Je suis si fatiguée..et si triste

Catherine c'est un deuil périnatal que tu vis, ce n'est pas un deuil comme les autres, c'est un deuil qui draine toute notre énergie, chamboule notre vie, et met tout à l'envers dans notre cœur et notre tête. Tout ce que tu vis en ce moment fait partie de ce deuil. C'est épuisant, handicapant et pire que tout, alors qu'on a besoin de compréhension et de soutien, c'est souvent mal reconnu par ceux qui nous entourent.

Chacune d'entre-nous avançons à notre propre rythme, selon différents paramètres de notre propre histoire. Mais d'avis général, il me semble que très rares sont les mamanges qui ont su rebondir et se retrouver pleinement dans le cours de leur vie seulement 4 mois après la mort de leur tout petit. Quatre mois ça peut te paraître long, mais en fait, c'est très court pour "aller mieux". La tristesse qui s'abat sur toi, cette phase du deuil que tu traverses, pour la dépasser il n'y a pas d'autres choix que de la vivre en l'extériorisant. Lorsque tu les sens venir, laisses pleurer toutes les larmes de ton corps et lorsqu'il n'y a plus de larmes, exprimes par des mots parlés, écrits, chantés, dessinés, toute la tristesse, la colère ou la peur que tu ressens au fond de toi. Car ces émotions que tu ressens sont réelles, elles s'accumulent en toi, et elles doivent d'abord sortir pour pouvoir t'en libérer. Ce n'est qu'avec leur expression et le temps qu'elles finissent par s'apaiser et laisser place à plus de joie dans ton quotidien.

Bien souvent l'entourage ne comprend pas que notre douleur puisse durer autant de temps. Et sous l'influence de cette incompréhension, nous sommes nous-mêmes "contaminé" par la pression de vouloir avancer vite dans le deuil pour pouvoir nous retrouver. Car nous-mêmes, nous ne nous aimons pas comme nous sommes aujourd'hui. Nous avons l'impression d'être si faible. Notre douleur peut être si handicapante au quotidien. Nous devenons très rapidement irritable. Si mauvaise parfois que nous ne nous reconnaissons plus, nous ne nous sentons plus capable de rire, d'aimer, de venir en aide aux autres, d'être bonne amie, bonne maman, bonne fille, bonne tante, bonne travailleuse,... Mais ce n'est qu'avec le temps et l'avancée dans le deuil que l'on retrouve petit à petit notre capacité d'être meilleure et de nous reconnaître à nouveau.
Alors, laisses-toi la possibilité de constater ton avancée en te laissant tout le temps qu'il t'est nécessaire pour la réaliser. Mais aujourd'hui laisses parler tes émotions, car c'est à travers leur expression que tu avances.
Le travail du deuil c'est justement dans un premier temps, d'arriver à extérioriser ces émotions de tristesse, colère et peurs. C'est aussi raconter et se re-raconter l'histoire de son petit ange et ce que l'on a vécu avec lui. Cette histoire a l'air si peu, si insuffisante, pourtant elle est si précieuse et elle garde une grande importance dans notre "bibliothèque intérieure". Le travail de deuil nous permet d'intégrer l'histoire de notre petit ange dans notre propre histoire de vie. Intégrer, c'est réussir à ne plus se voir comme "avec un creux, un vide", mais se voir comme "avec un plein" (ce plein, c'est l'histoire cousue au fil d'or de notre petit ange dans notre vie). Et puis arrive un moment, où l'on se libère de nos regrets, où l'on pardonne et on accepte que l'histoire de notre enfant n'a pas été telle que nous l'aurions voulu... J'en suis encore loin pour ma part, mais j'essaie.

D'après ce que tu as écris tu fais tout pour prendre soin de toi et avancer dans ce travail. Tu n'hésites pas à te faire aider, à t'exprimer, à échanger sur ce site de partage, à te faire soutenir par une aide psy, et à rechercher des explications dans tes lectures. Gardes confiance que tu avances et que même si le chemin est long vers le mieux-être tu es sur la bonne voie.

Après cette longue lecture, j'aimerai t'envoyer par la pensée un peu de la force qu'il te faut pour avancer à ton rythme vers le mieux-être, mais je sais que c'est Scarlett qui va te donner cette force positive.

Douces pensées pour ta belle Scarlett.