Depuis mon inscription l’an dernier
sur ce site, j’avais lu plusieurs témoignages, mais je n’avais rien écrit. Malgré ma douleur et ma peine, j’avais
l’impression que les autres mamans avaient vécu bien pire que moi, même si les
sentiments au bout du compte se ressemblent énormément.
En janvier 2008, à l’âge de 29 ans,
je suis tombée enceinte lors du premier mois d’essai. Le médecin trouvé ne pouvant me recevoir
avant 17 semaines, le premier contact avec mon bébé s’est fait au prénatest. Tout était parfait, même qu’on m’a prédit un
garçon, exactement ce que nous espérions.
Étant enseignante en adaptation scolaire avec une classe difficile, on
m’a mise en retrait préventif. La
grossesse rêvée! Aucune inquiétude, de
l’énergie jusqu’à la fin, j’ai accouché à terme le 3 octobre d’un magnifique
garçon de 9lbs2.
Un deuxième enfant était
éventuellement souhaité, mais nous voulions nous consacrer environ deux ans à
notre Alexis avant de penser à un autre.
Finalement en août 2010, me voilà enceinte, encore une fois du premier
coup! Facile! Cependant, quelques semaines après la bonne
nouvelle, j’ai eu de légères pertes de sang qui ne m’ont pas particulièrement
inquiétée. Ça ne pouvait pas mal
aller... Je me sentais particulièrement
fatiguée le lundi 20 septembre, alors j’ai pris congé. Des maux de ventre se sont manifestés en
après-midi et l’infirmière d’Info-santé m’a conseillée de consulter le
lendemain. Les douleurs se sont accentuées
en soirée et j’ai fait une fausse-couche.
Complètement bouleversée, je n’arrivais pas à croire ce qui
arrivait. Le lendemain à l’échographie,
il ne restait plus aucune trace de grossesse.
Le taux d’hormones dans le sang était si faible qu’on n’a pas pu savoir
depuis quand le développement s’était arrêté.
Comme j’avais déjà vécu une grossesse normale, il n’y avait aucune
raison pour que cela se reproduise. Tout le monde me disait que la prochaine
fois serait la bonne. J’ai dû faire tout
de même difficilement le deuil de mon petit bébé de printemps, comme je
l’appelais.
L’année suivante, nous avons repris
les tentatives. Cette fois-ci, il nous a
fallu trois mois pour concevoir notre bébé.
Quel bonheur en ce 19 octobre 2011 de voir un beau test positif! Nous étions confiants et très heureux: nos
petits auraient 3 ans et 8 mois d’écart, ce qui nous semblait parfait. Malheureusement, j’ai remarqué une lègère
perte de sang au travail le 8 novembre.
Cette fois-ci, ce fut l’angoisse immédiate. J’ai appelé mon médecin qui m’a fait venir
dès le lendemain matin. Il m’a mise au
repos et envoyée faire une prise de sang, puis une deuxième 48h plus tard. J’ai dû attendre après le congé du jour du
Souvenir pour obtenir les résultats: selon l’infirmière la grossesse se
poursuivait bien. Mais je n’étais pas
convaincue. Sans connaître les douleurs
de la fausse-couche de l’année précédente, les pertes de sang n’allaient pas en
s’améliorant. On m’a finalement prescrit
une échographie le 17 novembre, où le médecin n’a constaté aucune activité
cardiaque... Toutes les mesures
indiquaient 6 semaines, mais selon mes calculs j’arrivais à 9... J’étais dévastée... J’espérais tellement qu’il y ait une erreur,
mais j’avais beau retourner le calendrier dans tous les sens, le bébé aurait
été conçu après mon test positif... On a
pris la décision de prendre le Cytotec deux jours plus tard. Je m’attendais à ressentir de forts maux de
ventre, mais non. Lors de l’échographie
de contrôle, je croyais que tout serait encore en place et que je devrais subir
le curetage, mais il ne restait plus rien.
Il est parti en douceur... On a
beau essayer de se consoler en se disant qu’on est chanceux d’en avoir déjà un,
ça demeure épouvantable... Que c’est
mieux en début de grossesse, qu’au moins je tombe facilement enceinte, la
douleur et la peine ont du mal à s’estomper...
Même si c’est sans doute mieux ainsi, qu’il devait être mal formé, le
coeur d’une maman qui espérait ce petit bébé se retrouve encore une fois en
mille miettes... Tout ce qu’on avait
imaginé s’est envolé... Et seules les personnes ayant passé par là semblent
pouvoir comprendre.
À travers ce processus, je suis
heureusement tombée sur une gynéco qui m’a envoyée passer des tests, même après
deux fausses-couches alors que mon médecin parlait d’après trois. Rien n’a ressorti, mais elle m’a tout de même
dit de revenir la voir dès que je retombais enceinte et qu’on essaierait la
progestérone.
Aujourd’hui, presqu’onze mois après
la perte de ce deuxième bébé, je suis enceinte de 14 semaines. Est-ce que les prometrium, aspirine et
synthroid y sont pour quelques chose?
Dur à dire, mais même si bébé semble bien aller (j’ai eu 4 échos jusqu’à
maintenant, dont le prénatest), c’est encore difficile pour moi de me
réjouir. Je me sens comme une intrus
dans le monde des femmes enceintes, comme si ça pouvait s’arrêter à tout
moment. Je suis tellement loin de ma
première grossesse, en émotions et en état général! Mais le premier trimestre laissant sa place
au deuxième, je vois l’énergie revenir peu à peu et l’espoir d’un beau bébé en
santé reprendre tranquillement le dessus...
Hier au magasin, mon fils de 4 ans a
choisi un pyjama pour son hypothétique future petite soeur: je n’ai pas pu
résister et je l’ai acheté, émue par mon adorable petit garçon... en attendant
ce beau petit bébé de printemps...
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