Suis-je la seule?

Bonsoir,



Je vis présentement une situation que je trouve assez difficile et je voulais savoir si j'étais la seule à me sentir de cette façon. Cela fait maintenant 18 mois que j'ai accouché d'Elliot. Il est mort-né à la suite d'une pré-éclampsie sévère à 24 semaines de grossesse. Ma collègue de travail et très bonne amie vient d'avoir un bébé. Tout au long de sa grossesse, je voyais qu'elle essayait de ne pas trop m'en parler pour ne pas que j'aie de la peine mais vu que nous passions environ 8h par jour ensemble à cause du travail, c'était un sujet difficile à éviter. De toute façon, je comprenais qu'elle vivait un moment heureux et je voulais être là pour elle. En fait, le plus difficile, ce sont plutôt les autres au travail qui parlait constamment de grossesse aux pauses et aux diners. Bref, elle a accouché il y a deux semaines et je suis allée la voir à deux reprises. Mais je trouve cela extrêmement difficile. J'ai de la peine de voir toutes les choses de bébé dans la maison, sa joie d'être maman, sa vie qui a changé, le bonheur et la fierté du papa, les amies qui viennent lui rendre visite,etc. Je me sens tellement seule. C'est une de mes meilleures amies et j'aurais tellement voulu être là pour elle, l'aider. Normalement, j'aurais passé le plus de temps possible avec elle et le bébé, j'aurais été folle de joie d'avoir la petite dans mes bras, on aurait fait des activités ensemble,etc. Mais là, je ne me sens pas capable. On dirait que lorsque j'entre chez elle, ça me met dans la face tout ce que je n'ai pas et que je ne suis pas sûre que je pourrai avoir un jour. Je suis partagée entre la colère et la jalousie et je trouve ça effrayant. Suis-je la seule à trouver ça difficile de fréquenter des proches qui ont un bébé? Peut-être faudrait-il que je finisse par décrocher après 18 mois...Mais comment?



Merci de m'avoir lu



Emilie

Personnellement, je pense qu'avec le temps, petit à petit, tu apprivoiseras le bébé, la situation et tout ce qui va avec. Si c'est trop dure, prends du recul, mais je pense qu'en faisant un petit pas chaque fois, ce sera moins difficile.



J'ai vécu une situation semblable avec la petite de ma voisine, qui a pratiquement l'âge qu'aurait mon ange. Mais c'est ma voisine! Je me suis parlé, je me suis botté les fesses et j'ai parlé avec ma voisine. J'ai réussi à prendre la petite et maintenant, je trippe dessus! Elle est tellement cute et joufflue et elle sourit tout le temps. Je l'ai apprivoisée en même temps que j'apprivoisais ma peine, ma douleur, ma peur...



Donne-toi du temps face à cette situation nouvelle.



Bonne chance!

Je suis de l'avis de Mélipou,

mais non, tu n'es pas la seule car je vis la même chose et je suis encore très isolée et ne sors que dans des endroits ou je sais qu'il n'y aura pas trop de femmes enceintes ni celle avec un petit garçon.. Et je crois que le temps (le maudit temps..) aide beaucoup..



Je t'envoie du courage
Alexe

Merci, vous avez sans doute raison...

J'ai ressentis ça moi aussi , car l'une de mes amies était enceinte en même temps que moi , nos enfants auraient 10 jrs d'écart
C'est très dure de voir l'autre petit bout grandir et pas le sien !
Le jour où sa petit puce a fait ses 1er pas , j'ai cru que j'allais péter un cable tellement ça m'a touché, mon ange ne les ferai jamais ...
Sincérement , j'ai tourné cette page et j'ai été beaucoup moins attentive à tout ça que quand je suis tombée enceinte de mon petit bébé espoir ...
Je te souhaite qu'un jour tu retrouve le bonheur

isabelle

bien sur que non tu n'es pas seule a avoir de telles sentiments,c'est normal lorsque l'on voit le bonheur de ces femmes qui nous sont proche.

Comment ne pas le envier et ressentir de la colère,alors qu'elle ont tout?

On a toutes a un moment donné quelque chose qui nous rappelle ce manque de notre ou nos bébés.C'est également le cas dans ma famille.Je fais ce que je peux et quand c'est trop dur je préfère m'isoler et laisser sortir le chagrin.Peut-etre que ça m'aide.

Je pense également qu'il faut te laisser du temps et d'avancer a ton rytme,sans te faire du mal.

Bon courage

Pensée a ton ange

Je suis d'accord avec Melipou, tu avances un pas a la fois c'est déja cela de gagné.. et je te confirme tu n'est pas la seule à vivre cela...

On a toutes nos moments où les plus belles choses au monde nous font *&"$/!!! Mais il faut se rapeller que nous sommes en vie, moi c'est ca qui m'a aidé.

Au début, lorsque j'ai perdu Zack, je me suis sentie comme si le monde faisait exprès de me faire vivre tout ca. Tout ce a quoi je pensais c'était aux p'tites adolescente qui se font mettre enceinte pour avoir un "bébé trophé" ( du genre, bon maintenant que je l'ai, j'ai le status de maman, je peux maintenant le faire garder tout le temps et me plaindre que j'ai perdu ma jeunesse et aller clubber...)
Dans le fond, j'en voulais à ces filles qui ne se rendent pas compte qu'un enfant c'est précieu, je leur en voulais d'y avoir droit alors que moi qui en prenais soin, je l'avais perdu. Je n'en veux pas a celle qui ont leur enfants jeune, j'ai eu mon premier a 18ans, mais j'ai tout mit de coté pour mes enfants. Et sans rancunes, sans regrets, sans me plaindre.

J'ai eu de la difficulté à voir des bébés pendant un bout de temps, mais maintenantquand je vois des bébés, je me dis que oui, Zack me manque, mais l'amertume est disparue pour laisser place à la file que j'était, qui s'extasie devant la beauté du monde, malgre tout.

c'est complétement normal et même après 18 mois, je pense...18 mois, c'est tellement récent encore!

Alors que mon métier était de m'occuper de bébés (assistante maternelle agréee), je suis tout bonnement incapable de reprendre mon activité à la fin de mon congé parentale pour ma 3 ème.

Quand je croise un bébé, je change de trottoir, mes filles ont l'habitude, elles m'avertissement même, elles comprennent bien mon incapacité à vois ces bébés, car même si j'ai mon bébé en permanence à l'esprit et que c'est évidement pas leur présence qui me le rappelle, cela me renvoie dans la face que je suis sans lui, moi, que je n'ai plus cette chance de l'avoir dans les bras...que je ne le connaîtrai jamais grandir...C'est cette injustice aussi.



Au tout début après sa mort...je continuais à aller au parc à côté de l'école tous les jours...je le faisais pour mes filles biensûr, pour ne pas bouleverser encore plus leurs vies mais très vité, ela était vraiment trop dur de voir autant de bébés et de femmes enceintes au mètre carrés, j'ai cessé d'y aller, ma psy m'a encouragé dans ce sens, m'expliquant que déjà, je maintenais le cap pour mes filles, que je continuais à être une mère disponible, aimante qui assumait tout (j'ai tj élevé mes enfants seule) malgrès son immense peine...et qu'il fallait pas que je me culpabilise pour elles, au contraire, qu'il fallait que je me protège, que c'était trop dur pour le moment de voir ces bébés, qu'il fallait que je respecter le temps qu'il me faudrait...



Le mercredi, elles font de l'équitation dans un grand parc parisien, du coup, elles profitent bien après des jeux, des manèges...même si ce n'est plus tous les jours avec le petit parc en plus...Nous allons dans des parcs plus vastes le week end où je peux "échapper" aux bébés...et continuons de fréquenter tout de même les endroits où l'on peut en voir...la plage, en juillet, il suffisait de décaller nos affaires ensuite...la piscine l'année, entre deux bassins, c'est simple d'éviter aussi puis je regarde pas...la bibliothèque, il y'en a pas souvent, le théâtre, musée, cinéma, c'est pareil...les courses, malheureusement, je change de rayon assez souvent pour rien, juste pour éviter les bébés...je me sens "bête" parfois mais je ne le suis pas, je me préserve.



j'appréhende un peu la rentrée, ma ville est vide au mois d'août, il y'en a évidement mais moins, j'ai pû d'ailleurs faire profiter ma petite du parc pd que mes grandes sont chez leur père...il me tarde tellement qu'elles reviennent mais je sais aussi que le monde va rentrer et que les trajets d'écoles (8 par jour) ne vont pas être de tout repos (psychologiquement parlant) car foule de bébés...



Nous sommes toutes différentes, certaines ne sont pas trop sensible à ça comme Aurore par exemple mais ma psy m'a dit que c'était le plus courant et l'infirmière de la chambre mortuaire que j'ai revu il y'a peu m'a dit la même chose, elle, elle en recontre des mamans qu'elles revoient ensuite parfois...



je me dis aussi que lorsque l'on a un espoir...peut être voyons nous les bébés des autres différemment...même si l'enfant suivant ne résoudra pas ce si gros malheur qui nous ait tombé dessus...cela peut sans doute aidé par rapport à cette "nevrose"...si j'ose dire.



Tendre pensée à ton ange et tendre calin à mon amour de bébé

Merci beaucoup, vous me faites beaucoup de bien!

je n'ai pas lu tous les commentaires, je dirais que tu es normale.
C'était pareil pour moi, des amis avaient eu leur fille en avril et d'autres en juillet.
La petite d'avril j'avais pas pu la regarder dans son berceau lors d'un repas entre amis peu après mon accouchement. L'amie qui a accouché en juillet m'a rendu visite le jour même de l'annonce du décès d'Ethan, quand son fils est né elle était étonné de me voir le prendre dans mes bras. J'avoue je m'étais un peu forcé de peur de trop sombrer dans les refus, tout comme re-rentrer dans la chambre bébé préparée pour Ethan.

Ces réactions sont tout à fait normales pour nous toutes, on doit tellement absorber de mauvaises choses que la joies des autres devient insupportable même si on est heureux pour eux.

Cerise je suis maintenant aussi Assistante Maternelle je devais commencer en 2007 à me lancer, il m'a fallu 3 bonnes années pour franchir le pas! je me sentais incapable de garder des tout petits chez moi, j'étais aide à domicile aussi donc chez eux mais dur à vivre aussi (petit de 4 mois seulement 3 mois après l'accouchement puis chez une femme enceinte pour m'occuper de la grande)bref le sort s'est acharner sur moi comme pour dire "tu es capable"...mais jusqu'où je tiendrai ???(insuffisance ovarienne, adoption en cours...)

Merci!

Sentiment effectivement de frustration, de jalousie...

Ma meilleure amie a eu son p'tit garçon 9 mois avant Jules et ma cousine 6 mois avant (je suis d'ailleurs la marraine). C'est très difficile de les cotoyer et de se dire que notre petit devrait être là aussi.

Alors on se renferme, on ne le fait pas montrer quand on les voit, mais on s'en crève le coeur... La vue de femmes enceintes, de nouveau-né est difficile également.

Malheureusement ce sentiment est, je pense, normal! Et d'un autre côté, comme je le dis souvent, on ne peut en vouloir à personne...