parlé pendant 4 jours. Nous avons pris la décision de le garder, à mon plus grand bonheur ! Je flatte mon ventre, je lui parle et je lis des livres sur la grossesse. Je nage en plein bonheur ! Je n'ai pas de nausée, à part des envies de manger des choses bien précises mais je me sens bien et pas fatiguée. Tout est différent de mes autres grossesses, auxquelles j'ai été vraiment malade et fatiguée. Mais aussi une autre chose est différente des autres ... j'ai des pertes rougeâtres, un peu et sans douleur. Je ne m'en fais pas, je lis sur le sujet et je me rassure en me disant que ça peut arriver donc je stresse pas.
Mais bon, le 18 juillet je décide tout de même d'aller en clinique pour pouvoir passer une échographie et confirmer que tout va bien puisque ça dure depuis 2 ou 3 semaines. Le médecin palpe mon ventre et me dit que mon utérus lui semble petit pour mon stade de grossesse, 8 sa et 4 jours. Je commence à stresser. Il m'envoie en urgence à l'hôpital passer une écho et me dis de revenir le voir ensuite. J'appelle mon chum, lui demande de venir mais il ne peut pas quitter son travail. Je suis seule, inquiète.
Je me rend à l'hosto. La technicienne qui fait mon écho n'est pas douce. Elle commence à me faire une écho sur le ventre, pèse tellement fort, c'est fou j'ai mal au ventre. Je suis seule, inquiète et je veux savoir ce qu'il se passe alors je dis rien. Elle me dis qu'elle va faire l'écho par voie vaginale car le bébé est trop petit. Pourtant, elle le savait mon stade de grossesse avant de commencer, pourquoi elle n'a pas toute suite été vaginalement ? Alors elle commence. Elle s'y prend mal, me fais déplacer et replacer, elle est maladroite. Elle me fais vraiment mal !! Elle le vois dans mon visage, elle ''s'excuse'' froidement plusieurs fois. La procédure a dû durer 20-25 minutes, j'ai eu mal tout le long. Je lui demande si tout va bien, elle me dis ''madame je suis technicienne, pas radiologiste alors je peux rien vous dire ''. Je lui demande si je peux entendre le coeur de mon bébé et elle me dis qu'on peut pas, qu'il est trop petit encore à 8 semaines mais me réponds qu'elle ne le voit pas. Je lui demande de répéter et elle me dis qu'elle ne voit pas le coeur ... Houlà ! Là c'est le mien qui va s'arrêter je crois !! Je regarde l'écran, j'examine mon bébé et j'essaie de voir son coeur. Je vois pas bien, les larmes m'embrouillent la vue. Je me dis qu'elle est si maladroite que c'est elle qui est pas spécialiste et qu'elle se trompe. Je ne me souviens plus comment mais j'ai réussi à lui faire dire que selon elle, le bébé en était à 6 semaines. Mais elle me répète que c'est le radiologiste qui va examiner les clichés de l'écho et qui va se prononcer. Elle me dis que je peux me rhabiller et va de l'autre côté du rideau remplir mon dossier. Je m'essuie et j’attrape mes pantalons. Quand je viens pour les mettre, elle ouvre le rideau, sans prévenir, et il y a la porte de la salle qui est ouverte et une secrétaire juste de l'autre côté du corridor. Je suis mal, j'ai mal. Je dis rien, je suis sous le choc, je saigne tellement elle m'a fait mal, je suis triste, je suis seule et inquiète. Quelle connasse quand même !!
Elle me dis que j'aurai les résultats avant 16h00. Je regarde l'heure, il est 14h00 .... Plus que 2 heures à attendre au maximum. Je retourne à la clinique voir le doc. Dans la salle d'attente, il y a des femmes enceintes, des bébés et moi je suis seule et si triste ! Je venais pour me faire confirmer que tout allait bien mais c'est le pire qu'il se passe et je sens que je vais m'écrouler. Le doc me retourne chez moi et dit qu'il va m’appeler quand il aura les résultats. Je tremble et je pleure d’inquiétude en retournant chez moi. L'infirmière me téléphonera à 15h50 pour me dire qu'ils n'ont toujours pas eu les résultats et que je dois faire une prise de sang pour une pds le lendemain matin. Je sens que la terre arrête de tourner. Ça se peut pas là, on est vendredi !! Ça veut dire que je n'aurai pas les résultats de mon écho avant le lundi suivant ?? Je vais faire ma prise de sang le lendemain et l'infirmière me dit avoir écouté la boite vocale sans avoir de nouvelles de mon écho. pfff c'est pas humain franchement !!
Au courant de la journée j'ai un flash. La technicienne m'a mentionné une grossesse de 6 semaines. Bien voilà ! Ça se peut ! Si je suis à 8 sa, ça donne bien 6 sg !! Je me dis que tout est correct et que c'est elle qui est pas habituée. J'essaie de ne pas trop y croire mais j'ai quand même une lueur d'espoir. Je sais plus quoi penser ... On est samedi, et je n'aurai pas de nouvelles avant lundi. Le lundi matin, je retourne faire une prise de sang pour la 2e pds et elle me dit que j'aurai des nouvelles avant 15h00, c'est certain. Rendu à 15h15, je téléphone, j'en peux plus. Je veux savoir !!! Peut importe le résultat mais j'ai besoin de savoir là, toute suite, je peux plus attendre ... La secrétaire lui envoie un message et me dit que l'infirmière me rappellera. Je suis rendue à 3 jours d'attente, incroyable !! Elle me téléphonera vers 16h00 pour me confirmer que ma grossesse est bel et bien arrêtée et que mon taux a chuté de la moitié. Par contre on me dira que le foetus était bel et bien à 8 semaines et non 6. Enfin, je sais. Je suis triste mais je sais. OK mais on fait quoi maintenant ? Elle me dit que la gynécologue de l'hôpital me téléphonera durant la semaine. Quoi ?? On est lundi. C'est long une semaine ! Elle ne peut pas me dire quand. Mon bébé est mort et je dois encore attendre ?? !! Combien de temps, je sais pas
Qu'est-ce qu'on va faire, je sais pas non plus ! Je suis quoi ? Un numéro ...
Le mardi le 22 juillet je me rendrai à l'urgence parce que je saigne de plus en plus mais quand je me fais dire que je devrai attendre toute la nuit, je retourne chez moi. Comment se passe une fausse couche ? Je sais pas. Est-ce que je perd trop de sang ? Je sais pas non plus. Je sais rien merde et on me laisse toute seule, sans information, sans rien savoir. J'ai peur et je suis si triste !
Le lendemain, mercredi, l'hôpital me téléphone à 13h30. La gynéco veut me voir à 15h30. Enfin je vais savoir. Savoir ce qui va arriver et comment. En même temps je veux que mon petit coeur reste en moi mais en même temps j'aimerais bien qu'il en sorte. Je sais plus. Je l'aime tant mais il est mort ! Comme si en le sortant ma tristesse partirait avec lui, ce qui n'est pas le cas bien entendu.
J'irai à ce rendez-vous. Rendez-vous d'horreur !! Jamais au grand jamais, je n'aurai rencontré dans ma vie une personne inhumaine de son espèce ... Lors de son entrée dans le bureau, son stress et sa nervosité sont palpables. J'essaie de lui poser des questions mais elle me coupe la parole sans cesse. Elle semble se défendre comme si je l'attaquait. Quoi ? C'est moi qui vit une situation traumatisante et c'est elle qui est sur ses gardes ? Le monde à l'envers ...
Elle me demande d'aller vider ma vessie avant de me faire une écho vaginale. Lors que je sors de la salle de bain, elle me dis de m'installer. En me couchant je lui dis '' si le foetus a 8 semaines ça veut dire... '' elle me coupe la parole et me dis '' on ne supposera rien maintenant, laisse-moi regarder à l'écran pis on verra après '' ... Elle me dis de descendre les fesses plus au bord et pendant ce temps le lubrifiant qu'elle avait mis sur la sonde est tombé par terre. Elle a levé les yeux au ciel et m'a dit '' tu as mis trop de temps à la salle de bain, c'est pour ça qu'il est tombé ''. Je dis rien, moi et mon chum on se regarde, mais je n'ai pas la force de dire quoi que ce soit ... Elle confirme le foetus a 8 semaines. Je me rhabille, j'oublie de lui demander des photos de l'écho et je le regrette aujourd'hui. Elle me parle de curetage sous rachi (c'est comme la péri) je lui dis j'en veux pas moi, j'ai accouché 3 fois sans parce que j'ai peur. Elle me dis alors ce sera une anesthésie générale. Quoi ?? Je ne veux pas être endormie non plus, dans ma tête ça en vaut pas la peine ! Elle me dit '' de toute façon, faudra voir ça avec l'anesthésiste car c'est pas moi qui décide. La dernière fois que j'ai dis à une patiente qu'elle aurait la rachi, elle a eu autre chose et elle m'a fait une plainte '' . Tellement pas professionnel comme attitude ! Elle me parle d'un médicament a mettre dans le vagin, chez soi. Je lui fais par de mon inquiétude car j'ai fais des hémorragies à mes 3 accouchements. Elle me dis qu'il est possible d'en faire autant qu'il est possible de ne pas en faire. Je lui demande l'intensité des douleurs provoquées par ce médicament, elle me dis autant il y a des femmes qui en ont un peu, autant il y a des femmes qui en ont beaucoup. Jamais elle n'a cherché à me rassurer et tous les scénarios étaient possibles. Mon chum lui a demandé quel est le pourcentage des chances que la fausse couche se fasse naturellement d'elle-même et il s'est fait répondre '' moi Monsieur, je ne me prononce pas et les pourcentages on ne les connais pas ''.
Je suis au bord du gouffre ... Les larmes coulent, les tremblements de peur se manifestent. Je ne vois pas de solution, je demande un délai pour y penser. Elle me dit que je dois me dépêcher à me décider car elle part en vacances la semaine suivante. Je quitte son bureau avec une prescription et en me disant qu'elle ne me verrais plus et qu'elle ne me touchera jamais, quitte à faire 30 minutes d'auto pour aller à une autre hôpital.
Le lendemain, le 24 juillet, j'ai des douleurs et des saignements qui s'intensifient. J'expulserai mon petit coeur à 11h00. J'aurais tant aimé savoir si c'est un garçon ou une fille et pouvoir lui donner un nom. En après-midi, je me rendrai à l'urgence, encore une fois, car en manque de renseignements et tout en ne sachant pas la quantité de sang normale de perdre, j'ai la peur de l'hémorragie qui m'habite.
Après toutes les vérifications nécessaires, on me confirmera que l'expulsion a été complète et que le sang perdu ne me causera pas d'anémie.