Mon petit papillon

Bonjour,

J'ai fait la connaissance de mon petit papillon, Baptiste, le 29 mai 2017. J'avais appris 3 jours plus tôt qu'il avait pris son envol.


Tout a commencé en janvier, lorsque j'ai appris que j'étais enceinte alors que j'avais un stérilet... J'avais déjà 3 enfants. Après un temps de réflexion nous avons décidé de poursuivre la grossesse... S'en est suivi la mise en vente de notre maison parce que ça allait commencer à être trop juste pour nous 6.

Tout va bien, nous sommes heureux. Nous attendons que la grossesse soit bien avancée pour l'annoncer à la fratrie. Puis vient ce fameux vendredi... En consultation chez ma sage-femme, elle ne trouve pas le cœur... Je ne m'inquiète pas, je l'avais senti bouger le matin même ! J'arrive tout sourire à la maternité, persuadée que mon coquin était mal positionné pour que l'on puisse entendre les battements de son cœur.

Un sage-femme me reçoit et me reconnaît, je l'avais déjà vu pour ma précédente grossesse. Il commence à poser la sonde sur mon ventre... Ca dure... Il me dit qu'il va chercher une collègue... Je comprends mais je ne veux pas y croire... Les minutes s'écoulent... Ils sont là tous les 2, assis au bout du lit sur lequel je suis installée. C'est long... puis j'entends "je suis désolé, c'est fini...". Je plonge dans une souffrance atroce...

Je vais tout de suite faire une échographie plus poussée. Là on me dit que l'arrêt du cœur est vraiment très récent. Je l'avais donc bien senti la nuit dernière ! Je n'avais pas rêvé. L'échographie montre une malformation cardiaque qui a entrainé un retard de croissance de 2 semaines.

Puis on me parle d'autopsie, de prise en charge du corps, du choix de donner un prénom, d'accouchement, de déclenchement... j'écoute mais je ne comprends rien. Je tombe dans le vide.


Je porte mon enfant mort pendant 3 jours. J'ai besoin de ces 3 jours pour intégrer qu'il va s'en aller bien trop tôt. On me déclenche le lundi 29 mai. Tout est allé très vite. J'ai fait une hémorragie alors que le col refusait de s'ouvrir malgré les contractions. Tout à coup je tombe à 6/3 de tension, panique à bord. On m'ouvre le col manuellement pour que mon bébé puisse naître. Le placenta sort en petit bout. On me pose une rachi-anesthésie en urgence (j'avais refusé la péridurale) puis je subis une révision utérine.
Je suis ailleurs pendant l'accouchement. Je suis avec mon enfant qui rejoint le ciel. Je pleure énormément mais je ne souffre pas physiquement malgré la violence de l'accouchement. Mon cerveau est déconnecté. 

J'ai pu voir et porter mon fils quelques minutes... Le papa qui ne souhaitait pas le voir m'a finalement rejoint. Je le trouve beau ! Tout petit mais tout beau ! 

Voilà, c'est fini, notre 4ème enfant est un ange qui a rejoint les étoiles. 


J'ai accouché à 21SA. Au début de la grossesse l'échographe avait décalé la date de conception d'une semaine. Or je suis sûre de moi, c'était la 1ère date la bonne, mais à l'époque je n'avais pas insisté, ça me paraissait anodin ce changement de date. Sauf que si on avait gardé la 1ère date, j'aurai accouché à 22SA et j'aurai eu droit à un congé maternité... J'ai du mal à l'accepter, par rapport à la reconnaissance que donne le congé maternité.

C'est difficile pour mes enfants, enfin surtout pour les grands (ils ont 5 et 7ans, le petit a 2 ans).

Gros bisous volants à tous nos anges... 
Je t'aime très fort mon petit papillon !

Coccinelle, je suis navrée de cette terrible épreuve. Doublée de l'injustice de ne pas voir l'administration reconnaître votre Baptiste !
A quelques jours prêt... C'est injuste.

As tu déjà le rapport d'autopsie ? D'ailleurs l'a tu accepté cette autopsie ?
Savoir; même pour apprendre "cause indeterminée" c'est important !

Sache qu'ici nous avons toutes un trou dans  le cœur. Nous sommes toutes passées et passons par des phases difficiles. Alors si un jour tu ressens le besoin d'exprimer de la colère, de la rage, du chagrin, de la culpabilité... Viens en parler ici !

En dehors des psy et de quelques rares proches, tu va malheureusement découvrir que nombreuses sont les personnes qui ne te comprendrons pas et qui attendrons de toi que tu soit la même que celle que tu était avant la perte de Baptiste.
Soit égoïste, soit franche avec toi même. Ne te plie pas a ce que la société et les gens attendent de toi. Bat-toi pour tes enfants, pour l'honneur et l'amour de ton ange, pour ton mari, pour toi-même, mais ne laisse pas les autres te dicter ce que tu dois faire : tu es la seule a savoir ou tu en es dans ton deuil.
Prend tes décisions pour toi, pleure quand tu en as besoin et si les gens détourne le regard alors c'est eux qui doivent avoir honte.

Nous sommes ici des oreilles et des yeux attentifs. Et surtout ici personne ne juge.

Merci beaucoup Madly. En effet, au niveau des proches pour beaucoup je devrais déjà avoir tourné la page !! J'ai envie de parler de Baptiste, mais même avec mon mari c'est difficile... il n'en parle jamais. 

Il va surtout falloir que j'apprenne à penser à moi et pas aux autres. C'est quelque chose que je ne sais pas faire.

Pour l'autopsie, vu que nous connaissons déjà la cause probable (malformation cardiaque) nous l'avons refusé.

Je viens de me rendre compte que j'ai fait un doublon de post avec un autre dans la catégorie "général". Je ne me souvenais même plus que j'avais déjà raconté mon histoire... désolé.

Ne soit pas désolée du doublon petite coccinelle: c'est important de mettre des mots sur ton histoire et ta souffrance. Tu le dis "j'ai envie de parler de Baptiste" : fais le, n'aie pas de crainte. De mon côté ça a été dur mais j'ai "osé" en parler à mes parents et mes proches. C'est difficile de le faire, comme si les mots contenaient des échardes, sans parler des  chutes du Niagara qui arrivent sans prévenir !

Mais une fois que c'est fait, ça a fait tellement de bien! Martin a existé, il a un prénom et on parle de lui. Avec tristesse mais on parle de lui.

Portes toi bien

Merci

Petite Coccinelle,

Autour de toi, après même pas 1 mois, tes proches voudraient que tu ais tourné la page ? N'est-ce pas une demande de déni ? C'est horrible de penser ça... Et quoi, ils pensent peut-être que tu es même à nouveau enceinte ? (permets-moi l'ironie sur le sujet).
Les gens n'ont pas conscience de notre peine et bien, moi, une personne bienveillante m'a dit : "tu as le droit d'être triste, et le jour où tu le seras moi, c'est que tu auras accepté ce départ !" ça prendra dès lors le temps que ça prendra... la vie est injuste mais la société l'est tout autant

Aimons-les nos anges et faisons-les vivre à travers nous même si leur absence nous est pesante