Bonjour à tous,
Voici mon témoignage. Je vais avoir du mal à faire ça court. Cela fait 3 semaines que j'ai perdu mon bébé. Voici comment le tout a débuté. J'avais 38 ans presque 39, j'ai toujours voulu avoir un enfant mais mon chum n'a jamais voulu en avoir. Cela fait 3 ans et demi que nous sommes ensemble. Je respectais son choix même si ce n'était pas facile pour moi. Un moment donné nous avons eu des rapports sexuels sans condom et je suis tombé enceinte à ma plus grande joie et à ma plus grande surprise car je n'étais pas du tout certaine d'être fertile puisque je n'avais pas mes règles à tous les mois mais bien quelques fois par année mais ces dernieres années c'était souvent aux 2 mois. J'avais déjà consulté à l'époque et on m'avait dit que je pouvais ovuler chaque mois quand même. Mon chum a eu tout un choc mais bon je voulais lui laisser le temps de se faire à l'idée. Puis il a fini par être heureux de la situation et même à avoir hâte que le bébé arrive.
Puis à 4 mois, lors d'une échographie, juste avant l'amniosynthèse, voilà qu'on décèle une grave anomalie chez mon bébé. Ca s'apelle une emphalocèle géante. Le foie est complètement sorti du ventre de mon bébé dans un genre de kyste par dessus son ventre. Si je décide de garder le bébé, il aura à subir plusieurs opérations qui s'échèleronneront entre quelques jours et quelques semaines. L'opération peut bien se dérouler mais l'enfant peut avoir des séquelles comme peut-être que non. Le choix me revient de garder ou non le bébé mais on me suggère d'attendre 1 mois car au bout d'un mois lors d'une autre échographie, ils vont en savoir plus long et ça me permettra de commencer à réfléchir en même temps.
Dès que nous avons eu cette nouvelle, le plus difficile a été la différence d'opinion entre mon conjoint et moi. Mon conjoint, c'était clair qu'il ne voulait pas s'embarquer dans ça. Moi, je me disais que s'il y avait quelque chose à faire, pourquoi ne pas continuer ma grossesse et risquer le tout pour le tout. Le spécialiste m'a dit qu'il y avait 1 chance sur 3 que le bébé soit trisomique. Au cours du mois d'attente nous avons appris qu'il n'était pas trisomique. La décision de mon chum ne changeait pas, j'aurais tellement souhaité qu'on me dise que le bébé était trisomique afin que la décision soit plus facile à prendre pour moi . J'ai eu l'appui de tellement de collègues, amis, parentés que ça a fait du bien à travers cette épreuve. Il y avait des moments où j'allais pas pire et d'autres moments, pas du tout. j'ai consulté des témoignages sur internet de parents ayant eu un enfant avec ompalocèle, plusieurs bébés ont eu des séquelles et ça été très durs pour les parents. Bref, je fini peu à peu par me ranger à l'idée de mon chum même si la décision me parait pénible. Mon chum veut être père mais pas à n'importe quel prix. Il veut qu'on se reessaie.
Au bout d'un mois, je retourne donc pour une autre échographie. La médecin croit que le bébé a quelque chose au coeur mais elle n'en est pas certaine. Je vais donc pour une échographie cardiaque mais le bébé n'a rien. Rendu à cette étape, encore une fois, j'aurais souhaité que le bébé ait un autre anomalie afin que la décision ait été plus facile à prendre pour moi. Quelques jours plus tard, je rencontre donc le spécialiste puisqu'il voulait me revoir au bout d'un mois car il en saurait plus. Il ne savait absolument rien, c'est même moi qui lui a appris des choses. Il m'a demandé quand était ma dernière échographie et si j'avais eu les résultats. J'en revenais pas. Ensuite, il consulte une note que mon médecin lui a laissé. Il m'explique que mon bébé présente une 2e anomalie. Après m'avoir expliqué en quoi ça consistait, voilà qu'il me dit qu'il se peut qu'il fasse erreur de dossier et qu'il doit absolument parler à mon médecin pour en être davantage certain. On attend alors 1 heure dans la salle d'attente pour se faire dire qu'il n'y a pas erreur de dossier mais qu'on est certain de rien pour la 2e anomalie et que pour le savoir je devrai attendre encore 1 à 2 mois. Déjà que le mois d'attente a été très long et que je ne me voyais pas attendre encore 1 à 2 mois, je choisis alors l'arrêt de grossesse mais je suis fâchée car j'aurais aimé avoir plus de détails pour appuyer ma décision et qu'elle soit plus facile. J'ai pris la décision pour des raisons médicales mais aussi, je dois l'avouer, en grande partie pour préserver mon couple. Mon couple va très bien mais je ne crois pas qu'il aurait survécu à ce genre d'épreuve à la longue.
L'arrêt de grossesse se passe donc moins d'une semaine après mon dernier rendez-vous, après 5 mois de grossesse. Je suis entré à l'hôpital le 10 décembre. La douleur des contractions provoquées par des médicaments vaginaux étaient insupportables. Il s'est écoulé 2 heures entre le moment où j'ai appuyé sur le bouton pour qu'on vienne me soulager et entre le moment où on m'a installé une pompe (1h30 car la résidente ne savait pas quelle dose me donner, elle apellait son supérieur et ne le rejoignait pas et 30 min de plus parce qu'on ne trouvait pas la pompe). J'ai eu mon petit garçon vendredi le 11 décembre à 3h du matin.
Je ne savais pas à l'avance si je voulais le voir ou non. Le personnel hospitalier m'ont dit que c'était préférable de le voir car ça adait au processus du deuil. Je l'ai donc serré 5 minutes dans mes bras, il n'était pas tout à fait décédé, mon conjoint sentais un léger poul. J'ai demandé à mon bébé de me pardonner. À ce moment très précis, à tort ou à raison, je me suis sentie très égoïste dans mon choix et j'ai évidemment beaucoup pleuré. On m'a demandé aavant ou après, je ne sait plus, quel nom on voulait lui donner. Je ne savais pas qu'on me demanderait ça, le nom qu'on avait choisi était pour un autre bébé lors d'une prochaine grossesse à terme. Je décide donc que si on nous redemande cette question, que ce sera Jimmy, comme dans la légende de Jimmy qui dit: Je t'aimerai à travers toi. Si on a un autre bébé un jour, on va aimer notre premier bébé quand même à travers l'aute bébé même si un bébé est unique et qu'aucun ne peut se remplacer. Bref, on ne m'a pas redemandé la question. Ils ont écrit quelque part: Bébé Lévesque (le nom de famille de mon conjoint).
Par la suite, on m'a dit de prendre mon temps pour bien faire le deuil. Sur le coup, je me suis dit que pendant que je prenais ma décision entre le 4e mois et le 5e mois, j'avais fait mon deuil petit à petit et que là je ressentais un immense soulagement que tout ça soit terminé.
Par contre ma réaction je l'ai fait 1 jour après être sorti de l'hôpital. Je pensais que le moral était bon et en allant au restau avec mon chum, je me suis mise à pleurer sans pouvoir m'arrêter dans le restau et depuis ce temps, cela me prend très souvent, que je sois seule ou dans un lieu public. Le pire a été le 24, 25 déc et 31 déc et 1er janvier. J'ai beaucoup de peine d'avoir laissé partir mon bébé. J'aurais préféré que ce soit un accident et que je le perde plutôt que d'avoir eu la pénible responsabilité de prendre une telle décision. Je me sens coupable d'avoir décidé d'enlever la vie à mon bébé. J'aimerais être heureuse mais en même temps, je me dis que je ne mérite pas d'être heureuse même si mon entourage me dit que j'ai pris la bonne décision et que dans les circonstances, ils auraient pris la même décision que moi vu les responsabilités que cela engendrait d'avoir un enfant malade. Je suis allé à la messe dernièrement mais j'aimerais discuté avec un curé, s'il me dit que Dieu me pardonne, je sens que je pourrai aller de l'avant. Mon chum veut qu'on se reessaie dans quelques mois, j'ai peur de ne pas retomber enceinte, j'ai maintenant 39 ans et j'ai peur de revivre ça une 2e fois quand je lis des témoignages de gens ayant vécu ça plus qu'une fois...