Après près de 9 mois angoissants, Annabelle s'est enfin pointé le petit nez, qui est loin d'être pointu!
Le 11 septembre dernier, j'en étais à 37 semaines et 6 jours de grossesse. Déjà tannée, écoeurée, trop grosse et enflée, mais bon, je devais attendre jusqu'au 17 septembre d'être déclenchée. Je me suis réveillée, il était près de 12h 45 le matin. J'étais pour faire mes insomnies habituelles, mon ventre prenant trop de place pour être confortable de dormir. Je me sentais un peu bizarre. J'avais besoin de m'étirer. Alors, je m'assois (de peine et de misère, bien sûr) sur mon lit. Mon petit Odin gris était sur le bord de la fenêtre. Quand il m'a vue bouger, il est venu me voir, pour se faire caliner un peu. Je me penche donc pour lui donner des flatouille. Mais voilà! Minuit 45, la piscine olympique déborde, tout éclate!!! "Yan, c'est maintenant que ça se passe!". Il ne se l'est pas fait dire deux fois. Il était déjà raide comme une bord dans le lit, à se pencher sur la flaque pour s'assurer que c'est bien mes eaux qui ont crevés! (Non mais, quand est-ce qu'on va arrêter de douter de ma vessie!). Ça n'a pas été long, j'étais aux toilettes, à changer de bobettes et à mettre une super Maxi serviette trop épaisse et pas assez absorbante. Pendant ce temps, mon amoureux, le sourire fendu jusqu'aux oreilles appelait l'hôpital pour leur anoncer notre arrivée.
En deux temps trois mouvements, les bagages étaient prêts, les chats nourris et nous montions dans l'auto. Ça y est, on est parti. Annabelle va arriver bientôt. En route, pas de contraction... Bon, tant mieux, je n'aime pas tellement avoir mal! Arrivée à la maternité, l'infirmière me demande si je suis certaine que ce sont mes eaux qui ont crevés. Je lui ai dit de demander à mes pantalons, tout trempés et à la serviette de bain qui servait à protéger mon siège de voiture! Mais elle a quand même tenu à ce que je lui laisse ma serviette sanitaire, pour vérifier! Pas de problème, elle est innondée!
Il est maintenant 1h 30 le matin. Nous attendons les médecins. La salle d'accueil qui était vide à notre arrivée est maintenant pleine. Les 4 ou 5 lits sont pleins! Le résident en gynécologie arrive donc. Il vérifie mon col. Vous êtes à 4 cm madame! Wouhou!!! J'aurai pas besoin d'attendre pour l'épidurale! Sauf que je n'ai pas vraiment de contractions. Il me demande ce que je souhaite. Soit on déclenche les contractions par la médication, soit on attend que tout commence tout seul, pendant la journée. Attendre encore???? Non merci! Je suis dû pour être déclenchée de toute façon! Go, les médicaments! Mais je suggère tout de même de me donner l'épidurale avant le synto. Pas de problème madame, on vous transfère dans une chambre et on appelle l'anesthésiste.
Dans la chambre, on s'installe, notre infirmière, une perle, arrive. Elle m'installe mes compagnons d'accouchement, soit mes poteaux. Un pour l'insuline, un pour le dextrose et un pour le synto. L'anesthésiste arrive. Il trouve la soirée tranquille. Mais pendant qu'il me parle et commence à installer l'épidurale, sa pagette s'en donne à coeur joie. Césarienne d'urgence, autres accouchements... Hi,hi,hi.
Bon, l'épidurale est installée, mes pieds commencent à engourdir, cool, tout va bien. Sauf que là, je commence à avoir franchement mal au coeur. Je savais que j'avais de la difficulté avec le médicament, mais d'habitude, c'est plus tard que je suis malade! Bon, je vomis, je ne feel pas et en plus, le coeur du bébé tachycarde. Elle se tient à 175-180 et ce, pendant un 22 minutes complet. Moi, je suis gelée jusqu'aux joues. Donc, on arrête un peu l'épidurale pour laisser redescendre. Après ce fameux 22 minutes, les choses se replacent. Ouf. On part le synto. Mais voilà, je commence à sentir les contractions. Au moins, elles ne font pas mal et j'aime mieux ça. Au moins, bébé à son battement régulier dans les 140-150 et moi, je ne suis plus malade.
Vers 7h 45, l'infirmière vérifie mon col. 5 cm... Pas fort ben ben, puisque je suis là depuis 1h 30 et qu'en plus, je suis sur le synto. "Yan, va te chercher à déjeuner, ça risque d'être long et t'es pas obligé d'être malade pour moi!". Voilà, il part. Plus tard, je sens encore les contractions, mais rien ne fait mal. Donc, c'est correcte. Mais là, j'ai comme une envie, une envie de #2... J'avertie l'infirmière qui trouve ça bizarre. Elle vérifie mon col... Voyons, y'en a plus! Elle fait venir la résidente qui vérifie aussi. "Bon, vous êtes prête madame!" Déjà??? Mais ça fait juste une demi-heure, j'étais à 5! Une chance, Yan arrive sur l'entrefait. Il voit plein de monde, changement de shift, résidents qui installes les étriers. La gynéco en chef arrive. Ouf! J'avais demandé à ce que ce ne soit pas un résident qui m'accouche. La résidente sort quelques minutes pour faire quelque chose.
Sauf que là, la boss demande à ce qu'on la rappelle... Mais non, pas le temps, c'est là, le bébé est prêt à sortir! "Peu importe qui est là, prends des gants, le bébé arrive!". Bon, 10 minutes de poussés, pas pire!
Moi qui a toujours eu peur d'avoir un bébé à moumoute. La doc me dit, avant que le bébé sorte: "Wow, ça ben des cheveux ce bébé!". Et moi de répondre: "Dites-moi pas ça, je vais arrêter de pousser!". Mais voilà, 8h 24, Annabelle se point le bout du nez, toute mauve et graisseuse, mais si jolie en même temps!!! Un beau bébé de 7lbs madame! Pas pire pour une diabétique! 20 pouces 3/4! Je pouvais bien avoir les poumons compressés!
Alors voilà, le 11 septembre, ce n'est pas une si mauvaise journée! Annabelle est venu nous prouver, à son papa et à moi, ainsi qu'à tout le monde autour qu'après un drame aussi grave que la mort, la vie est toujours possible.
Depuis maintenant 13 jours, Annabelle nous fait sourire. Jacob est toujours là. Il veille sur sa soeur, j'en suis certaine. Souvent, en regardant notre pitounette, on pense à notre garçon. La nostalgie est belle et bien présente, mais au moins, l'envie de vivre est revenue, autant pour Yan que pour moi.
Merci Jacob, merci Annabelle.