Cela fait 2 ans que mon premier bébé Raphaël est décédé dans mon ventre après 6 mois de grossesse.
Ces deux années sont passés vite et lentement à la fois.
Les premiers mois ont été atrocement durs.
Tous les matins, se réveiller, se souvenir et sentir un poignard se planter dans son cœur.
La douleur en apprenant chaque naissance dans son entourage, la jalousie en apprenant les grossesses des autres, la difficulté à voir tous ses bébés vivants dans la rue.
Les questions sans réponses, pourquoi nous ? pourquoi ????? Qu'ai je mal fait ?
Les réponses de l'autopsie qui n'en sont pas vraiment. Un bébé normal. Mais pourtant il n'est pas là dans mes bras....
Le soutien de mon mari, notre amour plus fort que cette épreuve.
La fuite pendant quelques mois à la Réunion. Une fuite qui n'empêche pas la douleur mais qui permet aux temps de faire son oeuvre.
La peur de ne jamais avoir d'enfants vivants.
Puis la grossesse espoir avec son lot d'angoisses, de peur mais cette petite envie d'y croire aidé par les mamans du forum. Une grossesse encore compliquée d'un placenta praevia, je ne sais pas faire les choses simplement.
La naissance de Juliette, en pleine santé. Un rayon de soleil dans notre vie.
Et maintenant, 2 ans après...
Je pense toujours autant à Raphaël mais différemment. Nous avons enfin récupérer les photos de notre ange. Nous avons fait un album souvenir écrit à la façon d'une histoire raconté par Raphaël sur la grossesse, les minces souvenirs et avec les photos de lui changées grâce à un logiciel en dessin car les photos sont un peu choquantes du fait de sa peau très abîmée puisqu'il était mort depuis 3 jours. Nous pourrons montrer cet album à nos enfants le moment venu.
Pour le moment, je n'en parle pas à Juliette. Ce n'est qu'un bébé, c'est trop tôt. Je veux qu'elle sache parler avant de lui raconter l'histoire de son frère pour qu'elle puisse poser des questions et nous dire son ressenti.
Pour l'entourage, seuls mes parents et une amie m'ont envoyé un message le 12 août cette année. Je ne pense pas que les autres ai oubliés mais peut-être qu'ils n'osent juste pas en parler. J'essaie de me mettre à leur place et je me dis que moi je n'oserais peut-être pas. Après tout, je n'envoie pas de messages à mes amis le jour des anniversaires de décès de leurs parents ou grands-parents.
Est-ce que j'ai changé depuis ce tragique mois d’août 2012 ?
Difficile à dire. Je suis moins patiente je crois. Je suis beaucoup plus compatissante aux (vrais) malheurs des autres par contre.
Je suis une meilleure maman suite à la perte de Raphaël je crois. Je fais passer ma fille avant tout et je prends chaque seconde passée avec elle comme un cadeau. Je ne suis pas sûr que j'aurais ressenti ça avec Raphaël si tout s'était bien passé car je n'aurai peut-être pas su à quel point la vie est précieuse.
Avec mon mari, ce n'est pas tous les jours facile. Cette épreuve nous a renforcés les premiers mois mais affaiblis ensuite car jusqu'à la naissance de ma fille, il y a eu bcp de stress, de fatigue, de peurs. Mais on s'aime toujours autant.
Suis-je heureuse ? Oui, je le suis. Grâce à ma fille surtout. Elle ne remplace pas son frère. Mais elle apporte tout le bonheur qu'un enfant donne à ses parents. Elle a eu 9 mois, elle est toujours souriante, très sage, fait craquer tout le monde, très expressive.
J'aimerais d'ici 1 ans et demi, repartir ds une nouvelle grossesse. Mais rien que d'y penser, je suis terrifiée. Juliette adore tellement les autres enfants, je ne peux pas la laisser fille unique. Mais ça va être encore très stressant. Mes 2 grossesses ont eu des complications et même si la deuxième c'est bien finie, il y avait un risque suite au placenta praevia.