Une troisième petite poussière d'ange que je n'arrive pas à laisser partir...

Plus d’un mois s’est écoulé depuis ma dernière fausse-couche, depuis ma troisième fausse-couche. Devant ce vide immense, je me demande si on finit vraiment par accepter… Comment parvenir à retrouver cette paix intérieure.  Le silence des gens, l’impuissance de ces professionnels que l’on rencontre, le désespoir face à ce rêve qui me semble aujourd’hui inatteignable… L’incompréhension de mon entourage face à cette peine qui m’habite et me ronge. Deux enfants en santé, ça devrait être suffisant? 

Et il y a eu ces moments, ou je me suis entendue répéter ces phrases qui ne font aucun bien, qui ne berne que les individus qui n’ont jamais rien vécu… « C’est correct, je sais que la vie continue »… « Physiquement, je vais déjà mieux »… « J’ai déjà deux enfants en santé, c’est correct »…

Autrefois, j’ai eu l’impression d’avoir la vie devant moi … aujourd’hui, j’ai l’impression que le compte à rebours est commencé… Que les jours sont comptés … On me parle de FIV, parce que les autres alternatives, elles ont été épuisées.

Depuis cinq ans, je vis à travers les hauts et les bas de l’infertilité… Je vis entre les traitements de stimulation ovarienne, les grossesses, les fausses-couches… Je vis à travers cette anxiété de ne pas arriver à devenir mère une nouvelle fois. Je vis à travers ce sentiment d’échec qui m’habite. Je vis avec ce vide immense qui me ronge chaque fois qu’une petite poussière d’ange a décidée de quitter son petit refuge…  Je vis de bonheur partagé, mitigé… Heureuse de voir les gens autour de moi vivre ces grands moments de bonheur, heureuse de tenir leur enfant dans mes bras. Puis, il y a cette réalité à double sens qui me frappe. Cette douleur de ne pas savoir si je revivrai ces instants un jour… Il y a ce petit pincement au cœur qui, chaque fois, me rappel ces pertes… Me rappelle que j’ai porté la vie cinq fois… Et que trois fois, c’est la mort qui a fini par m’habiter…  La mort, cette fatalité qui nous rattrape tous, nous attrape parfois beaucoup trop vite. Je veux donner la vie… pas porter la mort.

                Faire le deuil de la maternité, c’est ce que je tente aujourd’hui d’amorcer.  M’écouter je me battrais jusqu’au bout, à travers les injections et la FIV… Malheureusement, je dois aussi être à l’écoute de mon conjoint, pour qui, cette étape n’est pas envisageable. Comment lâcher prise… comment arriver à accepter cette réalité. Je suis fatiguée… émotivement épuisée. J’ai besoin d’un moment de répit, mais je ne parviens pas à l’accepter. J’ai besoin d’une pause pour retrouver la solidité qui m’a habité autrefois. J’ai besoin de prendre du temps pour pleurer ma peine… pour accepter de la laisser partir… et pour laisser s'envoler cette petite poussière d’ange… J’aurais besoin qu’on me dise que tout va bien aller… J’aurais besoin de croire que tout va bien aller… Je voudrais redevenir cette maman heureuse qui a eu la chance de mettre au monde deux enfants en santé...