Bonjour mustbe,
Je suis également très triste de t’accueillir ici.
Oui, pour nous dont c'est le premier enfant qui nous a quitté et ce avant ou peu après la naissance, nous sommes effectivement devenus parents les bras vides. Mais oui, nous sommes bien mamans, et ne laisse personne te faire penser le contraire! Nous sommes devenues mamans dans ce qu’il y a de pire et uniquement de pire : jamais nous n’avons pu prendre notre enfant dans les bras, jamais ou si peu avons-nous croisé son regard et entendu son souffle, ses pleurs, ses cris, ses gazouillis. Jamais nous n’avons ressenti le bonheur d’avoir un enfant sain et sauf collé contre nous.
Mais oui nous sommes parents. Parce que comme tous les autres parents, nous sommes liés par l’amour à nos enfants. Toute cette tristesse, toute cette colère, toute cette jalousie, ce sont les marques que nous laisse aujourd’hui notre amour pour notre enfant.
Quand il me vient des moments où je suis trop désemparée, je tente de me rappeler, de sentir de nouveau le temps où Laurent était bien en vie et au chaud dans mon ventre. Ses petits pieds que j’essayais déjà de chatouiller au-delà de mon ventre, son petit bedon et son grand dos que je caressais déjà. Et j’essaie de sentir de nouveau tout l’amour qui nous unissait déjà lui et moi. Cet amour, Laurent me l’a légué avant de partir. C’est maintenant la seule chose qui me reste de lui. Et malgré la mort qui nous sépare, je tente chaque jour de faire grandir cet amour qui nous unit. Comme le ferait n’importe quelle maman. Car je suis fière d’avoir été la maman de Laurent, même si j’aurais tellement espéré que son avenir soit autre que celui qu’il a hérité cet automne…
Prend le temps de réaliser les événements qui se sont dernièrement produits. Prend le temps de vivre chacun des états d’esprit et chacune des émotions qui vient t’immerger. Être en deuil n’est pas quelque chose d’amusant en soi. Plusieurs pensées et émotions qui nous traversent peuvent paraître indignes ou anormales, mais malheureusement il en est ainsi. Elles finiront tranquillement par disparaître d’elles-mêmes. Mais tout cela prend du temps, beaucoup de temps, et encore du temps. Il faut se donner le temps. Après ce que nous avons vécu, en avons bien le droit.
Pour garder la tête hors de l’eau, je te conseille de tenter de faire à chaque jour au moins une chose, une activité, qui te fait du bien, qui te procure un semblant de bien-être. Au moins juste une. Ça permet pendant un tout petit moment de se reconnecter avec soi-même. Et non ce n'est pas de la trahison envers notre enfant envolé. En tout cas, ça ne reste qu’une suggestion. L’important reste de t’écouter toi-même.
Toutes mes pensées pour Mohamed. Je te souhaite beaucoup de force et d’amour pour les temps à venir.