Bonjour Stéphanie,
Je suis profondément désolée et triste de ce qui est arrivé à Félix.
Ça fera seulement 2mois demain que je suis maintenant mamange et je suis effarée par le fait que constamment de nouvelles mamanges atterrissent sur ce site. À chaque fois je me dis « Déjà une autre? Mais c’est trop vite. Quelle injustice!! »
Mon histoire est différente de la tienne et nous attendons encore toujours les résultats préliminaires de l’autopsie pour comprendre pourquoi le cœur de notre fils s’est arrêté de battre comme ça au beau milieu de l’accouchement (cf témoignage « Ma colombe s’est envolée sans bruit… »). En même temps, je constate en lisant le témoignage des autres mamans que le fait d’avoir une réponse n’apaise que dans de rares cas la souffrance ressentie.
En atterrissant ici, j’ai également recherché à m’immerger des histoires les plus semblables aux miennes. J’imagine qu’en fouillant un peu sur ce site, tu trouveras toi aussi, même si ce n’est pas exactement pareil. La seule chose que ça m’a permis de découvrir, c’est que ce dénouement de ma grossesse que je considérais tellement irréel est malheureusement très possible, que d’autres enfants se sont également volatilisés sans raison apparente à la toute fin de leur terme alors que leur santé était impeccable pendant 9 longs mois. Bref, que ce sont des choses qui arrivent. Ce que je me refusais à croire.
La mort d’un enfant est l’un des plus grands deuils qui existent dans ce monde. Ça va contre le sens de la vie. Le nombre de semaines de grossesse ne change rien à l’intensité de la souffrance. Ces enfants étaient déjà en vie et déjà nous les aimions. Ils étaient si petits mais déjà ils nous aimaient aussi. Alors prends le temps de vivre ta souffrance des manières qui te conviennent. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise manière. Comme je l’ai dit à d’autres, maintenant c’est toi qui est la reine (et ton/ta partenaire également) et il n’y a que toi qui sait réellement ce qui est bon pour toi. Je dis ça parce qu’on devient rapidement submergée de conseils de part et d’autre sur la façon dont on devrait vivre les choses.
Depuis un mois, je vois une travailleuse sociale du CLSC. J’ai fait une demande pour en voir une sans trop savoir ce qu’elle pouvait m’apporter. La seule chose que je voulais (et que je veux encore malgré moi), c’était que mon fils revive à nouveau. Mais j’ai demandé de l’aide pareil. Et j’ai la chance de voir une femme spécialisée en deuil, et elle comprend vraiment tout ce que je suis en train de vivre. Si tu songes toi aussi à avoir un coup de main de l’extérieur : n’hésite pas. Pour l’instant, ces ressources publiques existent encore. Dans une grande tragédie comme celle-là, même les couples les plus unis, les plus solidaires, les plus compréhensifs et les plus respectueux finissent par vivre des moments où ils ne se comprennent plus. Mon chum, c’est mon meilleur ami, mon support, mon confident et mon allié depuis si longtemps. Mais j’ai fini par comprendre que deux personnes en train de se noyer en même temps finissent souvent par caler ensemble lorsqu’elles tentent de s’aider mutuellement.
Demain, c’est le réveillon de Noël. N’oublie pas que c’est toi la reine et que tu as le droit de vivre les prochaines journées de la manière qui te convient le mieux. Et que tu as le droit de changer d’idée à la toute dernière minute.
Toutes mes pensées pour toi, ta famille et Félix. Bon courage,
Cathx